Le terme d'artériosclérose est un terme assez imprécis qui ne fait plus vraiment partie du vocabulaire médical, et est souvent employé à tort pour athérosclérose. D'une façon générale, le terme "sclérose" désigne la dégénérescence fibreuse d'un tissu. Avec l'âge, les tissus qui constituent les artères perdent leur élasticité et se "sclérosent". C'est donc le vieillissement des artères qu'on peut appeler "artériosclérose", et il se produit plus rapidement chez les patients qui souffrent d'hypertension artérielle non traitée. En fait l'atteinte des artères est loin de se faire d'une seule façon :
l'athérome ou maladie athéromateuse est le dépôt de plaques à base de cholestérol sur la paroi interne (appelée intima) des artères de gros et de moyen calibre ; parfois c'est la tunique élastique moyenne (appelée media) des artères qui se calcifie en premier (médiacalcose) ; dans des cas plus graves (anévrisme d'origine athéromateuse) les trois tuniques (la tunique externe s'appelle l'adventice) sont atteintes. Enfin il est fréquent de constater, notamment chez les patients ayant une hypertension artérielle, des rétrécissements et des oblitérations des petites artérioles (les artérioles sont les dernières ramifications à parois musculo-élastiques de l'arbre artériel, juste avant d'arriver aux capillaires) notamment de l'encéphale (l'encéphale est la partie du système nerveux central qui se trouve à l'intérieur de la boîte crânienne : hémisphères cérébraux, cervelet et tronc cérébral) d'où le terme de "cérébrosclérose" qui n'est actuellement jamais employé.
C'est l'ensemble de ces manifestations qu'on désignait sous le terme d'artériosclérose, avec peut-être une tendance à y englober implicitement plutôt les atteintes des petites artérioles.
Je pense que Haydn souffrait d'hypertension artérielle, comme beaucoup de ses contemporains ayant atteint un âge avancé, et qu'il avait des lésions des artères et des artérioles cérébrales, qui étaient devenues suffisamment importantes pour diminuer vraiment ses capacités intellectuelles (car les patients peuvent avoir des performances quasi intactes avec déjà des atteintes artérielles significatives, surtout s'ils ont toujours eu une activité intellectuelle intense). Les lésions dans ce cas sont dues à l'oblitération d'artères de petit calibre (on parle alors de "lacunes") ou bien de moyen calibre, lésions qui induisent un manque d'oxygénation des neurones de certaines régions de l'encéphale.
Par ailleurs des détériorations intellectuelles peuvent avoir des causes multiples autres que vasculaires, et l'"artériosclérose" n'en est qu'une des causes les plus fréquentes (la maladie d'Alzheimer n'est pas d'origine vasculaire).
Dans un autre ordre d'idée, je pense que Mendelssohn et sa sœur souffraient d'une hypertension artérielle sévère (et apparemment familiale, peut-être associée à de petits anévrismes artériels cérébraux, d'origine congénitale cette fois) qui fut la cause d'accidents cérébraux hémorragiques précoces dans leur cas ; il s'agit là de complications directes de l'augmentation de la pression du sang dans les artères et de lésions cérébrales liées à l'extravasation du sang hors des vaisseaux, et non au manque d'apport oxygéné.
Bien entendu les possibilités thérapeutiques étaient nulles à ces époques.