La
symphonie n° 81 en sol majeur fait partie d'une série de trois (comportant la n° 79 en fa majeur et la n° 80 en ré mineur) composées durant l'année 1784, peu de temps probablement après la création d'
Armida, dernier opéra composé par
Joseph Haydn à Eszterhazà. Haydn n'ayant plus d'opéra en chantier peut se consacrer à la musique instrumentale et sa production symphonique augmente de façon significative avec pour l'année 1785 la composition des trois premières symphonies Parisiennes. La symphonie n° 81 est écrite pour le quintette à cordes, une flûte, deux hautbois, deux bassons et deux cors.
Le premier mouvement
Vivace 4/4 est très original. Après un accord sabré par tout l'orchestre, le thème principal piano débute avec un
fa becarre étrange tenu au dessus de batteries de croches des basses. La suite très brillante, conformément à cette lumineuse tonalité de sol majeur, comporte des motifs tournoyants aux violons ainsi que des rythmes pointés caractéristiques. Le second thème insouciant et spirituel aboutit aux barres de reprises. Le développement, très long et varié, met en jeu plusieurs motifs de l'exposition et en particulier les premières notes du thème initial auquel Haydn ajoute des dissonances singulières (1) dont l'effet est amplifié par une orchestration subtile. Après cette démonstration d'originalité impliquant le premier thème, Haydn, symphoniste génial, évite ce dernier lors de la réexposition qui est profondément modifiée par rapport à la première partie. Le premier thème revient cependant de façon très spirituelle dans la coda et le mouvement s'achève tout doucement.
Un
thème varié,
Andante 6/8, tient lieu de second mouvement. Le thème a un caractère hymnique très émouvant. Désormais une sensibilité germanique se manifeste dans les mouvements lents de Haydn, tandis que les influences italiennes très nettes dans les oeuvres de jeunesse ont tendance à s'estomper. La première variation ne s'écarte pas beauoup du thème. La variation mineure surgit brusquement et le thème est réduit à l'essentiel, une série d'accords puissants, afin d'obtenir un maximum d'intensité expressive. La quatrième variation est une délicate broderie du premier violon. Dans la cinquième variation, l'orchestration est somptueuse, le thème est principalement à la flûte, les hautbois interviennent par de poétiques échos et les cordes accompagnent par des pizzicattos.
Les vents très actifs donnent au
menuetto un caractère très piquant et beaucoup d'humour. Le trio est particulièrement original avec des effets de vielle par le violon, un vrai crin-crin de village accompagnant un joli thème de laendler aux bassons.
Le finale
allegro assai 2/2 débute par un thème partagé entre les basses et les violons. Ce thème est omniprésent pendant l'exposition mis à part un épisode en triolets qui joue un peu le rôle de second thème suivi par d'amusants
rythmes lombards aboutissant à une cadence (2). Le développement utilise le thème principal, un rythme issus du premier thème et le motif en triolets. Ce dernier passe par des modulations dramatiques. Lors de la rentrée le premier thème fait l'objet d'un nouveau développement. Trois accords énergiques mettent un point final à ce mouvement très travaillé.
(1) Apparemment les dissonances et audaces harmoniques de Haydn ne semblent pas avoir effrayé ses contemporains. Il n'en fut pas de même avec Mozart dont les fantaisies harmoniques irritèrent au plus haut point certains auditeurs de ses quatuors dédiés à Haydn.
(2) Rythmes lombards
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