Au cours de l'année 1773, Joseph Haydn compose quatre symphonies, la n° 50 en ut majeur, n° 51 en si bémol (solo du cor), n° 64 en la majeur (
Tempora Mutantur), n° 65 en la majeur (1,2). La trilogie géniale des symphonies n° 45 en fa# mineur (Adieux), n° 46 en si majeur et n° 47 en sol majeur marquait en 1772 l'apogée du style "
Sturm und Drang" (orage et tension). En 1773 le mouvement
Sturm und Drang commence à perdre de sa force dans l'oeuvre de Haydn, si les
extraordinaires symphonies n° 51 (solo du cor) (3) et
n° 64 (
Tempora mutantur) (4) que nous avons examinées restent encore dans cette mouvance artistique, les symphonies n° 50 et 65 s'en échappent complètement et offrent un visage tout différent. La
symphonie n° 65 en la majeur garde toutefois encore une instrumentation minimale comme ses devancières avec le quintette à cordes, le basson doublant les basses, deux hautbois et deux cors (2).
Le premier mouvement
Vivace con spirito 4/4 débute comme uns
sinfonia ouvrant un opéra par trois accords sabrés par l'orchestre (Cf sinfonia
Orlando paladino), cette introduction est suivie par le premier groupe de thèmes comportant un premier motif doux exposé par les violons et un motif forte très rythmé énoncé par les basses. Après une répétition de ce premier groupe apparaît le second sujet, ce dernier assez développé est d'un grand charme mélodique et aboutit aux barres de reprises. Le développement élabore successivement les deux motifs du premier groupe de thèmes de façon très ingénieuse et lors de la réexposition s'articule sur le second thème, éliminant ainsis le premier groupe de thèmes. Le second thème reparait une dernière fois avant la fin du mouvement. La construction de ce mouvement de sonate est tout à fait inhabituelle et rappelle celle des symphonies antérieures à 1761 (pré-Eisenstadt).
L'Andante 3/8 en ré majeur est un des mouvements lents les plus originaux de Haydn. Il consiste en une alternance de trois motifs, un motif principal comportant un triolet de doubles croches exposé par les violons presque totalement à découvert au caractère interrogatif, une première réponse par les vents sur un rythme de marche et une deuxième réponse consistant en un unisson assez sinistre des cordes dans leur registre grave. Ces trois motifs se succèdent avec des contrastes sonores spectaculaires et donnent l'impression d'un
récitatif accompagnant une scène dramatique ou bien un ballet. Nulle part dans l'oeuvre de Haydn on a cette impression qu'une histoire est contée avec des moyens purement instrumentaux.
Autre mouvement très original, le
menuetto est remarquable par son
instabilité rythmique, débutant comme il se doit en ¾, il évolue rapidement vers un rythme plutôt 4/4. Très difficile de danser le menuet dans ces conditions! Ce menuet m'évoque la
musique populaire hongroise. Le menuet est suivi par un trio en la mineur réservé aux cordes seules. L'ambiguité rythmique reprend de plus belle dans ce trio très remarquable par sa
couleur modale. De plus ce trio évolue constamment piano.
Le finale
Presto 12/8 est une
chasse débutant comme il se doit par un énergique appel des cors auxquels les violons répondent timidement. Tout au long du morceau on a l'impression que les cors tentent de réveiller les violons. On l'aura compris ce morceau spirituel et plein d'humour vise essentiellement à distraire et se termine comme il avait commencé par une puissante sonnerie des cors.
Ce mouvement devrait être aussi connu que le finale de la symphonie n° 73 La Chasse.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/3/3f/IMSLP31741-PMLP72192-Haydn_Sinfonia_Hob_I_65__A.pdf(3)
https://haydn.aforumfree.com/les-symphonies-f1/symphonie-n-51-en-si-bemol-majeur-fabuleux-solo-de-cor-t287.htm(4)
https://haydn.aforumfree.com/les-symphonies-f1/symphonie-n-64-en-la-majeur-tempora-mutantur-t124.htm