Trio en ré mineur opus 120 pour piano, violon et violoncelle. Achevé en 1923, un an avant la mort du compositeur, il fait partie des toutes dernières oeuvres de Gabriel Fauré. Alors que le trio en la mineur de Ravel, datant de 1914, regarde vers l'avenir, le trio de Fauré est une oeuvre essentiellement classique mais d'une grande profondeur.
Ecrit au départ pour la clarinette, cette dernière est ensuite remplacée par un violon et c'est sous la forme d'un trio pour piano, violon, violoncelle que cette oeuvre est généralement jouée. Très curieusement, l'ambitus de la partie de violoncelle est peu étendue, cette partie ne descend pratiquement jamais au dessous du Do2 et peut donc être jouée par un alto. Selon moi, ce trio aurait été pensé pour piano, clarinette et alto ce qui a du sens vu que Mozart puis Schumann, deux musiciens adulés de Fauré, écrivirent des merveilles pour cette formation.
Allegro ma non troppo 3/4 en ré mineur. Il débute piano au violoncelle (ou alto) par un sujet de fugue d'une longueur inaccoutumée. Le thème est ensuite répété par le violon toujours en ré mineur (et non à la dominante la mineur comme cela est le cas lors d'une fugue régulière) et richement harmonisé. Le second thème en fa majeur contraste par son instabilité tonale avec le premier. Le magnifique développement combine les deux thèmes.
Andantino 4/4 en fa majeur. Il débute innocemment avec un thème très chantant mais bientôt Fauré nous emmène dans un dédale de modulations complexes. J'ai essayé d'aller aussi loin qu'il est permis, confie le compositeur à propos de son quatuor à cordes, oeuvre d'esprit très proche de ce trio, composée l'année suivante..
Allegro vivo 3/8 en ré mineur. Ce mouvement est plus extraverti que les précédents et ne manque ni d'humour, ni de fantaisie, ni même de clins d'oeil….On reconnaîtra une citation textuelle: Ridi, Pagliaccio e ognun applaudirà! (Ris donc Paillasse et tout le monde applaudira) de l'air le plus fameux du célèbre opéra de Leoncavallo.