Parmi les symphonies de Michael Haydn, j'ai une affection particulière pour la symphonie n° 18 en ut majeur MH 188 (P10).
Elle fut composée en août 1773. A cette époque Joseph Haydn sortait tout juste de sa crise de "Sturm und Drang" qui laissait encore quelques stigmates dans sa symphonie en la majeur n° 64. Wolfgang Mozart revenait lui de son troisième périple en Italie et n'avait pas encore composé sa symphonie n° 25 en sol mineur KV 183 (octobre 1773).
Aucune trace de "Sturm und Drang" dans la symphonie n° 18 de Michael Haydn. Très richement instrumentée, elle compte en plus des cordes, des hautbois et des cors, une trompette, deux cors anglais et deux tambourins (ou timbales?) (1). Sa durée est proche de 45 minutes
Un thème possédant un éclat, un brillant extraordinaire ouvre le premier mouvement Allegro molto 4/4. Quel panache dans ce début! D'emblée les cors anglais se font entendre et apportent de la gravité et de la solennité au propos. Il s'agit d'un morceau de sonate dont l'exposition est particulièrement développée et comporte les deux thèmes classiques. Le développement relativement court débute par un thème nouveau au lyrisme généreux. La présence de cet épisode magnifique n'ayant pas grand chose à voir avec ce qui précède suffit pour différencier ce morceau de toute la production symphonique de Joseph Haydn (2). La réexposition est un peu écourtée mais terminée par une longue coda pleine de feu.
Le superbe Andante avec ses reprises dure plus de quinze minutes. Il est basé sur un beau thème solennel. On y entend des solos de cors anglaistrès développés. La sonorité de ce morceau est envoûtante surtout dans sa deuxième partie qui débute avec un passage très dramatique.
Le menuetto allegretto est particulièrement original et magistralement orchestré. Le trio en mineur est remarquable par ses harmonies étranges qui évoquent fortement le folklore d'Europe Centrale.
Le Finale Vivace 2/2 est une structure sonate à deux thèmes dont l'orchestration est très originale. A divers moments de l'exposition les thèmes sont accompagnées par des roulements de timbales pianissimo et des tenues des cors dans leur registre grave d'un superbe effet. Le très beau développement est entièrement basé sur le début du thème initial. La réexposition est notablement modifiée. Une courte coda termine cette oeuvre imposante.
Ce chef-d'oeuvre témoigne de la personnalité unique de Michael Haydn. Cette symphonie ne ressemble pas du tout aux symphonies contemporaines de Joseph Haydn ni, à mon humble avis, aux symphonies passées et à venir de Wolfgang Mozart.
(1) Marc Vignal, Michael Haydn, bleu nuit éditeur, 2008.
(2) Chez Joseph Haydn, à ma connaissance, le développement est généralement construit à partir de thèmes ou de motifs de l'exposition.