La Finta Giardiniera (La Fausse Jardinière), dramma giocoso, musique de
Pasquale Anfossi (1) et livret de
Giuseppe Petrosellini, fut crée au
Teatro delle Dame di Roma en 1774 (2). Quelques mois plus tard,
Wolfgang Mozart composa un dramma giocoso sur le même livret et avec le même titre et l'oeuvre fut donnée à Munich en 1775. Tandis que
La Finta Giardiniera de Mozart fut accueillie avec un succès mitigé, celle d'Anfossi fit une brillante carrière.
Joseph Haydn la monta à Esterhazà en 1780.Argument. Violante, autrefois amante du Comte Belfiore, a été poignardée par ce dernier et laissée pour morte. Ayant survécu, elle est entrée au service du Podestat, Don Anchiso, comme jardinière sous le nom de Sandrina. Toujours amoureuse du Comte, elle part à sa recherche sous ce déguisement. Le comte d'autre part courtise Arminda, une dame noble dont le jeune chevalier Ramiro est amoureux. Apprenant les projets du Comte, Sandrina s'évanouit tandis que le Comte feint de ne pas la reconnaître. Lors d'une rencontre entre Sandrina et le Comte, cette dernière lui raconte qu'elle a survécu à ses coup, Ramiro apparaît alors avec des soldats pour arrêter le Comte. En accusant ce dernier du meurtre de Violante, le chevalier espère ainsi éliminer son rival. Sandrina révèle qu'ele est en fait Violante à la compagnie stupefaite et prend la défense du Comte. De son côté Arminda dévorée par la jalousie fait enlever Sandrina et la fait cacher dans un bois obscur. Apprenant la nouvelle de l'enlèvement de Sandrina, Ramiro prend la tête d'une troupe et part à sa recherche. On la découvre dans une grotte obscure. Malgré les manigances du Podestat et d'Arminda, Sandrina (Violante) et le Comte s'avouent leur passion et Arminda, résignée, accepte de s'unir à Ramiro.
Une intrigue alambiquée qui a le mérite de réserver quelques situations franchement comiques ou alors dramatiques.
Style. Anfossi révèle dans cet opéra qu'il est un musicien très habile. Sans s'encombrer de fioritures, il va droit au but et mène l'action tambour battant. Si Sandrina et le Comte concentrent une bonne part de l'action dramatique, le couple Arminda et Ramiro apportent une intéressante touche de style seria tandis que Serpetta et Nardo sont typiquement bouffes. L'harmonie est très simple, la structure des airs est le plus souvent basée sur une strophe répétée une fois avec de faibles variations, les ensembles sont peu nombreux et le plus souvent homophones, la caractérisation des personnages sommaire. Le principal attrait de l'opéra réside dans un grand nombre de fraiches mélodies, l'orchestration claire et efficace ainsi que
la parfaite adéquation de la musique au texte.Sommets. La sinfonia d'ouverture plus neuf séquences (une heure de musique) sont disponibles (3). Parmi ces dernières:
Acte I
Aria de Ramiro:"Se l'augellin se n'fugge" (si l'oiselet s'enfuit). Aria de type napolitain avec
da capo. On admire l'aisance et le naturel des vocalises. La reprise de la première partie (da capo) est discrètement variée.
Aria de Nardo: "
A forza di martelli" (Par la force des marteaux).
Air d'un dynamisme et d'une force remarquables. On peut travailler le fer avec un marteau, tailler le marbre avec un burin, mais avec les femmes ça ne marche pas ainsi!
Acte II
Aria de Sandrina "
Una voce sento al core" (j'entends une voix dans mon coeur). Un sommet de l'opéra, air "à deux vitesses", la première partie au tempo modéré est accompagnée d'un hautbois et d'un basson obligés. Un magnifique partie de cor agrémente la seconde partie au tempo plus allant. De jolies et discrètes vocalises émaillent
un air d'un grand charme mélodique.Aria de Serpetta: Serpetta et Nardo, tous deux serviteurs nouent parallèlement une idylle. "
Chi vuol godere il mondo" (Qui veut jouir du monde...) est un air très simple dont la musique est d'une merveilleuse vocalité. La strophe unique est répétée avec de discrètes variations ou ornements.
Acte III
Aria de Ramiro. Ramiro personnage d'opéra seria a trois airs à son actif. Deux sont avec da capo, le troisième "
Va' pure ad altri in braccio..." (Va t'en donc dans les bras d'autres!) a une structure strophique plus simple mais est remarquable par son caractère dramatique.
Duetto et choeur final. "
Tu mi laschi idol mio.." (Tu me laisses, mon idole). Duo d'amour classique de l'opéra bouffe et seria de la seconde moitié du 18ème siècle. Musique très simple, les chanteurs chantent le plus souvent à la tierce ou bien dialoguent. A la fin on entend d'amusants trilles des flûtes imitant des chants d'oiseaux.
(1)
http://haydn.aforumfree.com/baroque-classicisme-et-romantisme-f6/pasquale-anfossi-1727-1797-t390.htm(2)
http://www.italianopera.org/compositori/A/c21693310.htm(3)
https://www.youtube.com/view_play_list?p=736C2E0188589B01