La Sonate n° 39 en ré majeur (Hob.XVI.24) est la plus belle et la plus variée de la série de six sonates composées en 1773 qui comporte les sonates n° 38 en fa et n° 40 en mi bémol que nous avons déja considérées.
Le thème de l'Allegro initial est chantant, élégant et ornementé. Il revient trois fois au cours de l'exposition et on en s'en plaint pas car on ne se lasse pas de l'écouter. Le développement est basé essentiellement sur un motif de transition présent dans l'exposition. Ce motif est traité avec fantaisie et liberté et donne lieu à de très belles modulations. La beauté mélodique de ce mouvement donne un démenti cinglant aux propos de certains détracteurs de Haydn qui critiquent de façon péremptoire la qualité de ses thèmes. Marc Vignal évoque Mozart à propos de ce mouvement. Personellement je ne sens pas du tout Mozart dans ce morceau..
Après un court mais très émouvant Adagio en ré mineur, le Presto final est la partie la plus spectaculaire de cette sonate. Ce morceau ne peut se comparer, à mon humble avis, à aucune autre oeuvre contemporaine. On pense plutôt à une Bagatelle de Beethoven. Ce mouvement d'une coupe très originale, comporte trois parties. La première consiste en l'exposé du thème (deux sections encadrées de barres de reprise). La seconde est une variation géniale par sa fantaisie et son caractère inventif de la première partie, d'une très grande difficulté d'exécution. La troisième est une récapitulation de la première partie et se termine par une coda énergique. En plus de l'originalité du thème, l'effet du morceau réside aussi dans la répétition des motifs, à la manière d'un ostinato, qui se gravent de ce fait profondément dans la mémoire. En un peu plus de deux minutes (une centaine de mesures), Haydn a tout dit; il nous gratifie en plus d'une musique éblouissante.