Formant un vif contraste avec la volcanique 47ème sonate en si mineur, dernière de la série, la
42ème sonate en sol majeur (HobXVI.27), première de la série (HobXVI.27-32), est une oeuvre, aimable, facile et galante que parcourent toutefois quelques petits nuages, vite dissipés. Déduite de considérations développées par Marc Vignal (1), sa date de composition (fin des années 1760) serait très antérieure à la date de parution (1778) de la série.
L'écriture du premier mouvement,
Allegro conbrio, diffère de celle de la plupart des autres sonates de Haydn. On y trouve en effet souvent un accompagnement de la main gauche en
basse d'Alberti (2), formule que Haydn utilise parcimonieusement dans ses pièces pour le pianoforte. Ce morceau est axé sur la
séduction mélodique. L'exposition consiste en un chant continu à la main droite de l'exécutant. Le développement, basé sur un motif nouveau, un arpège ascendant en notes piquées, évolue presque tout le temps dans le mode mineur; il donne du corps et de la profondeur au mouvement mais n'altère pas son atmosphère de gaité insouciante.
Le deuxième mouvement,
Minuetto, est un agréable morceau au caractère dansant très attachant. Il est enchainé à un trio en sol mineur qui apporte la seule note mélancolique de la sonate.
Le troisième mouvement,
Presto, est un thème varié. De caractère très "haydnien", à la fois léger, dynamique et spirituel, le thème est suivi de quatre brillantes variations. La troisième variation qui débute en sol majeur et se poursuit en
sol mineur jusqu'à la fin, est particulièrement remarquable.
Bref une sonate très séduisante qui, malgré sa date de composition, peut-être antérieures à celle des autres sonates, s'intègre très harmonieusement dans la série, et témoigne des trésors d'imagination que Haydn y déploie.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://www.musicologie.org/sites/b.html