Le plan de la Sonate n° 43 en mi bémol majeur (HobXVI.28) est strictement identique à celui de la précédente (HobXVI.27) en sol majeur, elle se compose en effet d'un Allegro, d'un menuet et trio et d'un thème varié. D'un sentiment paisible et serein, elle est, dans son premier mouvement, nettement plus élaborée que la précédente.
Le premier mouvement, Allegro moderato, comporte plusieurs éléments thématiques bien individualisés. Il débute par un thème (1) comportant une phrase descendante suivie par une série d'accords répétés dont on prévoit qu'ils auront une grande importance lors du développement et se poursuit par un second sujet à la dominante aux contours bien marqués. Le développement, d'abord basé sur le premier thème puis sur la suite d'accords, enfin sur une extension du second thème, fait passer ces motifs par de belles modulations très expressives. Le travail thématique est particulièrement intéressant dans ce morceau.
Le Menuetto, asez cérémonieux, est tout à fait représentatif de la musique galante de l'époque. Avec le trio dans la tonalité romantique de mi bémol mineur, on change de registre, et la musique plonge dans une rêverie mélancolique. L'instant est fugitif mais précieux.
Le finale Presto est un thème suivi de quatre variations. Le thème syncopé est curieux: la main gauche y termine presque systématiquement la phrase commencée par la main droite. La première variation est une broderie autour du thème; dans la deuxième, le thème, simplifié, gagne en puissance. Comme dans le finale de la sonate précédente en sol majeur, la troisième variation commence en majeur et se poursuit jusqu'à la fin en mineur ce qui donne au mouvement un surcroit de profondeur. Après une brillante quatrième variation, le retour final du thème met un point final à cette sonate.
Du fait des profondes ressemblances existant entre cette sonate et la 42ème en sol majeur, on peut penser que les deux oeuvres ont été écrites en même temps, donc fin des années 1760 comme le suggère Marc Vignal pour la sonate en sol (2). Rappelons ici que ces deux sonates font partie d'une série (HobXVI.27-32) publiée en 1778.
(1) Ce thème, à mon avis, ressemble au début de la sonate en fa majeur KV 533 de Mozart, composée en 1788.
(2) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.