La
sonate n° 9 en ré (HobXVI.4) figure dans l'Entwurtt Katalog (EK), catalogue personnel de Joseph Haydn et est donc sûrement authentique. Le premier mouvement,
Moderato, débute par un thème d'un grand charme mélodique. Ce thème fera les frais du développement qui en son milieu contient un intermède formé d'arpèges modulants issus d'un motif de l'exposition. Ce mouvement qui se déroule dans un climat très calme est très séduisant. Menuet et trio sont dans la même tonalité de ré majeur ce qui est inhabituel chez Haydn.
Il existe à Kremsier deux copies pour deux violons et basse de la
sonate n° 10 en ut (HobXVI.1); cette dernière est présente également dans le catalogue Breitkopf de 1767 (1). Malgré la diversité des sources disponibles, l'authenticité de cette sonate n'est pas garantie. L'écriture du premier mouvement fait un usage généreux de la
basse d'Alberti (2) ce qui à cette époque semble rare chez Haydn. Cette sonate est très brêve et, à mon humble avis, peu personnelle.
Avec la
sonate n° 11 en si bémol majeur (HobXVI.2), composée vraisemblablement avant 1760 (1), nous entrons de plein pied dans le domaine des
chefs-d'oeuvre.
Le premier mouvement,
Moderato, possède à peu près le même plan que la sonate n° 6 en ut (HobXVI.10) mais il est bien plus développé (148 mesures). Le thème principal possède un
triolet de doubles croches qui va jouer un rôle central dans tout le mouvement. Le second thème reprend ces triolets ce qui assure l''unité de l'exposition. Le développement consiste en un travail thématique sur tous les éléments (les deux thèmes et deux motifs assurant les transitions) de l'exposition. De tout ce mouvement élégant et dynamique, aux idées harmonieusement enchainées, émane une
sensation de plénitude.
Le
Largo en sol mineur inaugure pour la première fois dans une sonate pour clavier, une longue série de mouvements lents magnifiques. Le tempérament de Haydn se déploie pleinement dans cet
arioso d'une grande puissance dramatique. Après l'exposition du thème, le discours musical est émaillé de nombreux pièges rythmiques et se dirige vers la tonalité de fa majeur aux barres de reprises. Après les barres de reprises, le thème principal est exposé en fa majeur dans une manière de développement qui s'enchaine sur une reexposition écourtée, transposée en sol mineur et
génialement variée, ce qui lui donne un surcroît d'intensité.
Le troisième mouvement est cette fois appelé
menuetto et non plus menuet comme dans les sonates précédentes. Il contient comme le menuet de la sonate n°6 (HobXVI.10) une grande variété de motifs rythmiques. Le trio en si bémol mineur évolue dans la même atmosphère mélancolique que celle du trio de la sonate n° 6.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://www.musicologie.org/sites/b.html