Le premier mouvement de la sonate n° 12 en la (HobXVI.12) est un Andante dont le thème principal est d'esprit baroque. La suite de ce mouvement est, à mon humble avis, plutôt atypique. Le menuet par contre ressemble aux menuets des sonates n° 6, et 11. Au milieu du menuet s'épanouit un magnifique trio en la mineur remarquable par une descente chromatique des basses et des syncopes à la main droite particulièrement expressives. Dans le minuscule finale, Allegro molto, le développement se réduit à quelques mesures de transition ce qui est inhabituel dans toute l'oeuvre de Joseph Haydn.
L'authenticité de la sonate n° 14 en ut (HobXVI.13) est certaine puisque Haydn reprit l'Allegretto initial dans son trio pour baryton n° 37 (1). Dans le premier mouvement, Allegretto, on remarque un accompagnement en triolets qui se maintient pendant la plus grande partie du morceau et qui soutient un thème joyeux. Le second thème à la dominante est directement issu du premier. Le développement très long est basé sur le thème principal. Il s'enchaine sur une réexposition amputée du thème principal et très modifiée. Ce mouvement est une merveille d'unité et de dynamisme. Le mouvement lent, Andante, une cantilène à la main droite de l'exécutant, est une structure sonate élaborée.
La sonate n° 13 en sol (HobXVI.6) est une des plus connues parmi les sonates de "jeunesse" ce qui est tout à fait justifié. Elle date de 1760 au plus tard (1).
Le premier mouvement, Allegro, est mon préféré des quatre. C'est une structure sonate dans laquelle brille un feu d'artifice de thèmes et de motifs liés organiquement les uns aux autres. Outre le thème principal, on remarque un motif saccadé de tierces à la main droite qui selon certains (1) évoquerait Domenico Scarlatti et, à la fin de l'exposition, un thème ravissant qui se grave instantanément dans la mémoire. Le développement reprend chacun de ces motifs en les modifiant subtilement. Curieusement le développement s'enchaine sur le motif "Scarlatti" et donc le thème principal n'est plus entendu lors de la réexposition. Ce procédé est aussi utilisé dans le finale de la sonate n° 6 et le premier mouvement de la sonate n° 14.
Après un Menuet et un trio (en sol mineur) suprêmement élégants aux accents baroques, le très bel Adagio en sol mineur est une cantilène à la main droite de l'exécutant d'un souffle inépuisable qui se poursuit presque tout le long du morceau au dessus d'accords de la main gauche. Semblable au Largo de la sonate n° 11, mais sans son dramatisme, ce mouvement d'une beauté exceptionnelle se déroule calmement pour notre plus grand plaisir.
Le finale, Allegro di molto à 3/8, ressemble à celui de la sonate n° 6. L'exposition débute avec un thème brillant plein d'énergie. A la fin de l'exposition surgit un motif en ré mineur. Le développement est essentiellement axé sur le thème principal.
Cette sonate élégante et charmeuse est l'un des exemples les plus accomplis de l'art de la deuxième moitié du 18ème siècle avant le déferlement des orages et passions du début des années 1770.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.