Le Trio n° 34 en si bémol majeur (HobXV.20) est le troisième et dernier de la série de trois trios dédiés à la princesse Anna Maria Esterhazy et publiés en novenbre 1794. C'est, en son premier mouvement, le plus brillant et virtuose des trois.
Le premier mouvement Allegro est stictement monothématique. L'unique thème est exposé forte par les trois instruments. Le thème est suivi par une réponse du violon en triples croches, reproduite immédiatement (en quadruples croches même!) par le piano qui donne à ce début un aspect très spectaculaire. Le thème est reproduit à la dominante avec quelques modifications et l'exposition se termine avec un motif nouveau au caractère plus tourmenté très caractéristique par ses chromatismes. La transposition en mineur du thème au début du développement change radicalement son caractère. De joyeux et brillant, il devient méditatif puis angoissé. Le passage en triples croches est lui aussi transposé en mineur tandis que la main gauche du piano plaque des accords massifs. Enfin commence un développement sur le motif chromatique terminant l'exposition, qui par son style serré, ses contrepoints et ses modulations atteint une grande intensité expressive. Quelques menus changements sont à signaler dans la réexposition qui est globalement identique à l'exposition. Une formule conclusive lapidaire met un point final à ce mouvement très original.
L'Andante cantabile en sol majeur est le sommet de ce trio et peut-être un des plus beaux mouvements lents de Haydn. Le thème à la main gauche du piano dans son registre grave possède un charme indicible par sa beauté mélodique, son caractère réfléchi, son expression recueillie. La seconde partie du thème module en mineur ce qui accroit encore son potentiel expressif. Suivent ensuite trois variations, mais ce thème est trop beau pourqu'on le modifie c'est pourquoi Haydn le garde intact d'abord à la main gauche du piano doublée par le violon dans la première variation, puis le modifie légèrement à la main gauche du piano tandis que le violon ajoute un sublime contrechant. On est sous le charme et retient son souffle. Dans la dernière variation le thème est simplifié et réduit à quelques accords sous un accompagnement très brillant de la main droite du piano. On ne saurait trop conseiller aux détracteurs de Haydn (il y en a !) d'écouter ce mouvement.
Le finale Allegro est un tempo di minuetto d'une grande élégance. Le début du thème principal me rappelle l'air de Lisetta dans le premier acte d' Il Mondo della Luna, un superbe opéra bouffe composé par Haydn en 1776. L'intermède central est une extrapolation en mineur du thème du début et évolue dans le contexte de splendeur mélodique de toute l'oeuvre. Dans la reprise de la première partie, on note quelques changements et le mouvement se termine par un retour plusieurs fois répété du début du thème initial finalement affirmé avec force par les trois instruments.