La
Symphonie n° 28 en la majeur date probablement de l'année 1765. C'est une des plus spectaculaire parmi les symphonies de de
Joseph Haydn antérieures à la crise "
Sturm und Drang" qui débute avec la symphonie n° 34 en ré mineur (1767). De taille relativement modeste, elle affiche un contenu particulièrement riche et original.
Le premier mouvement
Allegro di molto est un
torrent musical d'une énergie formidable et d'une rudesse étonnante. Il est remarquable aussi par les
ambiguités rythmiques causées par des mélanges de mesure à ¾ et 6/8. Il s'agit pourtant d'une structure sonate classique monothématique mais ici les mots d'exposition, développement, réexposition ne veulent pas dire grand chose tant le mouvement qui anime ce morceau semble tout emporter sur son passage. Les
cors omniprésents se signalent par leur agressivité et leurs sonorités perçantes. A mon humble avis, on peut retrouver l'esprit de cet extraordinaire mouvement dans la fameuse scène 8 de l'acte II (terzetto Fidalma, Elisetta, Geronimo "
Cosa farete? Via, su, parlate") d'
Il Matrimonio Segreto de
Domenico Cimarosa (1792).
Selon Marc Vignal (1), le mouvement lent
Poco Adagio, proviendrait d'une musique de scène. Haydn reprendra le thème de ce morceau dans un des ballets qui émaillent les deux premiers actes de son opéra
Il Mondo della Luna (1776). Ce morceau délicat, écrit pour les cordes seules, constamment pianissimo et avec sourdines, offre un
saisissant contraste avec le sauvage mouvement précédent.
Le Menuetto,
Allegro molto, est original par une technique de
bariolage (2) appliquée aux premiers violons qui consiste à faire alterner très rapidement la corde
mi à vide avec un
mi de la corde
la voisine. Les différences de sonorités produites donnent un son spécial, rustique, presque "vulgaire". Ce procédé sera appliqué par Haydn avec encore plus d'insistance dans le finale du quatuor à cordes opus 50 en ré majeur n° 6 (1787). L'élégance n'est pas non plus de mise dans le trio en la mineur où un
crin-crin de village joue une mélodie aux accents balkaniques marqués. Ce ton "agressivement populaire" triomphera dans le menuetto de la symphonie n° 29 en mi majeur et Marc Vignal citera même Gustav Mahler à propos du trio de cette symphonie (1).
Avec le finale
Presto assai 6/8 on retrouve l'énergie du début de la symphonie. Cette structure sonate monothématique est cependant beaucoup moins féroce que le premier mouvement. Munie d'un magnifique développement, elle termine en beauté cette symphonie qui devait être beaucoup plus connue..
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_du_violon