Le manuscrit autographe de la
symphonie n° 35 en si bémol majeur de
Joseph Haydn est précisément daté du mois de décembre 1767. C'est donc une oeuvre contemporaine de l'opéra de chambre
La Canterina. Elle précède de peu la période "Sturm und Drang" inaugurée avec la symphonie n° 39 en sol mineur composée quelques mois après probablement. D'une sérénité à peine teintée d'un peu de mélancolie et basée principalement sur la séduction mélodique, elle réserve à l'auditeur des passages enchanteurs.
Le premier mouvement
Allegro di molto ¾ est une forme sonate classique à deux thèmes. Le
premier thème, exposé par les violons au dessus des batteries des basses, est très
remarquable par sa douceur, c'est lui qui sera utilisé dans le développement où métamorphosé par des modulations, il fera l'objet d'imitations énergiques entre les basses et les violons puis les hautbois. On remarque juste après la réexposition une gamme ascendante spectaculaires du cor grimpant à des hauteurs inusitées puis un nouveau "développement" sur le premier thème consistant en imitations ingénieuses entre les deux violons.
Le magnifique
andante pour cordes seules présente un mélange de
beauté mélodique et de sérieux qui le rendent très attachant. Il est construit sur un thème unique au caractère nostalgique du fait des
chromatismes descendants de son accompagnement. C'est une structure sonate munie d'un beau et long développement dans lequel le thème fait l'objet de modulations très expressives. Lors de la réexposition, le thème joué par les basses devient mystérieux et les violons dessinent un contrechant très expressif. Une poétique coda dans laquelle le thème revient une dernière fois à la manière d'un adieu, met fin à ce mouvement. A mon humble avis, ce
mouvement est un des plus profonds écrits par Haydn à cette date pour une symphonie.
Dans le menuet,
un poco allegretto, les cors jouent un rôle de premier plan, le thème du trio pour cordes seules est directement issu de celui du menuet.
Le finale
Allegro di molto est une structure sonate à deux thèmes. Le premier thème frappe par son caractère joyeux et dynamique. Le second thème donne naissance à une
merveilleuse marche harmonique très baroque. Le développement très court est basé sur le premier thème qui passe par de très belles modulations. Lors de la réexposition la marche harmonique est prolongée pour notre plus grand plaisir et une fois de plus les cors nous impressionnent par leurs notes aigues presque perçantes.
Cette symphonie, une des plus chantantes de son auteur, a peut-être impressionné le jeune
Mozart dans les années 1771 à 1773, époque où ce dernier compose un grand nombre de symphonies dont certaines (KV 130 en fa, 132 en mi bémol et 133 en ré, composées fin 1772) témoignent de l'influence de Joseph Haydn (2).
(2)
https://haydn.aforumfree.com/les-symphonies-f1/les-symphonies-influences-de-jhaydn-sur-mozart-t32.htm