Pour terminer ce passage en revue des vingt symphonies pré-Eisenstadt (composées avant 1961, date de l'installation de Joseph Haydn au service du prince Paul Anton Esterhàzy), le choix des deux symphonies en ut majeur n° 32 et 33 s'imposait. Avec les symphonies n° 20 et 37 dans la même tonalité, elles partagent une instrumentation comptant en plus du quintette à cordes, des deux hautbois et des deux cors, deux trompettes et des timbales. Les symphonies n° 32 et 33 sont peut-être les plus spectaculaires des quatre. Les timbales très actives, les cors alto et les trompettes utilisées dans leur registre le plus élevé, conformément à la mode baroque, leurs donnent brillant et parfois agressivité. Bien que l'on ne sache pas grand chose sur leurs dates respectives de composition, il est probable que la symphonie n° 32 est antérieure à la n° 33 (1,2).
Le début de l'allegro 2/4 de la symphonie n° 32 en ut majeur est vraiment éclatant et ressemble beaucoup à celui de la symphonie n° 38 en ut majeur Echo datant de 1768. Un des motifs de l'exposition faisant office de second sujet est à la dominante mineure, marque archaïque. L'exposition se termine par une éclatante fanfare des cors et trompettes. Le développement use plusieurs motifs secondaires peut-être issus des thèmes de l'exposition, il se termine par un passage piano en imitations où les violons frottent étrangement avec les hautbois et cors.
Le menuetto est en deuxième position comme dans la symphonie n° 15. Le trio en ut mineur est réservé au quintette à cordes et contraste vivement par sa nudité et son caractère mélancolique avec le caractère triomphal du menuetto.
L'adagio ma non troppo 2/4 est interprété par le quintette à cordes. Une merveilleuse mélodie aux réminiscences baroques du moins en son début se déroule paisiblement.
Le Presto finale 3/8 très dansant termine l'oeuvre comme elle avait commencé dans la fête.
La symphonie n° 33 en ut majeur est une des plus grandes parmi les symphonies pré-Eisenstadt, elle s'ouvre avec un Allegro ¾ très festif dans lequel les hautbois prennent une grande part, parmi les nombreux thèmes, on remarque un motif très mélodieux qui fait office de second thème accompagné simplement par les altos. Au début du développement le thème initial reparait simulant une réexposition, il n'en est rien car il s'agit d'une fausse rentrée et le développement repart de plus belle en utilisant plusieurs motifs de l'exposition.
L'andante en ut mineur 2/4 est écrit pour le quintette à cordes, il débute par un thème pathétique, un véritable plainte qui contraste vivement avec tous les autres mouvements de la symphonie. Comme dans d'autre mouvements lents des symphonies antérieures à 1761, on remarque la sobriété de l'accompagnement.
Retour de l'ambiance festive avec le menuetto. Le trio réservé aux cordes frappe par ses amusantes syncopes et contretemps.
Le finale allegro 2/4 est un morceau équivalent au premier mouvement en taille et en signification musicale. L'exposition se termine par deux curieuses notes suraigues des cors à découvert. Suit un magnifique développement, peut-être le plus beau de toutes les structures sonates des symphonies pré-Eisenstadt? Basé principalement sur le thème initial, il étonne par son intensité et ses modulations hardies. Ce magnifique finale mériterait de couronner l'ensemble des vingt symphonies antérieures à l'année 1761 (3).
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp. 825,826.
(2) Les problèmes liés à la datation des 20 symphonies pré-Eisenstadt seront discutés ultérieurement.
(3) Rien ne prouve toutefois que la symphonie n° 33 soit la dernière composée, en fait cette place revient probablement à la symphonie n° 3 en sol majeur qui se termine par un non moins magnifique fugato.