La symphonie n° 26 en ré mineur (Les Lamentations) a été composée en toute probabilité en 1768. Elle est donc contemporaine de la symphonie n° 49 en fa mineur La Passion. Joseph Haydn utilise dans la symphonie n° 26 des thèmes religieux se référant précisément à la liturgie de la Semaine Sainte ce qui n'était pas le cas de la symphonie La Passion dont la musique pouvait aussi bien correspondre à une action dramatique profane.
Le premier mouvement, Allegro assai con spirito, débute forte avec un thème fougeux, typiquement Sturm und Drang, remarquable par ses syncopes. Les quatre mesures piano qui suivent marquent un temps de réflexion et le thème du début reprend avec la même énergie. Tout s'arrête et les seconds violons doublés par les deux hautbois entonnent fortissimo un choral (marqué chorale sur la partition) solennel, accompagné par les arpèges des premiers violons. Le choral s'arrête aux barres de reprises. Le développement, véhément et passionné, est entièrement bâti sur le thème initial ainsi que les quelques mesures méditatives qui interrompaient l'énoncé du thème. Lors de la réexposition, le choral reparaît avec une puissance accrue cette fois en ré majeur, tonalité sur laquelle se termine le mouvement.
L'Adagio en fa (1) est entièrement basé sur une sublime mélodie de choral, chanté par les seconds violons doublés par les hautbois dans leur registre grave, tandis qu'au dessus les premiers violons dessinent un magnifique contrechant qui se transforme en un accompagnement de triolets de doubles croches. Le thème de choral est ensuite repris dans le registre le plus grave des hautbois (2) et on arrive aux barres de reprises. Au cours du développement, en fait une simple transition, le début du choral est énoncé dans plusieurs tonalités et on arrive à la réexposition dans laquelle le choral est énoncé par les hautbois et les cors à l'unisson avec un surcroi d'intensité. Conclusion pianissimo empreinte de recueillement.
Dans le Menuetto en ré mineur tout caractère proprement religieux a disparu mais le ton reste grave. Le tempo mesuré donne a ce mouvement un caractère solennel, digne de conclure l'oeuvre. Dans la deuxième partie du menuet, un vigoureux canon entre les violons et les basses donne lieu à des harmonies acerbes dont Marc Vignal souligne la parenté avec la fugue pour deux pianos KV 426 de Wolfgang Mozart (3). Le trio en ré majeur, seul passage un peu "léger" dans la symphonie, fait alterner de façon amusante un thème piano aux violons doublés par les vents avec un violent accord sabré par tout l'orchestre.
(1) La tonalité de fa surprend après le ré majeur qui conclut le premier mouvement, audace dans la succession des tonalités qui deviendra monnaie courante après 1784.
(2) Haydn a-t-il pensé à des cors anglais pour cette symphonie?
(3) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp. 987-8.