La date de la composition de la
symphonie n° 52 en ut mineur n'est pas connue avec certitude. Contemporaine des symphonies n° 42, 43 (Mercure) et 44 (Funèbre), elle date probablement de l'année 1771 ou au plus tard de l'année 1772. Comme la plupart des autres symphonies
Sturm und Drang, l'effectif instrumental ne comporte que le quintette à cordes, deux hautbois et deux cors dont un alto en ut et un basso en mi bémol (1).
Le premier mouvement
Allegro assai con brio 4/4 est une structure sonate épanouie avec deux thèmes bien différenciés. Il débute par un puissant unisson forte, très dramatique, caractérisé par des intervalles d'amplitude croissante. Le second thème en mi bémol majeur piano aux rythmes pointés est remarquable par son lyrisme; interrompu par un passage très véhémente au premiers violons, il revient plus étendu et encore plus expressif et on arrive aux barres de reprises. Dans toute cette vaste exposition on est frappé par le
dualisme beethovénien qui s'exprime à travers deux thèmes très contrastés, le premier violent, le second chaleureux. Dans le magnifique développement, second et premiers thèmes alternent et font l'objet de modulations et de contrepoints. Des intervalles encore plus amples (quatorzième diminuée) amènent littéralement le premier thème à un
climax d'intensité. A la fin du développement le second thème en la bémol majeur fera l'objet d'imitations poignantes entre les deux groupes de violons puis de furieuses gammes amènent la réexposition. Cette dernière est génialement refondue, le thème initial donne lieu à de nouvelles modulations (2) tandis que la transposition de discours musical de mi bémol à ut mineur aboutit à une expression renouvelée, en particulier, le second thème très modifié aboutit à un passage
pianissimo des cordes dans leur registre aigu qui donne le frisson.
L'
andante qui suit en mi bémol majeur 3/8
con sordini, d'une grande beauté mélodique, est plus serein que ce qui précède mais possède des zones d'ombre notamment au cours du développement du fait de nombreuses modulations dans les tonalités mineures et de chromatismes très expressifs. La réexposition ne montre pas de changements importants si ce n'est une participation accrue des vents. Ce mouvement dont la sonorité est très belle est en tous points digne de ceux qui l'entourent.
Le
menuetto allegretto en ut mineur ¾ est très original par son thème caractéristique avec ses accentuations sur le troisième temps, ses canons entre le groupe des violons et celui des basses, la profusions des nuances piano puis sforzando à toutes les notes. Le niveau sonore est généralement piano ce qui donne au menuetto un
caractère fantomatique. Changement complet d'atmosphère avec le trio qui utilise le thème du menuet transposé en ut majeur ce qui le métamorphose.
Dans le finale
Presto en ut mineur
alla breve, nous retrouvons la hargne du premier morceau avec en plus un
mouvement survolté quasiment hystérique. Il s'agit d'une
structure sonate à deux thèmes bien différenciés. Le premier thème très syncopé, d'exécution difficile, ressemble à celui du dernier mouvement de la sonate en ut mineur KV 457 de Mozart (1784) (3). Le second thème doux et expressif est le pendant du second thème du premier mouvement. La suite consiste en une avalanche de croches piquées avec des intervalles de plus en plus sauvages. Le développement débute avec le second thème encore plus expressif, passage dont la transparence résulte de l'absence des contrebasses, c'est ensuite le thème principal qui entre en scène d'abord pianissimo aux violons seuls puis mezzo forte à tout l'orchestre, l'intensité sonore augmente encore pour atteindre un
sommet d'exaltation. Le
développement s'articule sur le second thème transposé en ut mineur, procédé qui évite la répétition du thème initial lors de la réexposition. Quelques violents accords sabrés par le tutti amènent un farouche unisson
fortissimo scellant l'unité de l'oeuvre.
(1)
http://en.wikipedia.org/wiki/Symphony_No._52_(Haydn)(2) Dans leur analyse de la symphonie n° 26 en mi bémol KV 184 de Mozart, T. de Wizewa et G. de Saint Foix suggèrent que la symphonie n° 52 de Haydn aurait pu inspirer le jeune Mozart dans certains enchainements harmoniques. W.A. Mozart, tome II, Le Jeune Maître, Desclée de Brouwer, 1936.
(3) La ressemblance de la symphonie n° 52 de Haydn avec la sonate KV 457 de Mozart a été signalée par H.C. Robbins Landon.