La
Symphonie n° 63 en do majeur La Roxelane fut composée par
Joseph Haydn entre 1778 et 1781. La datation est déduite à partie du nombre de bassonistes présents dans l'orchestre d'Eszterhazà (1). Cette symphonie est très influencée par le théâtre, son titre rappelle que le second mouvement dérive d'une musique de scène déjà écrite par Haydn appelée
La Roxelane (Roxelane est un personnage de la pièce Les trois Sultanes de Charles Simon Favart ayant inspiré la musique de scène de Haydn), d'autre part son premier mouvement n'est autre, à quelques légères modifications près, que la sinfonia qui ouvre l'opéra
Il Mondo della Luna. La symphonie dans sa version probablement définitive comporte l'effectif suivant: une flûte, deux hautbois, un basson, deux cors, le quintette à cordes (1,2).
Le premier mouvement
Allegro 3/4 est une structure sonate des plus classiques. A son écoute on est encore plongé dans l'ambiance feérique d'
Il Mondo della Luna (3).
Le célèbre second mouvement (La Roxelane)
allegretto o piu tosto Allegro 2/4 en ut mineur est un nouvel exemple de la
double variation (A,B,A1,B1,A2,B2) chère à Joseph Haydn dans laquelle alternent les épisodes dans le mode mineur (A) et le mode majeur (B). Variations mineures et majeures ne s'écartent pas beaucoup du thème initial. La grâce un peu mélancolique des variations mineures (Roxelane?) contrastent avec le caractère martial des variations majeures (Soliman, empereur des turcs?).
Le menuetto 3/4 apporte une
couleur viennoise à la symphonie. Quant au trio c'est un laendler très gracieux consistant en un très beau chant du hautbois accompagné par un basson ainsi que les pizzicatos des cordes.
A mon humble avis c'est dans le finale
Presto 2/4 où l'on trouve la
musique la plus originale et la plus inventive de la symphonie. Il s'agit d'une structure sonate à deux thèmes. Le premier thème vif et déluré imprime sa marque à tout le mouvement, le spirituel second thème léger et syncopé n'est qu'un épisode passager suivi toutefois par un tutti orchestral dans le mode mineur au caractère très Europe centrale. Le
magnifique développement est presqu'entièrement basé sur le thème initial dont le début est énoncé d'abord dans diverses tonalités piano. Puis le thème est attaqué forte par les cordes avec un contrechant nouveau aux premiers violons qui lui donne une impulsion prodigieuse, cet épisode est suivi par un passage au contrepoint serré avec de dynamiques imitations entre violons et basses. De très belles modulations amènent subtilement la rentrée. Dans la reexposition très modifiée, le thème est maintenant accompagné de son contrechant et donne lieu à un nouveau développement. Un tutti très brillant termine l'oeuvre.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp. 1106-9.
(2)
http://en.wikipedia.org/wiki/Symphony_No._63_(Haydn)(3)
https://haydn.aforumfree.com/operas-f15/il-mondo-della-luna-hobxxviii7-t178.htm