Les
symphonies n° 17 en fa majeur et n° 19 en ré majeur se ressemblent beaucoup. Toutes deux adoptent la coupe de la sinfonia à l'italienne en trois mouvements. Leurs mouvements lents sont tous deux à la tonique mineure. Elles se terminent toutes deux par un finale au rythme ternaire 3/8. Enfin elles ont toutes deux été composées par
Joseph Haydn à des dates voisines, probablement entre 1758 et 1761 (1).
L'effectif instrumental de la
symphonie n° 17 en fa est particulièrement réduit avec le quintette à cordes et deux cors. Il n'y a donc pas de hautbois contrairement à la majorité des symphonies de cette époque (2). Pourtant la symphonie n° 17 a de brillantes couleurs. Elle débute par un
Allegro 3/4 assez baroque d'esprit: pendant tout le mouvement des batteries de basses soutiennent l'harmonie et les progressions harmoniques avec imitations entre les deux violons sont nombreuses. Le développement est particulièrement long; selon une habitude assez fréquente dans ce groupe de symphonies, il débute par un exposé du thème principal à la dominante puis à la tonique. La suite consiste en jeux contrapontiques à partir de motifs tirés de l'exposition.
L'
andante ma non troppo en fa mineur , d'une expression constamment poignante,
est une des plus belles pages de Haydn de cette époque. Elle est écrite pour le quintette à cordes. Le discours musical d'abord en fa mineur évolue vers la bémol majeur, prend alors une tournure doucement recueillie et c'est en la bémol que se termine l'exposition. La tonalité de fa mineur revient au cours du développement, le sentiment prend un tour plus dramatique et plus heurté avec une participation active des basses. Cette tonalité de fa mineur se maintient jusqu'à la fin du morceau qui s'achève tout doucement dans une ambiance accablée assez rare chez
Haydn.
Le contraste est vif quand vient l'insouciant finale
Allegro molto 3/8. Ce mouvement, comme presque tous les finales des symphonies antérieures à l'entrée de
Haydn au service des Esterhazy, est en deux parties avec barres de reprises après chaque partie. On peut dire que la première partie correspond à l'exposition d'une structure sonate tandis que la seconde comporte une ébauche de développement et une réexposition.
Le premier mouvement de la
symphonie n° 19 en ré majeur,
Allegro molto ¾, est tout aussi ambitieux que le mouvement correspondant de la n° 17. Il débute avec un thème qui comporte trois parties: successivement un accord parfait ascendant de ré majeur, un court trait "horizontal" formé de quatre doubles croches et deux croches et un motif descendant riche en appogiatures. Plus loin une dissonance fuggitive (mesure 14) est suivie par une marche harmonique sur la deuxième partie du thème. Le développement débute avec le thème successivement à la dominante puis à la tonique; après des trémolos modulants, un travail thématique donne lieu à des imitations très ingénieuses sur les trois parties du thème. Les hautbois, présents en plus des cors dans cette symphonie se contentent généralement de doubler les premiers violons.
L'
andante en ré mineur 2/4 pour les cordes seules est très expressif comme celui de la symphonie n° 17. Il débute avec un accord parfait descendant de ré mineur, pendant symétrique du début de l'allegro initial. Les nombreux passages syncopés sont typiques des mouvements lents de cette époque. Après un petit développement, la transposition du discours musical en ré mineur lors de la réexposition accroît encore l'émotion du morceau et tout se termine
pianissimo avec des triolets de doubles croches.
Le
presto final 3/8 est remarquable par son caractère dansant conféré par un rythme aux basses composé d'une croche, de deux doubles croches et d'une croche répétés obstinément (3).
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/8/8a/IMSLP53126-PMLP71286-Haydn-H1.017FSbh.pdf(3)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/4/42/IMSLP31393-PMLP71503-Haydn-_Sinfonia_Nr19__HCR_Landon_.pdf