Les
symphonies n° 18 en sol majeur et n° 25 en ut majeur font partie des vingt symphonies antérieures à 1761, date de l'installation de
Joseph Haydn à Eisenstadt au service des Esterhazy. Toutes deux débutent par un mouvement lent. Leur instrumentation comporte le quintette à cordes, deux cors et deux hautbois. Ces derniers doublent généralement les violons.
La
symphonie n° 18 en sol majeur peut-être considérée comme une "symphonie d'église", expression tirée du terme "sonata da chiesa" (sonate d'église) (1,2). Les principales caractéristiques de la symphonie d'église sont:
-homotonalité: les mouvements, quatre en général, sont tous dans la même tonalité (sol majeur dans le cas de la symphonie n° 18) mais pas forcément dans le même mode (le premier mouvement de la symphonie n° 34 est en ré mineur mais les trois suivants sont en ré majeur);
-premier mouvement lent et solennel, second mouvement rapide et nerveux;
-caractère plus recueilli et plus solennel que celui de la moyenne des symphonies. Les symphonies d'église n'ont pas une destination liturgique mais peuvent à l'occasion figurer dans une célébration;
Parmi les symphonies d'église de Joseph Haydn (n° 5, 11, 21, 22 Le Philosophe, 34 et 49 La Passione), la symphonie n° 18 a la particularité de comporter trois mouvements seulement.
Le premier mouvement de la
symphonie n° 18 en sol majeur est un andante 2/4 dont le début avec ses entrées de fugato, sa basse indépendante et ses rythmes pointés a une allure baroque. Le discours musical jusque là très serein s'oriente vers ré majeur; brusquement changement d'atmosphère: on passe en si bémol majeur, les cors jusque là très discrets se manisfestent avec véhémence par des sforzandos mais ce passage très dramatique ne dure pas et on revient rapidement à la tonalité de ré majeur et aux rythmes pointés du début.
Le second mouvement
allegro molto 4/4 est tout à fait typique des symphonies d'église de
Joseph Haydn. Avec son caractère très nerveux allant quelquefois jusqu'à l'hystérie, il anticipe le magnifique Presto tourbillonnant de la symphonie n° 21 en la majeur composée en 1764. D'un seul tenant, avec ses accords sabrés violemment, ses grands intervalles, ses trémolos, ce mouvement a un caractère "
Sturm und Drang" affirmé. Lors de la réexposition le thème initial est escamoté.
La symphonie se termine avec un
tempo di minuetto ¾ dont la partie la plus remarquable est le mélancolique trio en sol mineur.
La
symphonie n° 25 en ut majeur est plutôt atypique. Son premier mouvement comporte un
adagio et un
allegro molto enchainés. Comme il n'y a pas d'autre mouvement lent, on peut considérer l'introduction
adagio 4/4 comme un mouvement lent à part entière et de ce fait la symphonie s'apparenterait à une
sonata da chiesa d'autant plus qu'elle est homotonale. Le début
adagio pianissimo est magnifique par sa polyphonie dense et son caractère recueilli. Plus loin (mesure 7) les mouvements et les chromatismes des basses sont particulièrement expressifs. L'
allegro molto 2/4 qui suit est un morceau très agréable d'un dynamisme et d'une énergie constants. Le
Menuetto ¾ ressemble au tempo di minuetto de la symphonie n° 18. On y trouve la même richesse en rythmes: triolets et rythmes pointés. Le trio est un charmant dialogue entre les cors et les hautbois tandis que les cordes accompagnent de leurs pizzicatos. Le finale
Presto 2/4 (et non pas 3/8 comme dans la plupart des symphonies de cette époque) débute comme un fugato mais un unisson interrompt bientôt toute velléité contrapuntique. Ce n'est que lors du développement que le fugato repart de plus belle et est bien plus développé. Le thème du fugato reparaît une dernière fois dans la coda qui termine ce finale très intéressant apportant une belle unité à cette symphonie (4).
(1)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sonata_da_chiesa(2)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/9/9e/IMSLP14406-Haydn_symphonies_13-18.pdf(3)
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/8/85/IMSLP31407-PMLP71524-Haydn-_Sinfonia_Nr25__HCR_Landon_.pdf(4) A mon humble avis, à l'oreille, cette symphonie donne l'impression d'être plus tardive que les vingt autres antérieures à 1761.