La
symphonie n° 12 en mi majeur daterait de l'année 1963 et serait donc postérieure aux trois symphonies n° 6 Matin, n° 7 Midi et n° 8 Soir de 1761 (1). Cette symphonie est en trois mouvements, coupe que
Joseph Haydn avait déjà utilisée dans la symphonie n° 9 en ut de 1762, qui, elle, était une véritable sinfonia à l'italienne, susceptible d'ouvrir un opéra. Ici ce caractère est moins évident bien que l'adagio évoque bien une musique de scène.
Le premier mouvement
Allegro 2/2 écrit souvent en valeurs longues donne à l'écoute l'impression d'un tempo plus lent que celui indiqué sur la partition (2). D'emblée la tonalité de mi majeur, la plus sensuelle de toutes ainsi que les deux thèmes très mélodieux, donnent à l'exposition une allure très séduisante. Le premier thème exposé
piano aux cordes est inoubliable. Le développement assez court débute mystérieusement par des unissons modulants impressionnants et se termine avec le second thème qui fait l'objet de modulations expressives. Lors de la réexposition le premier thème reparaît cette fois
pianissimo. Par sa structure plus aérée, son charme mélodique et la hardiesse de ses modulations, ce mouvement se démarque de beaucoup de premiers mouvements précédents et semble même avoir été composé à une date plus tardive que 1763.
L'
adagio en mi mineur 6/8 pour les cordes seules est une sicilienne. L'alternance de passages
piano du premier violon et d'unissons
forte de tout l'orchestre évoque un récitatif ou du moins le théâtre. Cet adagio très dramatique et relativement développé est le pivot central de l'oeuvre entière et lui donne beaucoup de caractère.
Le
presto final 2/4 offre un intéressant contraste avec les mouvements précédents par son dynamisme et son caractère musclé. Curieusement le second thème à la dominante mineure (si mineur), trait archaïque, contraste avec le modernisme de la symphonie dans son ensemble.
Rien ne justifie le numéro accordé à la
symphonie n° 36 en mi bémol majeur. Cette dernière possède
plusieurs traits archaïques suggérant qu'elle aurait en réalité été composée avant 1761, date de l'installation de
Joseph Haydn au service des Eszterhazy. Du fait de son style encore baroque, elle pourrait même figurer parmi les toutes premières composées. Il s'agit d'une oeuvre tout à fait remarquable à divers points de vue.
Le
vivace ¾ initial débute avec un merveilleux thème aux violons, plein de fougue et possédant une chaude sonorité conférée en partie par la tonalité de mi bémol majeur. Les cors très actifs scandent le rythme. Le second thème un rien mystérieux est à la dominante mineure (si bémol mineur) comme dans les symphonies n° 1 et n° 37 de 1758. Cette exposition de 60 mesures est soutenue par une pulsation incessante de croches des basses, elle est suivie d'un développement très long de 60 mesures exactement qui reprend et développe les deux thèmes ainsi que des motifs secondaires de l'exposition. Après ce développement d'une maîtrise étonnante, la réexposition est notablement abrégée. Ce mouvement a une coloration baroque très attachante et combine nervosité et charme mélodique.
L'
adagio 2/2 pour les cordes seules possède des solos de violon et de violoncelle et ressemble aux mouvements lents des symphonies n° 6, 7 et 8. Pendant tout le mouvement les solos généralement
piano voire
pianissimo du violon et du violoncelle alternent avec de vigoureux unissons de l'orchestre à la manière des concertos grosso baroques. Fin
pianissimo.
Le menuetto est très développé pour une symphonie de cette époque, il est remarquable par la variété de ses rythmes: rythmes pointés (triples croches-croches pointées, croches-croches pointées), triolets. Le trio est très original par son instabilité tonale, il débute en si bémol majeur, passe par ut mineur et se termine à la fin de la première partie en ré mineur. Après un parcours modulant très expressif la seconde partie se termine en si bémol.
L'Allegro final 2/4 possède des traits archaïques: rythmes heurtés, imitations entre premiers et seconds violons et un second thème à la dominante mineure. Ce mouvement comporte deux parties, la seconde partie comporte une ébauche de développement, simple transition en fait de six mesures et c'est la rentrée du thème principal (2).
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://imslp.org/wiki/Category:Composers