La
symphonie n° 9 en ut majeur date très probablement de l'année 1762. En trois mouvements, elle ressemble beaucoup à une
sinfonia ouvrant un opéra. Selon certains érudits, elle aurait pu être composée par
Joseph Haydn pour servir d'ouverture à un des opéras ou comédies perdues telles que La Vedova? Il Dottore? Il Scanarello? données à Eisenstadt en mai-juin 1762 par la troupe de Girolamo Bon (1). L'effectif instrumental comporte deux hautbois, deux cors, un basson doublant la basse et, dans l'andante, deux flûtes. Le premier mouvement
allegro molto 2/4 est très brillant, il débute par trois accords
forte sabrés par tout l'orchestre et se poursuit par une avalanche de doubles croches qui se poursuit pratiquement sans interruption jusqu'aux barres de reprises avec un passage en octaves brisés très caractéristiques. Le développement, assez court, reprend le thème principal dont le prolongement en octaves brisés passe par des modulations mineures très expressives et se termine
pianissimo. La réexposition n'apporte pas de changements notables par rapport à l'exposition.
L'
andante en sol majeur 2/4 donne aux deux flûtes la plus grande importance. Les deux flûtes jouent presque tout le temps à l'unisson, sauf de courts passages où elles jouent à la tierce. Ce sont elles qui dessinent la ligne mélodique tout au long du mouvement. Ce dernier s'apparente beaucoup à l'andante également pour solo de flûte de la sinfonia ouvrant l'opéra Lo Speziale (1767). Ce très beau mouvement tient l'auditeur sous son charme.
Le
tempo di minuetto Allegretto est un bon exemple de menuet de cour d'une grande élégance. Le trio est un laëndler débutant par un gracieux solo de hautbois après les barres de reprises, les deux cors et le basson se joignent aux deux hautbois tandis que les cordes se taisent. Ainsi se termine cette symphonie qui procure beaucoup de plaisir par son abord particulièrement aimable et son charme mélodique.
La
symphonie n° 23 en sol majeur date de l'année 1764, année qui vit naître trois autres symphonies: la n° 21 en la majeur qui est une symphonie d'église, la n° 22 en mi bémol "Le Philosophe" et la n° 24 en ré majeur. Elle est écrite pour deux hautbois, deux cors, un basson doublant la basse, le quintette à cordes et le continuo, c'est-à-dire l'effectif standard. Le premier mouvement
Allegro ¾ est remarquable par son dynamisme et son énergie, qualités qu'il partage avec le premier et le second mouvement des symphonies n° 28 et n° 21 respectivement. Toutefois ce mouvement est dans l'ensemble plus aimable que ceux des symphonies susdites qui parfois touchent à la frénésie pure. Le thème principal comporte deux motifs, un premier aux rythmes pointés ett un second, comportant six doubles croches, destiné à jouer un rôle considérable tout au long du mouvement et notamment dans le développement. Deux autres traits sont typiques de ce mouvement: de farouches unissons de tout l'orchestre ainsi qu'une profusion de notes piquées ou de traits
spiccato donnant à ce mouvement une clarté et une lisibilité maximale.
Clarté et transparence sont aussi les qualités maîtresses de l'
andante en ut majeur 2/4 écrit pour les cordes et le continuo. Le thème principal est énoncé par les violons tandis que les basses font entendre deux motifs, l'un comportant un triolet de doubles croches et l'autre une chute de quatre triples croches. Ces dernières parcourent de manière incessante tout le mouvement et à tous les pupitres. Plusieurs passages ne comportent que deux voix, par ce trait et d'autres aspects, l'écriture de cet
andante rappelle la musique de chambre.
Le
menuetto est un canon à deux voix, les basses attaquant le thème du canon à une mesure d'intervalle des violons d'où un effet d'écho très pittoresque. Le trio écrit pour les cordes seules est un canon à trois voix qui évoque fortement la musique de chambre (2).
Le finale
Presto assaie 6/8 est une tarentelle (3) endiablée. Le rythme de danse se maintient du début à la fin. Cette dernière réserve une surprise, une formule conclusive est énoncée d'abord
forte puis
piano et enfin répétée
pianissimo dans une atmosphère raréfiée, quelques notes isolées et enfin un unique
pizzicato sont soupirés à la limite de l'audible. Les mots
Laus Deo sont inscrits à la fin de la partition. Afin de ne pas ruiner l'effet de surprise de cette fin extraordinaire, de nombreux chefs renoncent à faire la reprise.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2) Adam Fischer à la tête de l'orchestre austro-hongrois fait jouer ce trio par un quatuor à cordes.
(3)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tarentelle(4) les partitions des deux symphonies n° 9 et 23 sont consultables:
http://imslp.info/files/imglnks/usimg/2/20/IMSLP31397-PMLP71511-Haydn-_Sinfonia_Nr23__HCR_Landon_.pdfhttp://imslp.info/files/imglnks/usimg/f/fc/IMSLP31302-PMLP71294-Haydn-_Sinfonia_Nr9__HCR_Landon_.pdf