La
symphonie n° 79 en fa majeur fait partie d'une série de trois (n° 79 en fa majeur, n° 80 en ré mineur et n° 81 en sol majeur) composées en 1784, peu après Armida, dernier opéra écrit à Eszterhazà.
Fa majeur est une tonalité assez rarement utilisée par
Joseph Haydn dans ses symphonies (six symphonies en tout, les n° 17, 40, 58, 67, 79 et 89) surtout si on compare avec ré majeur (22 symphonies), ut majeur (20 symphonies), si bémol majeur (14 symphonies), et sol majeur (12 symphonies), tonalités les plus utilisées. Pourtant fa majeur avec un seul bémol à la clé est une tonalité sans histoires! La symphonie n° 79 est écrite pour une formation comportant le quintette à cordes, une flûte, deux hautbois, deux bassons, deux cors en si bémol et en fa.
Le premier mouvement
allegro con spirito 4/4 débute par un thème très chantant aux premiers violons doublés par le basson. Curieusement ce thème disparaît de la scène. Il n'en reste qu'une sorte de
gruppetto qui revient ensuite deux fois et même quatre fois de suite, sous des formes diverses dont une manifeste une ressemblance avec le sujet de
fugato sur lequel est construit l'ouverture de la
Flûte Enchantée de
Mozart. A plusieurs reprises, on s'attend à un second thème qui ne vient pas car c'est toujours le même
gruppetto qui reparait dans un contexte différent. Dans le développement le thème initial reparaît fugitivement mais ce développement est très court et c'est bientôt la réexposition, pleine de surprises car profondément remaniée. Elle donne lieu à un passage extraordinaire qui est en fait un second développement sur un motif contenant le fameux
gruppetto donnant lieu à des modulations hardies et à des dissonances troublantes. A la fin le
gruppetto sera répété huit et enfin douze fois!! Il y a dans ce mouvement une aptitude extraordinaire de Haydn à tirer tout le parti possible d'une cellule de six notes. Alors qu'à première audition ce mouvement semble improvisé, on s'aperçoit en écoutant attentivement que c'est un des plus rigoureusement construit de Haydn!
Le mouvement lent
Adagio cantabile ¾ est également très curieux. Il débute par un thème au rythme pointé, comportant deux parties, et se poursuit par une variation des deux parties du thème, jouée par les bois, à laquelle répondent les syncopes des violons. Le climat à la fois recueilli et solennel évoque les dernières compositions de Haydn ainsi que, selon Marc Vignal, l'
andante con moto de la symphonie n° 39 de
Mozart (1). Il semble qu'à ce point de l'oeuvre, le compositeur fut face à un problème, posé par une nouvelle variation dans le même tempo.
Réveillez-vous, on est en train de s'endormir! s'exclama-t-il peut-être en pensant à ses musiciens ou son public et il composa en guise de deuxième partie un poco allegro 2/2 rapide n'ayant pas grand chose à voir avec ce qui précède. Ce passage est aussi exubérant que le début était réservé! Après tout cette alternance de parties lentes et rapides dans un mouvement lent n'est pas exceptionnelle, Mahler ne fit pas autre chose dans l'adagio de sa quatrième symphonie.
Dans le trio du menuet on notera un très joli solo de hautbois. D'aucuns ont noté une ressemblance avec le rondo du concerto pour cor K 412/386b de Mozart de 1791 tout en signalant qu'il était peu probable que Mozart connût cette symphonie (2,3)
Le finale
Vivace est un
rondo aux vastes proportions de structure A B A1 C A2. Le refrain A est typiquement haydnien avec sa fraiche et franche gaité. Le premier couplet B en fa mineur au thème très énergique, issu de celui du refrain, fonctionne comme un développement. C'est un refrain A1 habillé par une nouvelle orchestration qui reparaît ensuite et qui laisse la place au second couplet C en si bémol majeur au caractère vigoureusement rustique. Dans le dernier retour du refrain le basson double le premier violon de la manière la plus spirituelle et on aboutit à une coda endiablée et à la fin du mouvement (4).
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2)
http://en.wikipedia.org/wiki/Symphony_No._79_(Haydn)(3) Pourquoi
Mozart n'aurait-il pas connu la symphonie n° 79? Les références à
Mozart sont nombreuses dans cette symphonie et encore plus évidentes dans la symphonie précédente, n° 78 en ut mineur (1782) dans laquelle il semble que
Mozart puisa largement comme le signalent EC Robbins Landon ou M. Vignal.
(4) Partition consultable et écoute gratuite sur le site
http://www.haydn107.com/index.php?id=2&sym=79&lng=2