Motezuma, musique de
Josef Myslivecek, livret de Vittorio Amedeo Cigna-Santi, a été crée au théâtre de la Pergola de Florence le 23 janvier 1771. Le sujet de l’opéra, la conquête du Mexique au début du seizième siècle et la victoire de Fernando Cortés sur le roi Motezuma a fasciné des générations de romanciers, dramaturges et musiciens. C’est ainsi que Vivaldi, Graun, Paisiello, Insanguine, De Majo ont traité le sujet sous forme d'opéra seria. Au Siècle des Lumières, Motezuma représente le souverain pacifique, tolérant et clément face aux entreprises impitoyables de l’envahisseur ibère qui impose sa civilisation par le fer et le feu (1).
La version du librettiste Cigna-Santi est différente et tend à justifier l’action de Cortés ce qui se comprend dans une péninsule où le Pape d’une part et les Habsbourg d’autre part sont les maîtres du jeu.
Synopsis. Alors que les Aztèques procèdent à un sacrifice humain, les troupes de Fernando Cortés, usant d’armes à feu, terrorisent la population et investissent la place en brûlant effigies et Codex. Motezuma, dernier empereur Aztèque, et sa fiancée Quacozinga, tentent de maintenir leur pouvoir et leurs traditions, tout en pactisant avec les Espagnols. Lisinga, une indienne d’une tribu étrangère, esclave de Motezuma, est courtisée par Teutile, général de l’armée espagnole et par Pilpatoe, soldat de l'armée de Motezuma. Elle est délivrée par Fernando Cortés et baptisée. Cortès cherche à convertir également Motezuma mais lors d’un échange d’emblèmes, la croix chrétienne et une effigie aztèque, entre Motezuma et Cortés, Motezuma jette à terre la croix. Après une tentative de viol de Quacozinga qui résiste vaillamment et menace Cortés de sa dague, ce dernier finit par poignarder dans le dos Motezuma. Lisinga est proclamée reine tandis que Quacozinga qui a tout perdu, amour et pouvoir, crie sa consternation.
Le style. Avec un livret si riche en péripéties, il est plus facile de composer de la belle musique. Motezuma est contemporain de Mitridate de Wolfgang Mozart (livret de Cigna-Santi également) crée un mois avant et apparaît plus traditionnel et conservateur que l’œuvre du salzbourgeois. L’œuvre consiste en une suite de récitatifs secs et d’arias. Les ensembles sont exceptionnellement réduits avec un modeste duetto à la fin de l’acte II et un minuscule tutti en conclusion de l’œuvre. Les airs sont généralement de forme semi da capo AA1BA’. Quelques airs sont plus simples en deux couplets et le duetto est à deux vitesses andante puis allegro. Ce qui a été dit sur le contenu des airs d’Antigona (2) s’applique également au présent opéra. Cette structure sans ensembles entraine inévitablement une certaine monotonie mais Myslivecek soutient l’intérêt de l’auditeur grâce à une
caractérisation poussée des personnages. Au centre de l’intrigue se trouvent Motezuma et sa fiancée Quacozinga. Motezuma incarne bien un personnage idéaliste qui voudrait la paix tout en sauvegardant l’identité de son peuple. Son attachement à des rites périmés, son indécision dans des moments cruciaux lui sera fatale. Quacozinga est un magnifique personnage féminin qui domine le plateau avec quatre airs et un duetto, elle ne croit plus en l’avenir de son peuple mais cherche courageusement à sauvegarder ce qui peut l’être encore. Cortés est à la fois le diplomate avisé mais aussi le soldat prêt à tout pour assurer la conquête. C’est lui toutefois qui finit par incarner la raison d’état.
Les sommets.
Acte I
Aria de Motezuma
Cara fiamma del moi sene. Air très doux. Motezuma proclame son amour pour son épouse Quacozinga.
Aria di Quacozinga.
Nel mar di tanti affani.
Aria di paragone. Quacozinga exprime son angoisse de l’avenir par un air avec da capo plein de feu.
Acte II
Aria de Cortés.
A mio Danno in vano. Aria avec da capo et un registre assez tendu en accord avec la violence du personnage. Rien ne peut résister à Cortés, ni les tempêtes, ni les armées les plus puissantes car la Fortune est avec lui.
Aria Lisinga.
Mi scordo lo scempio. C’est une ariette gracieuse sur un tempo di minuetto dont la musique ne concorde pas avec les paroles.
Aria Quacozinga.
Frena l’insano orgoglio.
Le sommet de l’opéra. Dans un magnifique
aria di furore, Quacoxinga menace Cortés avec un poignard ce qui de toute évidence tempère les ardeurs du conquistador pour la belle indienne.
Duetto Motezuma Quacozinga.
Ah ! Se mi sei fedele. Il termine l’acte II dans une situation très dramatique puisque Motezuma est ligoté par les Espagnols qui combattent avec succès les guerriers Aztèques. Motezuma et Quacozinga manifestent leurs angoisses.
Acte III
Aria Lisinga.
M’ingombra d’orrore. Seul air dans le mode mineur de la partition. Les Intervalles vocaux périlleux sont typiques du style « Sturm und Drang » pratiqué en cette année 1770.
Aria di Cortés.
Basta il mio brando solo.
Aria di furore. Cortés va faire parler la poudre ou plutôt le couteau ! Dans cet air il déclare vouloir obtenir, par les armes et pour la gloire de son roi, un résultat et non une vengeance.
(1)
http://en.wikipedia.org/wiki/Motezuma_(Mysliveček)(2)
https://haydn.aforumfree.com/t573-antigona-josef-myslivecek(3)
http://books.google.fr/books?id=bGbkj9MQ4wAC&pg=PA314-IA1&lpg=PA314-IA1&dq=Myslivecek+Montezuma+libretto&source=bl&ots=D9vzTf5xc9&sig=J5eP1yv0arakhrZeIO24t3ZY-B4&hl=fr&sa=X&ei=QyFaULS0FcuIhQep_ICQDw&sqi=2&ved=0CEoQ6AEwBg#v=onepage&q=Myslivecek%20Montezuma%20libretto&f=false