Quatuors à cordes HobIII.13-18

Quatuor à cordes HobIII.17
Il s'agit du fameux quatuor Sérénade en fa majeur opus 3 n° 5 attribué maintenant à Roman Hoffstetter comme Joachim nous l'a expliqué dans le fil consacré à ce musicien.

Ayant écouté intégralement ce quatuor j'ai constaté que le thème du premier mouvement Presto ressemblait beaucoup à du Haydn. En rassemblant mes souvenirs, je me suis rappelé le thème du menuetto de la symphonie n° 28 en la majeur de 1764 et j'ai constaté qu'il y avait une ressemblance troublante entre ces deux thèmes (Hoffstetter n'utilise toutefois pas la technique du bariolage employée avec humour par Haydn). On peut imaginer que c'est peut-être pour cette ressemblance que ce quatuor a été attribué en premier à J. Haydn.

Cela dit, les ressemblances s'arrêtent là, le style de Hoffstetter me semble mou, lâche, les harmonies faciles, il ne module presque pas. Joseph Haydn est infiniment plus aventureux au plan harmonique et son écriture est toujours bien plus serrée.

Je ne sais pas quand ce quatuor a été composé mais je parierais volontiers que sa date de naissance est bien plus tardive que celles de la symphonie en la majeur et a fortiori des opus 1 et 2 de J.Haydn. Auquel cas Hoffstetter aurait emprunté ce thème à Haydn ce qui n'a rien de choquant.

Tout cela me convainc s'il était encore nécessaire que Joseph Haydn est unique.

Dans une communication récente faite au forum Haydn.yahoo, le musicologue Anthony Hodgson revient sur l'attribution des quatuors HobIII.13-18 à Roman Hoffstetter.

Anthony Hodgson a récemment recueilli le témoignage d'amis ayant joué le fameux quatuor sérénade HobIII.17. Ces derniers ont constaté que ce quatuor est "slubbish", c'est-à-dire nul en bon français. En outre, Hodgson conteste l'attribution que l'on fait couramment à Roman Hoffstetter. Selon le musicologue, les éléments permettant de l'attribuer à Hoffstetter sont légers et donc son auteur reste à identifier. Il rappelle aussi que trois concertos pour alto ont été attribués d'abord hâtivement à Hoffstetter et publiés chez Breitkopf et Härtel sous ce nom avant que leur auteur véritable, Johann Martin Kraus ne soit identifié sans ambiguité.

Il continue en disant que du vivant de Haydn, la demande est si forte que l'offre ne suffit plus. Plusieurs éditeurs s'arrangent donc pour faire passer pour du Haydn l'oeuvre de compositeurs contemporains. C'est comme le château Lafitte, il s'en vend bien plus qu'on en produit!

Un mystère subsiste cependant puisque, selon des familiers de Joseph Haydn, ce dernier aurait déclaré qu'il était l'auteur des six quatuors de l'opus 3. Si l'on admet que Haydn ne peut être l'auteur de l'opus 3 pour des raisons de style, alors il faut faire l'hypothèse que les quatuors HobIII.13-18 sont des quatuors perdus.

J'ai donné dans le post précédent mon point de vue sur l'un de ces quatuors (le fameux Sérénade) et je pense en toute objectivité que le compositeur de ce quatuor de l'opus 3 n'est pas le même que celui des quatuors de l'opus 1, 2 et 9 etc…Alors que son auteur soit Hoffstetter ou un autre, cela ne m'intéresse plus beaucoup….

Dans une communication récente  au forum Haydn@Yahoogroups, Anthony Hodgson persiste et signe. L'attribution de l'opus 3 à Roman Hoffstetter est une ânerie….L'idée que les quatuors de l'opus 3 seraient perdus en est une également et à ce propos Hodgson dresse un parallèle avec les douze sonates perdues de Haydn. Elles ont été miraculeusement retrouvées et il s'est avérée que c'était un habile supercherie. Il suggère que les tenants de la théorie de Hoffstetter forgent eux-mêmes 6 quatuors opus 3 de Haydn!

Je comprends d'après les dire de Hodgson que les quatuors de l'opus 3 ayant été édités sous le nom de Haydn, sans apparemment protestation de ce dernier, ils font donc partie des 83 quatuors de Joseph Haydn jusqu'à preuve du contraire.

http://groups.yahoo.com/group/Haydn

Je ne me souviens plus pour quelle raison cet opus 3 a été attribué à Hoffstetter. On a peut-être retrouvé les partitions signées Hoffstetter ?
Ce qui est sûr, c'est que son catalogue des oeuvres comprend effectivement 6 quatuors à cordes op 3, datés de 1777.

As tu remarqué Pierrot, cette parenté entre la fameuse sérénade avec sourdines, et l'andante cantabile, également avec sourdines, du quintette à cordes en ut majeur P 108 de Michael Haydn ? Si l'opus 3 n'est pas de Hoffstetter ni de Joseph Haydn, on pourrait peut-être rechercher du côté de Michael ?

Joachim a écrit:

As tu remarqué Pierrot, cette parenté entre la fameuse sérénade avec sourdines, et l'andante cantabile, également avec sourdines, du quintette à cordes en ut majeur P 108 de Michael Haydn ? Si l'opus 3 n'est pas de Hoffstetter ni de Joseph Haydn, on pourrait peut-être rechercher du côté de Michael ?

Je vais l'écouter très bientôt et te donnerai mon avis.

A la place du quatuor sérénade archi-connu, je préfère donner ici un autre quatuor de l'opus 3: le quatuor en mi majeur n° 1:



Curieusement le premier thème du premier mouvement ressemble au thème principal (transposé dans le mode majeur) d'une symphonie de….Joseph Haydn (dernier mouvement de la symphonie La Passione)!
A part ça, je trouve ce quatuor tout à fait charmant (le mouvement lent est aussi une sérénade) mais bien peu haydnien ou alors il faudrait que Haydn ait dérogé à ses principes en écrivant une musique facile, destinée à plaire avant tout.  Je ne pense pas qu'il ait été capable d'une telle trahison de ses idéaux. Joseph Haydn peut être aussi charmant mais dans toutes ses oeuvres il y a en plus de la profondeur et cela fait toute la différence.

Piero1809 a écrit:

Je vais l'écouter très bientôt et te donnerai mon avis.

J'ai fait une petite cure de Michael Haydn, Joachim. Michael Haydn utilise fort habilement dans cet adagio cantabile de P108 le procédé de l'écho, utilisé aussi par son frère Giuseppe.

On peut trouver dans cet adagio quelques ressemblances avec la sérénade de l'HobIII.17. J'aime énormément l'adagio de Michael Haydn qui est un très grand musicien mais j'avoue que la sérénade attribuée à Hoffstetter ne me touche pas beaucoup. Pour moi c'est tout ce qui distingue cette oeuvre douteuse de n'importe quelle composition des deux frères Haydn.

Toutefois, il faut être prudent, le terrain est glissant. Donc prudence et considérons que l'opus 3 est de Joseph Haydn jusqu'à preuve du contraire.