Cette symphonie qui eut un succès monstre en Angleterre lors de sa création a été composée en 1794 lors du deuxième voyage de Haydn en Angleterre.
Après la belle introduction adagio, le premier mouvement offre un visage souriant et épanoui. Le rôle important des bois donne de belles couleurs au premier thème. Le second thème très spirituel jouera un grand rôle dans le développement. Les "ostinatos" issus de ce second thème sont d'un modernisme étonnant et annoncent Beethoven.
Marc Vignal rapporte les propos du Morning Chronicle de 9 avril 1794 à propos du 2ème mouvement:". ....C'est le départ pour la bataille; et la marche des soldats, la sonnerie de la charge, le tonnerre de l'assaut, le heurt des armes, le gémissement des blessés, et ce qu'on peut bien appeler le rugissement infernal de la guerre se gonfle et culmine en mélangeant le sublime et l'horrible!. ...."
Ce commentaire est révélateur de l'impression que fit cette symphonie à l'époque où elle fut créée.
Pour ma part j'aimerais signaler la transition géniale arrivant à la mesure 152: le thème de l'andante est énoncé pianissimo par les hautbois au dessus des murmures des cordes, une mesure de silence et les deux trompettes à l'unisson entament une sonnerie martiale et puissante sur un do. Après la troisième sonnerie, mon oreille attend.... le mi bémol du début de la 5ème symphonie de Gustave Mahler en ut dièze mineur!*
Nous avons déja évoqué certaines filiations spirituelles entre Haydn et Mahler et je n'y reviendrai pas ici. Dans la version d'Antal Dorati, la transition est remarquablement faite, je serais curieux de connaitre votre avis dans d'autres versions.
Après un magnifique menuetto, le finale, presto, est, à mon avis, avec l'andante, le sommet de l'oeuvre. J.Haydn a rarement composé un mouvement de sonate aussi complexe et puissant que celui-ci. Après une exposition de 50 mesures, le développement compte 170 mesures et est un des plus inventif de son auteur tout en n'utilisant comme matériel thématique que le début du thème principal. Dans la réexposition, réapparait la musique turque de l'andante, scellant ainsi l'unité de l'oeuvre.