Joseph Haydn (1732-1809) |
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| Muzio CLEMENTI (1752-1832) | |
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Auteur | Message |
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Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Sam 3 Juil - 16:06 | |
| Muzio Clementi nacquit à Rome en 1752 et mourut en Angleterre en 1832. Ayant composé plus de cent sonates pour piano, il eut la malchance d'être le contemporain de Mozart, Haydn et Beethoven. Actuellement l'enregistrement de toutes ses oeuvres pour piano révèle qu'il fut un des plus grands compositeurs pour cet instrument du 18ème siècle. http://fr.wikipedia.org/wiki/Muzio_Clementi | |
| | | JPS1827
Messages : 213 Points : 81 Date d'inscription : 01/06/2008 Localisation : Bourg la Reine
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Mer 14 Juil - 22:31 | |
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| | | Joachim
Messages : 664 Points : 814 Date d'inscription : 20/08/2007 Age : 78 Localisation : Nord
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Dim 18 Juil - 13:09 | |
| - JPS1827 a écrit:
- Horowitz a défendu ce compositeur et en a enregistré plusieurs sonates.
Un mouvement dont le début ne manquera pas d'interpeller l'auditeur…
https://www.youtube.com/watch?v=yAlUpCzrcwE Ce premier mouvement de la sonate en si bémol op 24 n° 2 a fait couler beaucoup d'encre. On reconnaît presque textuellement une partie de l'ouverture de la Flûte Enchantée. Pourtant la sonate a été composée en 1781, soit 10 ans avant la Flûte. Bien évidemment, plus tard, en 1804, Clementi, signale bien que "Cette sonate a été jouée par l'auteur devant Sa Majesté Joseph II en 1781 ; Mozart était présent"On ne saura jamais, bien entendu, si le thème a été utilisé par Mozart inconsciemment, ou bien si c'est une coïncidence. Personnellement je pencherais pour la coïncidence, car Mozart n'avait pas besoin qu'on lui fournisse des thèmes. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Lun 19 Juil - 22:02 | |
| - Joachim a écrit:
On ne saura jamais, bien entendu, si le thème a été utilisé par Mozart inconsciemment, ou bien si c'est une coïncidence. Personnellement je pencherais pour la coïncidence, car Mozart n'avait pas besoin qu'on lui fournisse des thèmes. C'est vrai que la ressemblance du thème principal de la sonate opus 24 n° 2 de Clementi avec celui utilisé par Mozart dans La Flûte Enchantée est frappante au point que je doute qu'il s'agisse d'une coïncidence. Mozart n'avait pas de propos assez méchants pour critiquer le compositeur d'opéras Vicenzo Righini."Il prend son bien là où il le trouve..." disait Mozart de Righini. Ici Mozart ne fait pas autre chose. L'essentiel n'est pas là! Au fond on peut dire aussi que Beethoven a copié la sinfonia de Bastien et Bastienne de Mozart pour l'immortaliser dans son Eroïca. Le thème a peu d'importance. C'est ce que l'on en fait qui est important. A partir de ce thème de Clementi, étendu, enrichi et transformé en sujet de fugato, Mozart va élaborer l' ouverture de la Flûte Enchantée, une de ses plus belles pièces symphoniques, d'une orchestration éblouissante et montrer l'étendue de son génie.
Dernière édition par Piero1809 le Ven 6 Aoû - 15:29, édité 3 fois | |
| | | Joachim
Messages : 664 Points : 814 Date d'inscription : 20/08/2007 Age : 78 Localisation : Nord
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Jeu 22 Juil - 11:02 | |
| Quand on pense Clementi, on pense d'abord piano, notamment à cause des fameuses sonatines opus 36 bien connues des apprentis pianistes. Et il est vrai que l'essentiel de ses opus concernent des sonates, fantaisies, rondos ou variations pour piano.
Certains des premiers opus de sonates sont en fait des trios pour piano, violon (ou flûte) et violoncelle, assez peu connus sous cette forme.
L'opus 18 est un recueil de 2 symphonies, les seules à avoir été éditées, en 1787. Ces deux symphonies sont typiques du style de l'époque post-mannheimiennes, mais à mon humble avis sont loin d'égaler celles que Haydn a composées vers 1787 !
Il aurait composé une vingtaine de symphonies et autant de concertos pour piano, mais ses manuscrits ont malheureusement été dispersés un peu partout, y compris aux USA ! Un concerto pour piano en ut majeur a été reconstitué à partir de la sonate opus 33 n° 3, qui en est une réduction, et dont on a retrouvé le manuscrit. Quatre symphonies ont été reconstituées par Marco Spada à la suite de la découverte de manuscrits éparpillés, parfois incomplets. Ces symphonies datent des dernières années de Clementi, c'est à dire des années 1810/1830. C'est un contraste étonnant par rapport à l'opus 18, ces symphonies étant d'essence romantique, assez proches il me semble des premières symphonies de Schubert.
Je communiquerai prochainement le catalogue de ses oeuvres. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Ven 6 Aoû - 15:34 | |
| Excellente idée Joachim. Muzio Clementi est certainement un des contemporains de Joseph Haydn dont la personalité est la plus forte.
Il gravite autour de Mozart, Joseph Haydn et Beethoven et nous permet de mieux comprendre l'évolution de ces derniers. | |
| | | Joachim
Messages : 664 Points : 814 Date d'inscription : 20/08/2007 Age : 78 Localisation : Nord
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Sam 7 Aoû - 12:41 | |
| J'ai finalement oublié de fournir ce catalogue Merci pour le rappel, Piero.Catalogue des oeuvres par opus : Opus 1 : Six sonates (1771) Opus 1 bis : Cinq sonates et Un duo pour 2 pianos (1780-1781) Opus 2 : Six sonates pour piano et violon (ou flûte) (1779) Opus 3 : Trois duos à 4 mains et Trois sonates pour piano et violon (ou flûte) (1779) Opus 4 : Six sonates pour piano et violon violon (ou flûte) (1790) Opus 5 : Trois sonates pour piano et violon et Trois fugues (1780-1781) Opus 6 : Un duo à 4 mains, Deux sonates pour piano et violon et Trois fugues (1780-1781) Opus 7 : Trois sonates (1782) Opus 8 : Trois sonates (1782) Opus 9 : Trois sonates (1783) Opus 10 : Trois sonates (1783) Opus 11 : Une sonate et Une toccata (1784) Opus 12 : Quatre sonates et Un duo pour 2 pianos (1784) Opus 13 : Six sonates, dont trois avec violon (ou flûte) (1785) Opus 14 : Trois duos à 4 mains (1786) Opus 15 : Trois sonates pour piano et violon (1786) Opus 16 : Sonate « La Chasse » (1786) Opus 17 : Capriccio (1787) Opus 18 : Deux symphonies (1787) Opus 19 : Clementi's Musical Characteristics (1787) Opus 20 : Sonate (1787) Opus 21 : Trois trios (1788) Opus 22 : Trois trios (1788) Opus 23 : Trois sonates (1790) Opus 24 : Deux sonates (1788) Opus 25 : Six sonates (1790) Opus 26 : Sonate (1791) Opus 27 : Trois trios (1791) Opus 28 : Trois trios (1792) Opus 29 : Trois trios (1793) Opus 30 : Sonate pour piano et violon (rév. de l'opus 2 n°2) (1794) Opus 31 : Sonate pour flûte et piano (rév. de l'opus 2 n°4) (1794) Opus 32 : Trois trios (1793) Opus 33 : Trois sonates (1794) Opus 34 : Deux sonates et Deux capricci (1795) Opus 35 : Trois trios (1796) Opus 36 : Six sonatines (1797) Opus 37 : Trois sonates (1798) Opus 38 : Douze valses (1798) Opus 39 : Douze valses (1800) Opus 40 : Trois sonates (1802) Opus 41 : Sonate (1804) Opus 42 : Introduction to the Art of Playing on the Piano Forte (1801) Opus 43 : Clementi's Appendix à l'opus 42 (1811) Opus 44 : Gradus ad Parnassum (1817, 1819, 1826): Recueil de 100 études pour piano Opus 46 : Sonate (1820) Opus 47 : Deux capricci (1821) Opus 48 : Fantaisie avec Variations sur l'Air « Au Clair de la Lune » (1821) Opus 49 : Douze monferrines (1821) Opus 50 : Trois sonates (1821) Les Sonatines "opus 37 et 38" sont des transcriptions des sonates opus 4, non effectuées par Clementi et non reconnues par lui. Elles sont sensées compléter les sonatines à succès opus 36 (qui, elles, sont bien de Clementi). Et oeuvres sans opus : 18 Composizioni senza numero d'opera Op-sn 1-18 (WO 2, 3, 5, 8, 10, 11, 13-23) per Clavicembalo o Pianoforte Clementi's Selection of Practical Harmony WO 7 per Organo o Pianoforte Musica vocale: 2 Canzonette Op-sn 24 (WO 4) per Soprano e Clavicembalo o Pianoforte; Melodies of different Nations Op-sn 25 (WO 9) per Voce e Pianoforte Nonetto WO 30-31 per Flauto, Oboe, Clarinetto, Fagotto, Corno, Violino, Viola, Violoncello e Contrabbasso; Canone finito a tre WO 29 per 2 Violini e Viola Ouvertura in Re e Minuetto Pastorale (WO 36) per Orchestra Sinfonia [n. 1] Op-sn 34 in Do maggiore (WO 32) Sinfonia n. 2 (WO 33) per Orchestra Sinfonia n. 3 (WO 34) per Orchestra Sinfonia n. 4 Op-sn 37 in Re maggiore (WO 35) Concerto Op-sn 30 in Do maggiore per Pianoforte e Orchestra (ms. Johann Schenk, 1796) | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Lun 8 Nov - 22:58 | |
| La sonate en si bémol majeur opus 24 n°2 de Muzio Clementi, citée déjà plus haut par Joachim et JPS, doit sa célébrité relative au fait que le thème de son premier mouvement a peut-être inspiré Wolfgang Mozart lorsqu'il composa sa fameuse ouverture de La Flûte Enchantée. Cette sonate a été composée en 1781 soit dix ans avant le chef-d'oeuvre de Mozart et Clementi la joua avec la toccata en si bémol au cours de la joute musicale qui l'opposa à Mozart en 1782 à la demande de l'empereur Joseph II. Si Mozart trahit dans sa correspondance le peu de sympathie qu'il éprouve envers Clementi: " Clementi est un charlatan comme tous les italiens...", dit-il dans une de ses lettres, il n'empêche qu'il reconnaissait certainement ses qualités et sa technique car la musique pour piano de Mozart témoigne de l'influence de Clementi. Cette empreinte n'est pas visible dans las sonates KV 330, 331 (alla turca) et 332 composées en 1783 ni dans la sonate en si bémol KV 333 de 1784 (1) mais dans plusieurs oeuvres pianistiques composées à partir de 1786. En 1781 Joseph Haydn avait déjà une cinquantaine de sonates à son actif, les dernières nées étant les magnifiques sonates n° 52 en sol majeur (HobXVI.39) et n° 53 en mi mineur (HobXVI.34) et il est très possible que Clementi connaissait plusieurs sonates de Haydn et peut-être les sonates citées car le mouvement lent de la sonate en si bémol opus 24 n° 2 n'est pas sans rappeler leurs splendides adagios. Le premier mouvement allegro con brio 4/4 est construit sur un thème unique, il s'agit du thème fameux dont Mozart s'inspira peut-être pour l'ouverture de la Flûte Enchantée. Le thème composé d'un court motif d'une mesure répété deux fois est suivi par deux énergiques accords arpégés. Une transition assez longue aboutit à la dominante et à la place d'un second thème, c'est le thème initial réduit à un seul motif qui revient. Il sera répété encore plusieurs fois avant les barres de reprises. Le développement commence avec le thème en fa mineur et se poursuit avec une fantaisie consistant en un vaste mouvement d'arpèges modulés. La réexposition présente quelques changements par rapport à l'exposition. En particulier la transition qui suit l'exposé du thème est allongée et donne lieu à des modulations nouvelles Il est certain que ce morceau très structuré témoigne de l'influence de Joseph Haydn. L' andante quasi allegretto en fa majeur 2/4 est construit comme un morceau de sonate sans développement. C'est une courte pièce pleine d'expression qui se déroule sans heurts. Il est indéniable que le finale Allegro assai 2/4 est le mouvement le plus original. C'est un puissant rondo dans lequel Clementi marque sa différence avec Haydn et Mozart. C'est le mouvement le plus virtuose des trois, on n'y trouve pas les fameuses gammes de tierces dont il est spécialiste mais beaucoup d'octaves aux deux mains, beaucoup d'octaves brisés également et de puissants accords massifs. Sa structure très simple est la suivante: A (refrain) B (couplet) A B'. Le couplet B' est très proche de B et est suivi par une courte et puissante coda fortissimo puis tout se calme et le morceau finit pianissimo (2). (1) Pendant longtemps on a pensé que ces sonates avaient été composées en 1778 lors du séjour Parisien de Mozart. Curieusement c'est dans une oeuvre inachevée: la fantaisie pour piano et violon en ut mineur KV 396 de 1782 que l'on trouve des traits de virtuosité traduisant l'influence de Clémenti. (2) http://imslp.info/files/imglnks/usimg/a/a8/IMSLP22789-PMLP52159-Clementi_-_24_n.2_-_Sonata_Bb__ed.Moscheles_.pdf
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| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Mer 10 Nov - 12:14 | |
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Dernière édition par Piero1809 le Lun 15 Nov - 12:20, édité 1 fois | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Lun 15 Nov - 12:14 | |
| Au fur et à mesure que j'écoute les sonates de Muzio Clementi, je réalise que sa musique est indispensable à connaître si l'on veut comprendre l'évolution du style pianistique de Wolfgang Mozart, Joseph Haydn et surtout Ludwig van Beethoven.
Un point m'intrigue toutefois. De nombreux documents relatent que lors de la compétition qui l'opposa à Mozart en 1782, Clementi joua la sonate opus 24 n° 2 en si bémol majeur. L'anecdote, rapportée par Clementi lui-même, est d'autant plus belle que c'est bien cette sonate qui renferme le thème fameux qui aurait inspiré Mozart lors de la composition de l'ouverture de la Flûte Enchantée, quelques dix années plus tard.
Pourtant le catalogue complet de l'oeuvre de Clementi (voir plus haut le post de Joachim) indique clairement que cette sonate est datée de 1788 et aurait été composée bien après cette rencontre historique entre deux des plus valeureux pianistes de l'époque! Il y a là une contradiction que je ne m'explique pas et je suis réduit à deux hypothèses: -la date de 1788 correspondrait à la publication des oeuvres et non leur composition; -Clementi aurait un peu enjolivé l'histoire afin d'insister sur son rôle de précurseur dans la genèse d'un thème qui deviendra fameux entre tous!
En tout état de cause il semble que l'empereur Joseph II ne départagea pas les adversaires et les déclara ex-aequo. Plus habitué au style autrichien d'un Mozart, il n'apprécia peut-être pas à sa juste valeur Clementi qui, si l'on compare les oeuvres composées par les deux adversaires peu avant 1782 (sonates opus 7 n°1-3 pour Clementi, sonates KV 309, 310 et 311 pour Mozart), aurait du gagner ce duel (1).
(1) Sans faire ici de jugements de valeur sur la musique, on peut dire objectivement que la technique pianistique de Clementi était bien plus audacieuse que celle de Mozart au moment de leur duel. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Lun 15 Nov - 12:22 | |
| L'adresse du BLOG Passée des Arts consacré à Muzio Clementi était fausse. Elle vient d'être corrigée. Mille excuses pour le désagrément! | |
| | | Joachim
Messages : 664 Points : 814 Date d'inscription : 20/08/2007 Age : 78 Localisation : Nord
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Mar 16 Nov - 11:56 | |
| - Piero1809 a écrit:
Un point m'intrigue toutefois. De nombreux documents relatent que lors de la compétition qui l'opposa à Mozart en 1782, Clementi joua la sonate opus 24 n° 2 en si bémol majeur. L'anecdote, rapportée par Clementi lui-même, est d'autant plus belle que c'est bien cette sonate qui renferme le thème fameux qui aurait inspiré Mozart lors de la composition de l'ouverture de la Flûte Enchantée, quelques dix années plus tard.
Pourtant le catalogue complet de l'oeuvre de Clementi (voir plus haut le post de Joachim) indique clairement que cette sonate est datée de 1788 et aurait été composée bien après cette rencontre historique entre deux des plus valeureux pianistes de l'époque! Il y a là une contradiction que je ne m'explique pas et je suis réduit à deux hypothèses: -la date de 1788 correspondrait à la publication des oeuvres et non leur composition; -Clementi aurait un peu enjolivé l'histoire afin d'insister sur son rôle de précurseur dans la genèse d'un thème qui deviendra fameux entre tous! La sonate op 24 n° 2 a, comme on le sait, été interprétée le jour de Noël 1781 devant Joseph II (avec la Toccata en si bémol op 11 n° 2). La date de 1788 est celle de l'édition de Londres. Plus tard, en 1804, elle a été rééditée à Vienne, légèrement modifiée, sous le numéro d'opus 41 n° 2. C'est à l'occasion de la réédition de 1804 que Clementi a annoncé " Cette sonate a été jouée par l'auteur devant S.M.I. Joseph II en 1781, Mozart étant présent". | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Mar 16 Nov - 12:13 | |
| Merci beaucoup Joachim pour cette réponse claire et précise qui dissipe tous mes doutes. Je suis pleinement convaincu de la grandeur de Muzio Clementi. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Sam 20 Nov - 12:09 | |
| Sonate en sol mineur opus 7 n° 3
En parcourant une intégrale des oeuvres pour piano de Muzio Clementi, je suis tombé sur cette sonate en sol mineur composée en 1782 et j'ai été renversé par sa beauté.
Le premier mouvement allegro con spirito 2/4 est une forme sonate vigoureusement charpentée à deux thèmes. Le premier thème est mélancolique et rêveur, le second introduit par un énergique dessin à la main gauche est plus volontaire et dominateur. Dans tout ce premier mouvement on constate l'a présence d'accords massifs fortissimo qui viennent ponctuer le discours musical. Le développement est construit sur l'opposition entre le premier thème élégiaque et de farouches unissons fortissimo. Une courte coda romantique clôt ce mouvement.
Comme beaucoup de mouvements lents de sonates de Clementi, le Cantabile e Lento central 3/4 est très court mais très dense. Ecrit en contrepoint à trois voire quatre voix c'est une forme sonate sans développement. Le thème unique est empreint d'une grande noblesse.
Le Presto final 6/8 en sol mineur est sans doute ce que l'on peut entendre de plus Beethovenien avant la lettre. A l'écoute de ce morceau on comprend d'où vient le finale Presto de la sonate en fa mineur opus 2 n° 3 composée par Beethoven plus de dix ans après cette sonate de Clementi. Le formidable premier thème débute forte avec des gammes d'octaves à la main gauche scandés de puissants accords à la main droite. A ce thème impérieux répond un motif angoissé qui vient mourir pianissimo. Le développement est le point focal du mouvement, entièrement bâti sur le premier thème, il débute avec la réponse piano aux gammes d'octaves qui par enharmonie passe à sol dièze mineur. Les modulations atteignent maintenant une audace et une rudesse évoquant parfois Chopin et un passage d'une violence incroyable avec des gammes d'octaves aux deux mains par mouvements contraires qui s'entrechoquent, amène la réexposition. Cette dernière est rendue plus intense par la transposition du discours musical en sol mineur et quelques phrases lugubres terminent cette extraordinaire sonate par une question à laquelle il n'est pas donné de réponse.
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| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Mar 15 Mar - 11:32 | |
| A noter qu'on peut écouter ces oeuvres et notamment la magnifique sonate en sol mineur opus 7 n° 3 dans le volume 1 de l'intégrale de Costantino Mastroprimiano éditée par Brilliant Classique à prix très doux.
Mastroprimiano interprète ces oeuvres de Clementi sur un fortepiano avec émotion et rigueur. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Sonate en fa mineur opus 13 n° 6 Jeu 21 Juil - 21:52 | |
| Sonate opus 13 n° 6 en fa mineur Au cours de la seconde moitié du dix huitième siècle, le mode mineur est utilisé par les compositeurs pour exprimer la mélancolie, la tristesse , le drame. C’est fréquent chez Joseph Haydn, ça l’est encore plus chez Mozart. C’est systématique chez Muzio Clementi. Chez ce dernier compositeur et dans sesnombreuses séries de trois ou six sonates, il y a un fossé entre les sonates assez insouciantes écrites dans le mode majeur et l’unique sonate dans le mode mineur. Dans le cas des six sonates de l’opus 13, la sonate n° 6 en fa mineur composée en 1785 se distingue par son caractère passionné et aventureux au plan harmonique. Cette sonate en fa mineur a une autre caractéristique, la virtuosité, très fréquente dans les sonates de cette époque, a pratiquement disparu, l'écriture est majoritairement linéaire, il n’y a presque plus de gammes de tierces, de sixtes, et peu d’octaves brisés ou non aux deux mains. Clementi veut exprimer des sentiments intenses et utilise les moyens appropriés (harmonie, contrepoint, élaboration thématique) qui excluent les traits de virtuosité.
L’allegro agitato initial est un modèle d’élaboration thématique. Tout découle du thème initial, formé par la superposition de deux motifs, une cellule de quatre notes à la main gauche et une cellule formée d’une blanche et de deux triolets à la main droite. Durant tout ce magnifique morceau, ces deux cellules vont alterner ou se superposer avec une logique sans faille. Durant l’exposition, et en guise de second thème, on remarque que la cellule de quatre notes, mi bémol, fa bémol, re bémol et do, motif répété avec obstination, n’est autre que le motif DSCH (ré, mi bémol, do, si, initiales de Dimitri Schostakovitch) (1), transposé en la bémol majeur. Une certaine ascèse caractérise ce mouvement entièrement dépourvu de virtuosité et de traits brillants. Clementi va à l’essentiel.
Chez Haydn et chez Mozart, un allegro dans le mode mineur est généralement suivi d’un mouvement lent dans le mode majeur. Il n’en est rien chez Clementi qui ici (et dans d’autres œuvres postérieures) fait suivre un allegro mineur par un largo sostenuto en ut mineur 3/4. On reste dans l’ambiance sombre et grave du premier mouvement avec un surcroît de profondeur. Le thème initial chromatique exprime une douleur profonde et est suivi d’un ample chant richement accompagné à la main gauche d’un caractère plus serein. Ces deux thèmes alternent et donnent aussi à ce largo un caractère de récitatif. On remarquera le soin apporté aux nuances dans ce morceau qui vont de l’extrême pianissimo au fortissimo.
Dans le dramatique presto final en fa mineur 3/8, on retrouve l’ambiance du premier mouvement en plus emporté et véhément. Alors que la plupart des sonates de Clementi se terminent par un rondo, on a ici une structure sonate. Le premier thème est mélancolique tandis que le second au relatif majeur est puissant et dominateur avec des octaves à la main gauche et de lourds accords à contre temps à la main droite. Après un développement assez court la reexposition est complètement modifiée et fait office de second développement. C’est dans l’exaltation que se termine ce mouvement qui montre clairement où Beethoven a puisé l’inspiration de ses premières sonates..
(1) Le motif DSCH se rencontre dans les symphonies n° 10 et n° 15. de Chostakovitch.
Dernière édition par Piero1809 le Lun 20 Fév - 11:21, édité 4 fois | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Sam 23 Juil - 13:18 | |
| Il existe plusieurs enregistrements de la magnifique sonate en fa mineur opus 13 n° 6. Je connais et j'apprécie particulièrement: Olivier Cavé, Didone abbandonata du nom, très opéra seria, d'une autre sonate présente dans l'enregistrement. Costantino Mastroprimiano, volume III de son enregistrement integral des sonates de Clementi. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Sam 21 Sep - 10:50 | |
| - Joachim a écrit:
Ouvertura in Re e Minuetto Pastorale (WO 36) per Orchestra Sinfonia [n. 1] Op-sn 34 in Do maggiore (WO 32)
Sinfonia n. 2 (WO 33) per Orchestra
Sinfonia n. 3 (WO 34) per Orchestra
Sinfonia n. 4 Op-sn 37 in Re maggiore (WO 35)
Je crois que Joachim a déjà parlé de ces symphonies de Muzio Clementi mais je ne sais où. J'ai écouté les symphonies WO 34 et WO 35. Ce sont des reconstructions faites par Pietro Spada à partir d'un manuscrit incomplet. Le résultat est probant, ces symphonies sont très intéressantes, la symphonie n° 4 en ré majeur WO 35 en particulier qui aurait été jouée à Leipzig du vivant de Clementi en 1822 mais probablement composée quelques années auparavant. Son lyrisme préromantique aux sonorités flamboyantes (1) me semble distinct du style de Beethoven et me fait plutôt penser à Mendelssohn. Dans la symphonie n° 3 en sol majeur, Great National Symphony, exécutée en 1824, on entend plusieurs fois l'ébauche de l'hymne britannique. Il est heureux que l'on puisse écouter maintenant ces symphonies qui constituent en quelque sorte, avec le Gradus ad Parnassum, le testament musical du compositeur. (1) Marc Vignal, Muzio Clementi, Fayard 2003. | |
| | | Joachim
Messages : 664 Points : 814 Date d'inscription : 20/08/2007 Age : 78 Localisation : Nord
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Mer 2 Oct - 11:02 | |
| - Piero1809 a écrit:
- Joachim a écrit:
Ouvertura in Re e Minuetto Pastorale (WO 36) per Orchestra Sinfonia [n. 1] Op-sn 34 in Do maggiore (WO 32)
Sinfonia n. 2 (WO 33) per Orchestra
Sinfonia n. 3 (WO 34) per Orchestra
Sinfonia n. 4 Op-sn 37 in Re maggiore (WO 35)
Je crois que Joachim a déjà parlé de ces symphonies de Muzio Clementi mais je ne sais où.
C'était page précédente : L'opus 18 est un recueil de 2 symphonies, les seules à avoir été éditées, en 1787. Ces deux symphonies sont typiques du style de l'époque post-mannheimiennes, mais à mon humble avis sont loin d'égaler celles que Haydn a composées vers 1787 !
Il aurait composé une vingtaine de symphonies et autant de concertos pour piano, mais ses manuscrits ont malheureusement été dispersés un peu partout, y compris aux USA ! Un concerto pour piano en ut majeur a été reconstitué à partir de la sonate opus 33 n° 3, qui en est une réduction, et dont on a retrouvé le manuscrit. Quatre symphonies ont été reconstituées par Marco Spada à la suite de la découverte de manuscrits éparpillés, parfois incomplets. Ces symphonies datent des dernières années de Clementi, c'est à dire des années 1810/1830. C'est un contraste étonnant par rapport à l'opus 18, ces symphonies étant d'essence romantique, assez proches il me semble des premières symphonies de Schubert.Je possède l'intégrale des 6 symphonies (2 opus 18 et les 4 WoO) en 3 CD, dirigées par Francisco d'Avalos. Il y a un net contraste entre l'op 18 qui date de 1787 (et qui comme je disais ci dessus, malgré leurs dates sont plutôt pré-classiques que classiques) et les quatre dernières, qui datent de 1807 pour la première, et 1832 pour les trois autres. Ces dernières sont plutôt romantiques. Pour compléter cette intégrale de la musique orchestrale de Clementi, l'enregistrement comporte un Minuetto pastorale et une pièce orchestrale en ré majeur (baptisée ouverture) qui seraient des mouvements d'une symphonie incomplète, ainsi qu'une "ouverture" en ut majeur qui serait le 1er mouvement d'une symphonie dont les autres mouvements sont perdus. Enfin, on y trouve le concerto pour piano en ut majeur, reconstitué d'après la sonate op 33 n° 3 qui en est une réduction. J'ai trouvé un article intéressant en anglais sur Clementi http://www.theatlantic.com/past/docs/issues/96may/clementi/clementi.htmOn peut évidemment faire la traduction Google, qui malgré ses imperfections, permet quand même de comprendre le texte ! | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Mer 2 Oct - 13:15 | |
| Merci beaucoup Joachim pour ces précisions et informations. Clementi est un compositeur passionnant et alors vraiment sous-estimé! | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Sonate en fa# mineur opus 25 n°5 Sam 11 Jan - 12:05 | |
| La sonate en fa# mineur opus 25 n° 5 de Muzio Clementi est composée en juin 1790 à Londres et fait partie d'un groupe de six sonates. Cette sonate est intensément expressive, la technique pianistique, moins virtuose qu'à l'accoutumée, est mise au service de l'expression d'affects: la passion, la tristesse, le dépit amoureux....
Piu tosto Allegro con espressione. Fa# mineur 2/4. Ce magnifique morceau est construit sur un thème unique. Ce dernier rappelle Domenico Scarlatti; énoncé calmement et longuement , il parcourt, subtilement varié, toute l'exposition qui se termine à la dominante mineure (ut# mineur) alors que dans la tradition classique elle doit se terminer au ton relatif majeur (la majeur). On remarque dans cette exposition un passage syncopé où la main droite est décalée d'un quart de temps par rapport à la gauche, procédé très utilisé par Haydn dans sa période Sturm une Drang. Le développement basé sur le thème initial est très pathétique, on y remarque un passage ou le thème initial fait l'objet d'imitations entre les deux mains, générant des dissonances troublantes. La rentrée est complètement refondue et témoigne d'une invention impressionnante. On admire en particulier les croisements de mains amenant le thème dans les profondeurs du piano. Contrairement à beaucoup de sonates de Clementi, il y a peu de virtuosité dans ce mouvement.
Lento e patetico. Si mineur 2/4. Une fois de plus Clementi compose un mouvement lent dans le mode mineur dans une sonate écrite dans le même mode alors que la coutume classique, pratiquée par Haydn et Mozart en particulier, veut que, dans le cas d'une oeuvre en mineur, le mouvement lent soit écrit dans le mode majeur. Le titre du morceau est parfaitement représentatif de l'ambiance voulue par l'auteur. De forme très simple: structure sonate sans développement, ce court morceau est intensément expressif et m'évoque Schubert.
Presto Fa# mineur 3/8. Ce finale très agité emporte tout sur son passage. C'est une structure sonate à deux thèmes. La virtuosité reprend ici ses droits: les gammes de tierces et d'octaves parallèles, d'exécution très périlleuse du fait du tempo très rapide, ne sont jamais gratuites mais sont au service de l'expression d'affects.
Une telle sonate, écrite à l'apogée du classicisme, est déjà, par l'intensité des sentiments qu'elle exprime, typiquement romantique et ouvre la voie à Beethoven (1). Au moment où Clementi composait cette sonate, Haydn avait publié sa sonate n° 58 en ut majeur HobXVI.48 (1789) et écrivait sa sonate n° 59 en mi bémol majeur HobXVI.49. Mozart de son côté avait écrit la sonate en ré majeur La Chasse K 576 (1789).
(1) Marc Vignal, Muzio Clementi, Fayard/Mirare, 2003, pp.47,48. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Ven 28 Fév - 22:55 | |
| La sonate en sol mineur opus 34 n°2 de Muzio Clementi fait partie d'un groupe de deux composées à Londres en 1795.
Par l'intensité des sentiments qu'elle exprime, par sa concision, sa densité, son caractère passionné, son audace harmonique elle est peut-être la plus Beethovénienne de toutes les sonates du compositeur. C'est ma préférée parmi les sonates de ce grand maître méconnu.
Une introduction Largo e sostenuto 4/4 tragique et dissonante ouvre la sonate. Selon Marc Vignal, le thème rappelle la marche funèbre ouvrant le mouvement lent de la symphonie n° 3, Héroïque, de Beethoven composée en 1804 (1). L'allegro con fuoco 3/4 qui suit est un prodigieux mouvement de sonate bâti sur un thème unique constitué de trois notes brèves suivies d'une longue (un motif utilisé par Mozart dans son fameux concerto pour piano n° 25 en do majeur K 503 datant de 1786) qui sera soumis à toutes sortes de modifications, combinaisons, renversements, variations. Le développements débute avec un retour de l'introduction lente suivi par un retour du thème principal en valeurs longues dans un tempo très allongé, l'effet est magnifique et d'une grande plénitude. C'est du grand piano romantique! Une longue coda conclut dans un climat tour à tour passionné et désespéré. Le mouvement lent Poco adagio en mi bémol majeur 6/8 est une éclaircie dans ce contexte orageux. Il débute avec calme et douceur mais toutefois des nuages apparaissent rapidement et ce mouvement s'achève dans la tristesse. Le finale Molto allegro 2/4 est le climax dramatique de l'oeuvre. A son écoute, on comprend aisément où Beethoven a trouvé l'inspiration pour composer sa sonate pathétique opus 10 composée trois ans plus tard. Le finale de Clementi est absolument déchainé, plus concis et lapidaire que tout ce que Beethoven écrira plus tard; c'est un morceau d'un intérêt musicologique palpitant. On remarquera en particulier l'extraordinaire passage dans lequel le thème revient à la main gauche tandis que la main droite se lance dans un ostinato tournoyant absolument frénétique qu'on attendrait volontiers chez Bela Bartok!
(1) Marc Vignal, Muzio Clementi, Fayard/Mirare, 2003, pp. 63-64. | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Jeu 6 Mar - 22:18 | |
| Deux interprétations magistrales pour cette admirable sonate en sol mineur opus 34 n° 2: Costantino Mastroprimiano chez Brilliant Classic Olivier Cavé chez AEON | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Ven 11 Avr - 22:07 | |
| Sonate en si mineur opus 40 n° 2.Muzio Clementi l'a composée en 1802. Le rapprochement avec la sonate Clair de Lune en ut# mineur opus 27 n° 2 contemporaine de Beethoven s'est imposé à moi. En tous cas, comparée à la sonate de Beethoven, la sonate de Clementi tient parfaitement la route par sa coupe très originale, son audace harmonique, sa technique pianistique et son romantisme affirmé sans détours. Les quatre mouvements sont dans la même tonalité de si mineur. Le premier mouvement Molto adagio e sostenuto est tragique et très concentré. Le deuxième mouvement Allegro con fuoco e con espressione est une puissante structure sonate à deux thèmes dont le premier renferme une grande énergie interne et le second est plus doux et lyrique. Le style est profondément romantique et révèle une âme tourmentée. Au détour d'une phrase musicale on est surpris par une tournure typique de Scarlatti mais d'autres passages évoquent plutôt Chopin. L'énorme développement est construit principalement sur le premier thème et passe par des modulations bouleversantes. La réexposition très concentrée résume en quelques phrases l'essence de ce magnifique morceau. Troisième mouvement Largo mesto e patetico. Ce mouvement lent est d'une grande nudité, la main droite du pianiste expose un chant continu à la manière d'une déploration et la main gauche dessine un accompagnement quasi transparent, un peu comme Joseph Haydn dans certaines de ses sonates pour piano, l'adagio de la sonate en mi mineur HobXVI.34 par exemple (1). Quatrième mouvement Allegro. Ce mouvement me donne le frisson. De nature élégiaque il contraste avec la véhémence du second mouvement. L'écriture est résolument contrapuntique avec des canons et imitations entre les deux mains qui évoquent une invention de Jean Sébastien Bach ou encore plus une sonate de Domenico Scarlatti, la sonate en si mineur K 27 par exemple. Les harmonies sont bouleversantes puis tout s'arrête et on entend de nouveau le Largo mesto e patetico qui déroule une deuxième fois ses volutes endeuillées. Suit un Presto déchainé que Marc Vignal compare à la fin de la sonate Appassionata opus 57 de Beethoven datant de 1804-5. L'écoute de cette sonate en si mineur de Clementi est une expérience inoubliable (2).
(1) https://haydn.aforumfree.com/t132-sonate-n-53-en-mi-mineur-hobxvi34-la-favorite-bis(2) http://www.qobuz.com/album/muzio-clementi-clementi-didone-abbandonata-scene-tragiche/3760058360941
Dernière édition par Piero1809 le Sam 12 Avr - 21:48, édité 1 fois | |
| | | Piero1809 Administrateur
Messages : 3104 Points : 3334 Date d'inscription : 18/08/2007 Localisation : Alsace
| Sujet: Re: Muzio CLEMENTI (1752-1832) Sam 12 Avr - 11:30 | |
| A partir de 1802, la production pianistique de Muzio Clementi devient plus sporadique, de 1802 à 1832 (date de sa mort), deux sonates isolées les opus 41 et 46 verront le jour, un seul cycle de trois sonates sera composé vers 1821, l'opus 50 comportant la fameuse sonate en sol mineur Didone Abbandonata. En fait Clementi a maintenant d'autres ambitions, il vise à mettre un terme à plusieurs symphonies en chantier (les quatre WO 32-35), entreprise qu'il n'arrivera pas à mener à bien. D'autre part il fait de gros efforts pour publier un maximum d'oeuvres de Beethoven dans sa maison d'édition. Enfin il termine son oeuvre pédagogique en publiant les trois volumes du Gradum ad Parnassum dont le dernier paraîtra en 1826 (1).
En 1802 Joseph Haydn écrit encore sa magnifique Harmonie Messe et arrête sa plume sur le manuscrit du quatuor en si bémol majeur-ré mineur opus 103. Alors que la maladie est la cause de la retraite musicale de Haydn, d'autres considérations expliquent la relative inactivité de Clementi, voire son silence (il ne donne presque plus de récitals). Avec le cycle de l'opus 40 et en particulier la sonate en si mineur opus 40 n° 2, Clementi quitte en beauté la scène pianistique. Voilà ce que je suis capable de faire et mon contrat est bien rempli, nous dit-il en substance (du moins c'est mon interprétation). Il laisse ainsi le champs libre à Beethoven qu'il admirait par dessus tout. La magnifique sonate Didone abbandonata, contemporaine des dernières sonates de Beethoven, relève d'un univers tout différent, c'est une pièce Hors d'Oeuvre, sorte de cantate néo-baroque sans paroles. On en dira quelques mots ultérieurement.
(1) Marc Vignal, Muzio Clementi, Fayard/Mirare, 2003. | |
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