Joseph Haydn
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Joseph Haydn

(1732-1809)
 
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 L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa

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Piero1809
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MessageSujet: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeVen 29 Mai - 21:57

Composé en 1778, L'Italiana in Londra, Melodramma giocoso de Domenico Cimarosa (1) sur un livret de Giuseppe Petrosellini fut représenté au Théatre Vallé à Rome en décembre de la mâme année. Le succès fut immédiat et l'opéra fit rapidement le tour de l'Europe.
Joseph Haydn le monta à Ezsterhaza en 1783 et le fit représenter de nouveau en 1787. Il ne semble pas que cet opéra fut modifié à cette occasion, en tous cas, à ma connaissance, aucun air d'insertion ne fut composé par Haydn pour cet opéra.

Synopsis. Livia est hébergée à Londres sous le nom de Mademoiselle Errichetta par Madame Brilliante. Milord, comte d'Arespingh lui a promis jadis le mariage mais sous la pression de son père, a du y renoncer pour cause de mésalliance. Livia qui est italienne et n'est pas noble, est également courtisée par Don Polidoro, un riche napolitain pas très futé et par Sumers, un puissant négociant hollandais. Ce dernier est suffisemment lucide pour ne pas se faire d'illusions et décide de veiller paternellement au destin de Livia. Par contre Don Polidoro se berce d'espoirs. Madame Brillante se désespère de l'indifférence à son égard de tous ces beaux partis et imagine un stratagème pour piéger Don Polidoro. Elle fait briller une pierre précieuse appelée Elitropia qui rend invisible et, à Don Polidoro qui se plaint de ne jamais voir Livia, elle dit que cette dernière, grâce à l'Elitropia est toujours présente à ses côtés de façon discrète. Don Polidoro est sur un nuage. Entre temps, Milord a obtenu de son père l'autorisation de convoler en justes noces avec Livia. Au moment où cette dernière est prête à retourner en Italie avec l'aide de Sumers, Milord se déclare sans ambiguité à Livia, Don Polidoro se console avec Madame Brillante et Sumers se réjouit du bon travail accompli. L'union des deux amoureux peut donc se faire dans la liesse générale.

Le Style. Le livret avait tout pour plaire: il oppose clairement l'aristocrate arrogant et oisif (Milord) au bourgeois laborieux (Sumers) dont la puissance économique ne cesse de croître. De même l'amour partagé surmonte les difficultés, les conventions et toutes sortes de barrières sociales.
En ce qui concerne la musique, l'Italiana in Londra est à Armida immaginaria (1777), pour Cimarosa, ce que La Frascatana est à Socrate immaginario (1775), dans le cas de Paisiello. Après un pastiche d'opéra seria, tout imprégné de la réforme de Calzabigi, Gluck et Traetta, les deux compositeurs napolitains écrivent une oeuvre toute différente. Comme La Frascatana, L'Italiana in Londra est une suite de récitatifs secco et d'airs. De ce point de vue la fantaisie et la folie qui régnaient dans Armida immaginaria laissent place à un classicisme à la limite conventionnel. De plus l'orchestration devient rudimentaire, la première place revient aux violons et les vents sont réduits à la portion congrue. Tout l'intérêt va donc se concentrer dans les ensembles qui terminent les deux actes.

Les Hits. Comme on l'a vu dans le cas de la Frascatana de Paisiello, les airs très nombreux donnent une impression de relative monotonie. Généralement courts, leur fixité tonale est frappante. les modulations ne quittent pas la dominante ou la sous dominante et on s'aventure rarement dans le mode mineur. Toutefois ces airs ont une noblesse et une intensité frappantes.
Parmi ceux-ci, j'ai préféré

Au premier acte:
l'air de Livia "Straniera abbandonata..." donne de façon saisissante un portrait de cette femme fière et indomptable.

l'air de Milord "Sire: io vengo à vostri piedi". Milord promet qu'il ira chez le roi demander la main de Livia! Malgré ses défauts, sa suffisance, sa morgue, Milord parait dans cet air sincèrement épris de Livia et exprime ses sentiments de manière très passionnée.

Au second acte:
Don Polidoro "O che gusto, che piacere..." forme avec Madame Brillante un couple comique original. Dans cet air débridé, il imagine toutes les facéties qu'il pourra faire en se rendant invisible avec l'Elitropia.

Livia a, à son actif, un récitatif accompagné et un grand air "Dunque per un infido..." qui ne dépareraient pas un opera seria: A la fin de l'air la répétition d'un motif musical donne à la musique un côté incantatoire typique de nombreux airs de cet opéra.

Comme on l'a déjà dit l'intérêt musical et dramatique se concentre dans les deux finales d'actes. Celui de premier acte est particulièrement important, il dure près de dix sept minutes (120 pages de partition) (2). Il commence dans un tempo modéré et finit prestissimo au fil d'une impressionnante acceleration frénée en son milieu quand Don Polidoro chante une sérénade napolitaine authentique, seul morceau écrit dans un ton mineur. Dans la scène ultime, afin de traduire le désarroi qui saisit tous les protagonistes, Giuseppe Petrosellini utilise la métaphore des occupants d'un navire surpris par une violente tempête: "Son qual nave in mar turbato; fra l'orror della tempesta: sussurrar il nembo io sento; cresce l'onda, cresce il vento, e piu speme il cor non ha" (3). En dépit d'un très petit orchestre plus les cinq passagers du navire en déroute, cette scène ultime est d'une rare puissance.
Le Finale du second acte est plus conventionnel avec son "happy end" mais réserve aussi quelques beaux numeros très enlevés.

L'Italiana in Londra me semble être un jalon important sur la route qui mène aux chefs-d'oeuvre que sont Le Trame deluse (1786) et Il Matrimonio segreto (1792).

(1) https://haydn.aforumfree.com/haydn-directeur-musical-de-l-opera-d-eszterhaza-f12/domenico-cimarosa-1749-1801-t206.htm
(2) Lorenzo Tozzi, Notice (en italien et anglais) de l'Italiana in Londra, Incisione Bongiovanni, 1986.
(3) Je suis comme un navire dans une mer démontée; dans l'horreur de la tempête; J'entends sussurer les nuées; les vagues se creusent, le vent mugit, et le coeur a perdu tout espoir.


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MessageSujet: Re: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeSam 30 Mai - 11:32

Quand Joseph Haydn met en scène l'Italiana in Londra de Cimarosa en 1783 à Eszterhazà, il a déjà fait représenter La fedeltà premiata (1781) et Orlando paladino (1782), deux parmi ses opéra, relevant du même registre, les plus achevés.

Compte tenu du foisonnement dramatique, de la variété, des contrastes, de la richesse harmonique de La Fedeltà premiata et d'Orlando paladino, on peut comprendre que Haydn ait pu éprouver de la frustration si d'aventure, son patron, Nicolas le Magnifique leur avait préféré l'Italiana in Londra de Cimarosa ou La Frascatana de Paisiello. Ces deux dernières oeuvres sont parfaites, leur musique remplit très exactement le cadre moyennement ambitieux prévu par leurs créateurs mais, à mon humble avis, elles sont loin d'égaler en portée musicale et en profondeur les chefs-d'oeuvre du Kapellmeister d'Ezsterhazà.


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MessageSujet: Re: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeLun 1 Juin - 9:43

L'Italiana in Londra a été enregistrée par le label Bongiovanni. Je voudrais rendre hommage à cette firme familiale qui tente depuis des décennies de ressusciter le répertoire du 18ème siècle italien.

Le directeur musical de la production est Carlo Rizzi à la tête de l'orchestre symphonique de Piacenza.
La distribution est remarquable. Livia est interprétée par Patrizia Orciani qui nous charme avec une belle voix et un jeu très expressif.
Maria Angeles Peters est une remarquable Madame Brilliante. Cette très bonne actrice (superbe Rosa dans Le Cantatrici villane) est plus sobre que d'habitude et donne à ce personnage une grande humanité.
Les trois rôles masculins, Maurizio Comencini (Sumers), Armando Ariostini (Milord) et Bruno Pratico (Don Polidoro) sont magnifiquement interprétés par des chanteurs de renom avec une mention toute particulière pour Bruno Pratico qui campe un Don Polidoro désopilant.


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MessageSujet: Re: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeVen 5 Juin - 9:56

L'Italiana in Londra obtint un énorme succès lors de sa création (décembre 1778). Pourtant cet opéra est loin d'être un de mes préférés parmi tous ceux que je connais de Domenico Cimarosa (1). Comme on l'a vu plus haut, Armida immaginaria, composé l'année précédente est beaucoup plus riche, aux plans de la variété des airs, du nombre d'ensembles, de la richesse de l'instrumentation...En 1780, Cimarosa met un point final à Le Donne rivale, un remarquable opéra bien plus profond et structuré que l'Italiana in Londra, et possèdant aussi des finales d'acte époustouflants par leur dimension et leur caractère polyphonique. Après Le Donne rivale, nouveau changement de cap avec Il Pittor parigino (1780) et Giannina e Bernardone (1781). Cette dernière comédie, naturaliste avant l'heure, met en scène un jaloux pathologique (Bernardone) qui maltraite Giannina, son épouse. Alors que le sujet est  très fort et audacieux pour l'époque, la musique est plus lâche et moins polyphonique que celle des Donne rivale. I due Baroni di Rocca azzurra (1783) confirme cette tendance...

Quand il monta à Eszterhazà l'Italiana in Londra, Il Pittor parigino, Giannina e Berdardone, i due Barone di Rocca azzurra, Il Credulo etc...., Joseph Haydn ne disposait donc pas des meilleures oeuvres de Cimarosa. Par contre avec les partitions de l'Impresario in angustie (1786) et d'Il Marito disperato (1785) qu'il mit en scène en 1789 et 1790, il eut entre les mains deux remarquables chefs-d'oeuvre du compositeur napolitain.

(1) https://haydn.aforumfree.com/haydn-directeur-musical-de-l-opera-d-eszterhaza-f12/domenico-cimarosa-1749-1801-t206.htm


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MessageSujet: Re: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeMer 11 Mar - 9:38

Le Parlement de Musique (Directeur Martin Gester) a entrepris de monter l'Italiana in Londra de Domenico Cimarosa, une tâche exaltante.

Actuellement la campagne de recrutement pour les rôles principaux bât son plein:
http://www.leparlementdemusique.com/generation-baroque/generation-baroque-2015.html
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MessageSujet: Re: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeSam 17 Oct - 9:14

Le montage de l'Italiana in Londra de Domenico Cimarosa par Génération Baroque, un groupe dirigé par Martin Gester, responsable du Parlement de Musique, entre dans sa phase terminale.

Les représentations auront lieu:
Barr, Salle des Fêtes, le 31 octobre 2015 à 20H
Strasbourg, Cité de la Musique et de la Danse, le 2 novembre à 20h.
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MessageSujet: Re: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeJeu 19 Nov - 20:19

L'Italiana in Londra – Cimarosa – Gester/Harbuch – Barr – 31/10/2015

Domenico Cimarosa, musique
Giuseppe Petrosellini, Libretto
Martin Gester, Direction musicale et dramaturgie

Graziana Palazzo, Livia
Eva Maria Soler Boix, Madame Brillante
Francisco Xavier Manalich, Sumers
German Enrique Alcantara, Milord Arespingh
Jaroslaw Kitala, Don Polidoro

Carlos Harmuch, Mise en scène
Anita Fuchs, Scénographie et graphismes
Christian Peuckerts, Lumières

Production de Génération Baroque
Représentations à Barr, Strasbourg, Endingen et Spa.


L'Italiana in Londra, composée en 1778, est un jalon important sur la route qui mène aux chefs-d'oeuvre de Domenico Cimarosa que sont Le Trame deluse (1786) et Il Matrimonio segreto (1792).

Il s'agit à ma connaissance de la première création de cet opéra en France depuis l'adaptation présentée à Paris sous le titre l'Italienne en France en 1801. Génération Baroque, qui a monté le spectacle est l'atelier lyrique et orchestral du Parlement de musique, un ensemble dirigé par Martin Gester.
La scène qui se déroule à une époque indéterminée est décorée de panneaux évoquant la capitale britannique et des intérieurs bourgeois. Comme dit dans la présentation du spectacle, l'action nous plonge dans un univers à la fois amoureux et burlesque qui est celui de la comédie napolitaine, sur fond de montée de la bourgeoisie et du commerce international. La direction d'acteurs très précise, participe activement à la caractérisation des personnages qui avec l'aide de la musique , acquièrent une humanité authentique. A noter que la plupart des récitatifs secs ont été remplacés par des dialogues en français résumant avec efficacité l'intrigue qui se déroule à toute vitesse. Le fait que les artistes proviennent de différents pays européens, est en totale cohérence avec le livret.

Graziana Palazzo (soprano) est Livia, l'Italienne. Elle chante deux parmi les plus beaux airs de la partition. Si dans le premier, elle n'avait pas tout à fait pris ses marques, par contre dans les ensembles et surtout dans le second air, Dunque per un infido..., elle donna la pleine mesure de son talent et nous enchanta de sa belle voix au legato parfait. Eva Maria Soler Boix (mezzo soprano) donna une version désopilante du rôle de madame Brillante. Elle n'est pas seulement une comédienne née mais encore une chanteuse d'exception dont la voix se projette hardiment. Francisco Javier Manalich (ténor) incarna Sumers, le négociant hollandais, avec beaucoup d'intelligence et des moyens vocaux très convaincants. German Enrique Alcantara (ténor) fit preuve de capacités vocales remarquables dans des airs au registre très tendu notamment dans le fameux Sire, Io vengo a vostri piedi.... Enfin, Jaroslaw Kitala (baryton) fit preuve d'un tempérament comique hors du commun et nous régala de sa belle voix bien projetée. A noter que les cinq protagonistes firent vibrer la salle dans le magnifique ensemble qui clôt l'acte I, clou du spectacle.
Martin Gester assura le direction de l'orchestre et des chanteurs avec son autorité habituelle. Les membres de l'orchestre, jouant sur instruments anciens dans une optique historiquement informée, firent preuve de capacités techniques et expressives indispensables dans des tempi souvent très rapides.. D'excellents cors naturels apportèrent à l'orchestre l'assise harmonique, garants d'une belle sonorité d'ensemble.

Ce fut un spectacle magnifique!
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MessageSujet: Re: L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa   L'ITALIANA IN LONDRA Domenico Cimarosa Icon_minitimeMer 31 Aoû - 21:35

En écoutant Li n'Zite n'galera (Les fiancés en galère) de Leonardo Vinci composé en 1722 et entièrement chantée en langue napolitaine, j'ai constaté que la sérénade napolitaine présente au début du grand finale du premier acte de l'Italiana in Londra, se trouve également dans Li n'Zite n'galera, composée près de soixante ans plus tôt.
A noter que cette chanson populaire est également chantée dans Pulcinella Vendicato di ritorno di Marechiaro de Giovanni Paisiello.
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