Composée probablement en 1769 par Joseph Haydn et donc pratiquement contemporaine de la symphonie n° 38, la symphonie n° 41 en ut majeur est séduisante à plus d'un titres: d'abord par son orchestration d'une grande richesse, ensuite par sa beauté mélodique et enfin pour avoir inspiré Mozart dans la composition de sa symphonie en ré majeur KV 133 datée de 1772.
Le premier mouvement Allegro conspirito ¾ frappe par son puissant accord introductif sabré par l'orchestre au complet (avec timbales, trompettes, cors), auquel suit un thème piano dont la douce sonorité est délicatement harmonisée par les cors. Le second exposé du premier thème est suivi d'une brillante progression harmonique remarquable par le caractère acerbe de ses sonorités que transpercent les trompettes et cors altos. Après un motif aux cordes staccato, le second thème est axé essentiellement sur le charme mélodique; confié aux cordes lors de l'exposition, il est doublé par le hautbois lors de la réexposition. Le développement débute avec un nouveau motif, puis le premier thème revient suivi par un point d'orgue permettant des solos du violon et du hautbois, on croit à la réexposition mais ce n'est qu'une fausse rentrée (procédé fréquent chez Haydn dans ses oeuvres plus tardives) et le développement se poursuit avec la progression harmonique citée plus haut que les modulations mineures rendent encore plus agressive.
Le seond mouvement, un poco andante, donne à la flûte un rôle de premier plan. A certains moments on se croirait dans un concerto. La flûte joue d'abord le thème principal au dessus d'un magnifique contrechant du hautbois. Elle nous charme ensuite par ses arabesques et l'impression féerique est renforcée par les subtils frottements harmoniques de certains passages. Ce morceau enchanteur se termine avec les arpèges rêveurs de la flûte. Ce merveilleux mouvement est à recommander à ceux qui dénigrent la qualité mélodique des oeuvres de Haydn.
Après un menuetto assez solennel , le trio est un étonnant laëndler qui alterne le cor alto doublé par un hautbois et un violon rustique.
Le finale presto 2/4 est une sorte de tarentelle échevelée. Le thème unique est remarquable par ses triolets répétées aux cordes d'abord puis aux trompettes. Le développement est très court une simple transition car le mouvement irresistible qui emporte ce morceau, ne permet pas le travail thématique. Selon Marc Vignal, ce spectaculaire finale a certainement servi de modèle pour le dernier mouvement de la symphonie n° 20 KV 133 de Mozart (1,2).
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2) Je recommande vivement l'audition de cette très belle symphonie, oeuvre d'un jeune homme de 16 ans.