WILHELM FRIEDEMANN BACH (1710-1784)

Alors qu'on fête avec éclat le bicentenaire de la naissance de Frédéric Chopin, on a tendance à oublier bien d'autres grands musiciens nés la dixième année d'un des siècles passés. Wilhelm Friedemann Bach, né en 1710 fait partie de ceux-là. Sa musique plonge ses racines dans l'époque baroque mais par son tempérament fantasque et ses audaces harmoniques annonce le romantisme.

Un excellent article illustré par les six extraits musicaux ci-dessous peut être consulté dans le BLOG Passée des Arts

1. Sonate pour clavecin en ré majeur, Fk.3 : 1er mouvement, Un poco allegro.
2. Sinfonia en ré mineur, Fk.65 : 2e mouvement, Allegro e forte (Fuga).
3. Concerto pour clavecin, cordes et basse continue en mi bémol majeur, Fk.42 : 1er mouvement, Moderato.
4. Cantate pour la fête de Saint Jean-Baptiste, pour quatre solistes, chœur, deux trompettes, timbales, deux hautbois, cordes et basse continue, Es ist eine Stimme eines Predigers, Fk.89 : Chœur « Es ist eine Stimme eines Predigers »
5. Concerto pour clavier, cordes et basse continue en mi mineur, Fk.43 : 3e mouvement, Allegro assai
6. Polonaise n°6 en mi bémol mineur, Fk.12.

http://www.passee-des-arts.com/article-wilhelm-friedemann-bach-prodiges-d-un-fils-prodigue-43109918.html

La sinfonia en ré mineur Fk 65 ré mineur est en deux mouvements. C'est le deuxième mouvement, une superbe fugue, qui est donné dans l'extrait musical du BLOG Passée des Arts.

Le premier mouvement réserve une surprise de taille à ses auditeurs. On constatera facilement que son thème principal est strictement identique au thème du Recordare Pie Jesu joué par les basses et les cors de bassets de la messe de Requiem KV 626 de Wolfgang Mozart (1).

Wilhelm Friedemann Bach venait de mourir à Berlin dans la misère quand Mozart entreprit son Requiem mais était suffisamment connu pour que Mozart à Vienne étudie sa sinfonia et s'en inspire de très près pour créer ce chef d'oeuvre vocal et instrumental qu'est ce Recordare, séquence entièrement harmonisée et orchestrée du Requiem.

L'auteur des lignes consacrées au fils préféré de J.S. Bach (Blog Passé des Arts) fait remarquer la similitude des destins de W.F. Bach et de W. Mozart.

(1) Carl de Nys, Mozart et les fils de J.S. Bach, Colloques Internationaux du CNRS, Paris, 1956. pp 91-115

Je recommande très vivement l'audition de la Polonaise n°6 en mi bémol mineur, Fk.12 de Wilhelm Friedemann Bach.

Cette page me semble d'un romantisme époustouflant.
Dommage que W.F. Bach soit si rarement joué.

Incidemment je voudrais ajouter que l'emprunt de Mozart dans son Requiem d'un thème de W.F. Bach (sinfonia en ré mineur Fk 65) ne doit absolument pas être considéré comme un plagiat mais plutôt comme un hommage du salzbourgeois à son ainé (deux générations les séparent) décédé sept ans auparavant.

Il me semble aussi que Mozart transfigure le superbe thème du fils aîné de Bach en l'orchestrant très habilement (les cors de basset et les violoncelles) et en incorporant un merveilleux quatuor vocal.

Le génie à l'état pur!!! Mais quel génie? Attribué d'abord par le style à Wilhelm Friedemann Bach, il aurait été en fait composé à Berlin par Johann Christian Bach en 1755, alors sous l'influence de Carl Emmanuel Bach. En tous cas il ne correspond pas à l'image que nous nous faisons du Bach de Londres.

Étonnant ce manque de commentaire sur la page du fils considéré comme le plus talentueux de Bach.
Certainement pas celui qui a connu le plus grand succès du fait de sa vie vraisemblablement tumultueuse et de son style difficile, trop peu formaté au goût naissant (trop de contrepoint et d'harmonies complexes, difficiles, dans un monde qui se tournait peu à peu vers la musique italienne, la musique galante, le classicisme), mais probablement le plus audacieux.

Ses fantaisies et autres fugues, sonates ou pièces isolées pour le clavier sont en général assez incroyables bien que souvent difficiles à appréhender. Il était quoi qu'il arrive assurément un des très grands noms du contrepoint.

Fantaisie et fugue en ré mineur, WF Bach:

Un exemple de rigueur contrapuntique (très certainement un hommage à l'Offrande Musicale, de plus la flûte rappelle Frédéric II) hors du temps. Autant la flûte peut facilement m'ennuyer autant il est des cas où cela peut avoir une intensité toute particulière (assez mystique).

Duetto pour flûtes K57, WF Bach:

Sa symphonie en Fa majeur est absolument démente. Rythmiquement, harmoniquement, en terme de contrepoint ... le tout baigne somme toute dans quelque chose, d'une certaine manière, d'assez français étrangement.

WF Bach, Symphony en Fa majeur (à partir de 4:10):

WF Bach est un compositeur qui me semble très particulier, assez à part. Même par rapport à CPE Bach il apparaît parfois comme un extravagant, mais c'est ça qui donne tant de souffle et d'éclat à sa musique.
Je me demande si Haydn a pu connaître WF, avoir accès à des manuscrits ou entendre sa musique ?
Un esprit aussi bouillonnant, inventif et différent aurait certainement attiré l'attention de Haydn, mais il me semble que c'est surtout CPE Bach qui est en général cité (une référence pour beaucoup) ou JC pour l'opéra ou ce qui concerne Mozart.

C'est vrai que Wilhelm Friedemann semble réhabilité après une longue période d'oubli. Une bonne partie de ses oeuvres, y compris vocales, existent en CD.

Mais j'avoue que dans sa production, il y a peu d'oeuvres qui me séduisent. Ce que personnellement je trouve génial, c'est son concerto pour flûte en ré majeur, que l'on croyait perdu et qui a été récemment retrouvé.

Il n'est pas sur youtube, mais il y a son concerto pour 2 clavecins et orchestre qui n'est pas mal non plus

Merci Euclide-Orphée pour ce prodigieux duo de flûtes que je ne connaissais pas.
Quelle audace avec ces chromatismes. Certes, Jean Sébastien avait déjà exploré ces contrées mais ici il y a quelque chose de différent: une austérité, une nudité, une âpreté presque Stravinskienne (excusez ce néologisme) qui témoignent presque d'un déséquilibre psychique de Wilhelm Friedmann.