Theresienmesse en si bémol majeur HobXXII.12. Elle fut crée le 8 septembre 1799 à Eisenstadt. Son titre, donné peut-être du vivant de Joseph Haydn, se rapporte probablement à l’impératrice Marie Thérèse, épouse de l’empereur François II. Son instrumentation comporte les cordes, l’orgue, deux trompettes, deux clarinettes. Si ces dernières ont un rôle modeste, par contre l’orgue est souvent en dehors, peut-être pour compenser l’absence des vents habituellement présents dans les oeuvres de Haydn de cette période.
Kyrie eleison si bémol majeur. Débute par un adagio 2/2 avec une émouvante supplication du quatuors vocal entrecoupée de puissants appels de trompettes. Le chœur accompagné richement par l’orchestre entonne ensuite un beau fugato (allegro 4/4) suivi par les magnifiques vocalises du quatuor vocal sur les paroles Christe eleison. C’est le chœur qui entame ensuite un énergique développement sur les mots Kyrie eleison. Le retour du mouvement adagio donne à ce magnifique Kyrie une grande unité et un sentiment de plénitude et de ferveur.
Gloria in excelsis si bémol majeur. Début triomphal (allegro ¾) conformément au sens des paroles "Gloire à Dieu au plus haut des cieux". Sonneries de trompettes sur les mots adoramus te et glorificamus te. Le chœur atteint des hauteurs vertigineuses à la fin de cette première partie. La 2ème partie (moderato 2/2) s’ouvre avec une magnifique introduction des violons puis par le solo de l’alto sur les mots Gratias agimus te. La basse intervient ensuite puis la soprano et enfin le ténor. Les quatre solistes unissent leurs voix produisant un effet admirable. Le Qui tollis en ut mineur s’enchaine au précédent passage, c’est le chœur qui intervient accompagné par un mouvement incessant des violons. Ce passage vraiment poignant est interrompu par la belle mélodie du Gratias mais le mouvement inexorable reprend de plus belle sur les mots miserere nobis. C’est peut-être le qui tollis le plus intense de toutes les messes de Haydn. La troisième partie reprend le mouvement initial sur les mots Gloriam tu solo sanctus. Court fugato sur Amen qui s’arrête pour laisser place à une brillante péroraison du chœur dialoguant avec le quatuor des solistes et les premiers violons.
Credo. Il est basé sur une mélodie, allegro 4/4, issue peut-être du plain chant, reprise au début des Maîtres Chanteurs de Nuremberg par Richard Wagner. Ici l’accompagnement des violons est particulièrement dynamique et percutant. Le mouvement triomphal s’arrête et le contraste est total avec l’Incarnatus est en si bémol mineur chanté piano par la soprano puis les autres solistes. On retrouve l’intense ferveur du début du Kyrie avec les mots Et homo factus est tandis que les quatres solistes unissent leurs voix. Le sentiment dramatique s’intensifie sur les paroles Crucifixus est. La basse descend dans les profondeurs sur les mots sepultus est.
Un fois de plus le Resurrexit est écrit dans le mode mineur (ut mineur 4/4) et n’est rien moins que joyeux. On reste longtemps dans les tonalités mineures puis l’élan du début revient avec la fugue grandiose sur les mots Et vitam venturi saeculis qui, avec son rythme 6/8 et ses chromatismes, rappelle la fugue située au même endroit de la missa Cellensis HobXXII.8. Fin toutes forces déployées.
Sanctus en si bémol majeur. Magnifique commentaire de l’orchestre sur les mots Sanctus Dominus.
Benedictus qui venit in Nomine Domini (sol majeur 2/2). C’est le passage le plus enchanteur de la présente messe. Par son mélange de caractères savant et populaire, il représente parfaitement l’art de Haydn à son sommet. Les mots sont impuissants pour décrire cette musique admirable, toujours émouvante mais sereine. La soprano solo, le quatuor de solistes sont particulièrement sollicités et dialoguent avec le chœur. On remarque les traits spiccato si caractéristiques des premiers violons qui apportent une note de légèreté et même d’humour inattendus dans le contexte liturgique. Selon H.C. Robbins Landon cette musique a un "caractère autrichien marqué et n'aurait jamais pu être écrite par un allemand du nord".
L’Agnus Dei sol mineur est un morceau de style sévère assez court, rapellant le Benedictus de la missa Cellensis HobXXII.8 de 1782, il est suivi par un chœur triomphal avec trompettes éclatantes sur les mots Dona nobis pacem.