Missa Cellensis en ut majeur HobXXII.8Cette messe, appelée aussi messe de Mariazell, est composée en 1782 et est donc contemporaine de l’opéra
Orlando paladino, les six quatuors de l’opus 33 ainsi que les remarquables symphonies n° 76 en mi bémol majeur, 77 en si bémol majeur et 78 en ut mineur. Sa situation intermédiaire entre les sept messes d’avant 1777 assez étalées dans le temps et le groupe très homogène des grandes messes postérieures à 1796 en fait un témoin passionnant de l’évolution du style du compositeur. C’est en effet le premier exemple de messe symphonique dans la production de
Joseph Haydn. D’une durée de 40 minutes, cette messe est écrite pour le quatuor de solistes vocaux, le choeur, les cordes, deux hautbois, deux trompettes et timbales.
Kyrie eleison ut majeur. Il s’ouvre par une superbe introduction chorale
adagio: les basses à découvert commencent piano et les trois autres voix interviennent successivement, l'effet est impressionnant. Suit un
Vivace ¾ d’esprit très symphonique, le passage
Kyrie eleison fonctionne comme l’exposition d’un morceau de sonate, le
Christe eleison comme un développement et le retour du
Kyrie eleison comme la réexposition. Le thème unique clamé par le choeur est constamment accompagné par un magnifique dessin orchestral d’une puissance et d’une variété extraordinaires.
Le
Gloria in excelsis,
Allegro con spirito ut majeur 4/4, est brillant et d’allure festive avec un thème scandé vigoureusement par les timbales. Le
Gratias agimus tibi 3/8 est un solo de soprano développé et de caractère aimable, il s’enchaine sans transition à l’épisode
Qui tollis peccata mundi très dramatique. Après le
Quoniam qui retrouve l’éclat et l’entrain du debut, le
Gloria se termine par une magnifique et énergique double fugue sur le mot Amen.
Credo,
Vivace ut majeur ¾. La foi est clamée joyeusement et brillamment par le choeur. L’
Incarnatus est en la mineur est un remarquable solo du ténor d’une grande beauté mélodique et d’un sentiment profond. Le
Crucifixus est en ut mineur est peut-être le sommet de la messe. C’est un extraordinaire fugato à la fois austère, douloureux et intense qui m’évoque certaines pages de Robert Schumann (introduction du dernier mouvement de la symphonie n° 3 en mi bémol majeur). A la fin les basses gagnent les profondeurs sur les mots
sepultus est. Une fugue met fin au Credo sur les paroles
Et vitam venturi (...et à la vie du monde à venir). Cette fugue au rythme étonnant 6/8 et aux harmonies chromatiques est ma préférée des trois fugues de la messe. Elle possède un élan et un dynamisme extraordinaires mais également un caractère ambigu du fait de certaines modulations étranges.
Sanctus Adagio ¾. C’est un morceau très recueilli et solennel qui aboutit à un fugato sur les paroles
Hosanna in excelsis. Pour le
Benedictus, Haydn a réutilisé un morceau profane, l’air d’Ernesto
Qualche volta non fa male tiré d’
Il Mondo della Luna, un opéra composé en 1777. Cet air magnifique, surprenant dans un
dramma giocoso par son caractère baroque, convient parfaitement à la messe. Il est confié en alternance au quatuor de solistes et au choeur.
L’
Agnus Dei (adagio en ut mineur 4/4) est comme souvent chez Haydn un sommet émotionnel de la messe et une prière d’une grande intensité. Il s’achève sur les paroles
Dona nobis pacem (Vivace ut majeur) par une fugue grandiose.