La Missa brevis Sancti Joannis de Deo en si bémol majeur HobXXII.7 pourrait dater de 1777 et est de ce fait contemporaine de l'opéra Il Mondo della Luna. Il s'agit d'une messe brève à la coupe très particulière; en effet les parties généralement les plus développées dans les messes de Joseph Haydn, le Gloria in Excelsis et le Credo in Unum Deum sont ici extrêmement concises, le Sanctus est même plus long que le Kyrie, le Gloria et le Credo additionnés. Il est probable que le déroulement de la liturgie à l'église des Frères de la Miséricorde d'Eisenstadt où cette messe fut probablement créée, exigeait cette brièveté. Cette messe est écrite pour une petite chorale, une soprano solo, deux violons, une basse et l'orgue. Ce dernier instrument ayant un solo important dans le Sanctus, cette messe est souvent appelée petite messe au solo d'orgue. C'est une messe intime, recueillie, de facture simple et généralement homophone que l'on peut comparer à la messe brève dans la même tonalité de si bémol majeur K1 275 que Mozart composait à la même époque. Contrairement à la plupart des messes de Joseph Haydn, il n'y a dans cette messe aucune fugue ni fugato.
La supplication du Kyrie Eleison Adagio 4/4, se déroule dans un climat de sérénité et de confiance.
Dans le minuscule Gloria Allegro di molto 3/4, l'essentiel du texte liturgique tient dans moins de 30 secondes de musique, cette compression extrême est rendue possible du fait que les quatre parties vocales empilent les différentes sections du texte du Gloria.
Le processus de compression est présent dans l'essentie du Credo Allegro 4/4. Par contre l'Incarnatus est et le Crucifixus est sont normalement développés. Le Crucifixus est est d'ailleurs le moment le plus intense de la messe avec une descente chromatique des voix vers les profondeurs qui évoque l'ensevelissement du Christ.
Le Sanctus Allegro 6/8 est la seule partie polyphonique de la messe, c'est le passage le plus grandiose de l'oeuvre. Le Benedictus Moderato 4/4 en mi bémol majeur est introduit par un long solo d'orgue. C'est un chant du soprano serein très simplement accompagné par l'orgue et les violons. On peut voir des analogies entre ce chant et certains airs d'Il Mondo della Luna.
L'Agnus Dei, Adagio 3/4 est très émouvant et ressemble au Kyrie eleison mais en plus développé. Il est composé de trois "couplets" comme le veut le texte liturgique, le second couplet est dans le mode mineur et la prière en devient plus intense. Le troisième couplet se termine par la supplication Dona nobis Pacem (Donnes nous la Paix). Alors que dans la plupart des messes de l'époque, le tempo devient plus rapide sur ces paroles, ici il n'y a pas de changement de tempo et l'oeuvre se termine pianissimo dans un climat de recueillement.