Composée par
Joseph Haydn en 1772 pour quatuor vocal, choeur à quatre voix, deux hautbois, deux cors, cordes et orgue, la
Missa Sancti Nicolai en sol majeur HobXXII.6 contraste par sa relative sérénité avec le caractère généralement tourmenté des oeuvres composées durant cette année (six magnifiques quatuors opus 20 et la fameuse trilogie des symphonies n° 45 en fa# mineur, 46 en si majeur et 47 en sol majeur). De caractère généralement homophone, sans la moindre fugue, cette messe frappe par son caractère populaire et l'absence totale de virtuosité des parties solistes.
Kyrie eleison 6/4 (indication de mesure rare). Chanté mezzo forte, ce Kyrie eleison (Seigneur, ayez pitié de nous....une supplication), est caractéristique par son caractère pastoral, sa douceur et sa confiance dans la miséricorde divine.
Gloria in excelsis. Le sentiment généralement joyeux et optimiste laisse place à un passage très dramatique en mi mineur sur les paroles
Qui tollis peccata mundi (Toi qui enlèves le péché du monde). Le Gloria se termine par le seul passage un peu polyphonique de la messe avec l'Amen final.
Credo. Comme dans la messe HobXXII.4, l'
Incarnatus est (adagio 4/4) est chanté dans le mode mineur (sol mineur). Le ténor ne peut terminer sa phrase, il est submergé par les autres solistes sur les paroles
Crucifixus est, passage extrêmement dramatique et point culminant émotionnel de la messe.
Le
Sanctus (adagio 4/4) est précédé par un magnifique dessin du premier violon qui ne cesse de soutenir le choeur par ses volutes harmonieuses. De ce fait ce Sanctus revêt une grandeur inattendue dans une oeuvre globalement simple et populaire..
Le
Benedictus est précédé par une belle introduction de l'orchestre, le quatuor de solistes intervient ensuite. c'est un morceau très chantant et sans le moindre drame en accord avec la signification des paroles: Béni Celui qui vient au nom du Seigneur..
L'
Agnus Dei, Adagio en sol mineur, est une fois de plus le moment le plus émouvant de la messe. On remarque le dessin chromatique très expressif des violons qui annonce celui de l'
Agnus Dei du Requiem K 626 de Wolfgang Mozart (2).
Pour le
Dona nobis pacem, Haydn (ou bien une main étrangère) en reprenant la musique sereine du Kyrie scelle ainsi l'unité de la messe.
(1) On pourra aussi consulter: Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard 1988, pp. 882-3.
(2) A noter que cette partie du Requiem n'est en principe pas de Mozart mais de Sussmayer-Eybler (?). Voir la partition originale de Mozart et les versions complétées:
http://dme.mozarteum.at/DME/nma/nmapub_srch.php?l=1