Luigi Tomasini

C'est curieux, il me semble que nous avions déjà parlés de Tomasini, cet ami de Haydn, employé comme lui à la Cour des Esterhazy. Mais je n'ai rien retrouvé !

Aloisio Luigi Tomasini est un violoniste et compositeur italien né à Pesaro le 22 juin 1741 et mort à Eisenstadt le 25 avril 1808.

Tomasini reçut sa première formation musicale probablement à Pesaro. Il fut engagé en 1757 comme musicien à la cour du prince Paul Anton Esterhazy. Celui-ci l'envoya compléter sa formation musicale à Venise en 1759. De retour à Esterhazy, il devint premier violon de l'orchestre en 1761 (juste après l'engagement de Haydn comme vice-maître de chapelle avec lequel il se lie d'amitié) puis Konzertmeister de 1789 à sa mort.

En 1802, il devint en outre directeur de la musique de chambre du prince Nicolas II. Haydn écrivit pour lui au moins deux de ses concertos pour violon (ceux en ut et en ré) ainsi que la partie soliste des symphonies 6, 7 et 8 et la symphonie concertante n° 105.
Très apprécié à Esterhazy, Tomasini a eu le rare privilège ayant le droit d'être accompagné par sa femme à la cour, d'être l'un des musiciens les mieux rémunérés. Nicolas Ier Esterhazy lui a laissé par testament, en 1790, une pension à vie de 400 gulden. De plus, il a eu le privilège d'être enterré dans la crypte des Capucins à Eisenstadt, où ils avaient enterré Esterházy et où sera enterré Haydn.

Tomasini composa des œuvres pour baryton (24 divertimentos), plus de 25 quatuors à cordes dont trois (Ko 9 à 11, en quatre mouvements avec menuet) publiés à Vienne comme opus 8 en 1807, 9 duos concertants et sonates, au moins trois concertos pour violon (dont un perdu) et deux symphonies (perdues), un Salve Regina.

Un catalogue a été établi par le musicologue Korcak (d'où les n° Ko)

II eut deux fils musiciens, Anton (Eisenstadt 17 février 1775 – Eisenstadt 12 juin 1824) qui devint Directeur de l'orchestre en 1818, et Alois Luigi (Eisenstadt 10 juillet 1779 – Neustrelitz 19 février 1858), admiré par Haydn, qui devint Konzermeister à Neustrelitz, et dont son fils Carlo (1813-1880) devint également musicien, et sa fille Friederike (1810-1886) cantatrice.

Le prince Esterhazy, insatiable joueur de baryton, dont quantité de musiques ont été composées par Haydn - dont les 126 trios -, a aussi demandé à Tomasini de composer des trios pour baryton, violon et violoncelle. Il y en a 24 en tout. Il est à noter que les trios de Haydn sont composés pour baryton, alto et violoncelle, alors que la majorité (au moins 15 sur 24) de ceux de Tomasini le sont pour baryton, violon et violoncelle. Sinon, le style n'est pas très différent. Comme chez Haydn, certains sont joyeux d'autre très "Sturm und Drang".

A noter aussi que Haydn et Tomasini n'étaient pas des concurrents, bien au contraire, ils étaient des amis proches. A plusieurs reprises, Haydn a aidé financièrement Tomasini, et l'appelait "mon frère" dans ses lettres. De son côté, Tomasini a donné des concerts consacrés aux quatuors de Haydn, qui affirmait que Tomasini était le meilleur interprète de la partie violon des quatuors.





Toujours chez CPO, ce grand découvreur de compositeurs peu connus, on trouve aussi des quatuors à cordes. A l'audition, ces quatuors me semblent plus "personnels". Contrairement aux trios avec baryton, ils ne ressemblent pas à Haydn, et encore moins à Mozart ou Boccherini. Dommage, je ne trouve pas d'exemples sur youtube.

Merci beaucoup Joachim.
Voilà le genre d'article idéal pour ce forum.
Plus que Mozart ou Kraus ou Pleyel, Luigi Tomasini nous parle de Joseph Haydn. C'est lui qui exécutait ses oeuvres, c'est lui qui le côtoyait quotidiennement. C'est le témoin privilégié de notre musicien préféré.

Quand on écoute les quatuors à cordes et plus généralement la musique de chambre de Haydn, on réalise que la partie de premier violon était souvent dédiée à un violoniste de très haut niveau. Ce violoniste était Luigi Tomasini.

Il est très beau et élégant ce trio pour baryton, violon et violoncelle en do majeur n° 7 et rappelle sans aucun doute ceux de Joseph Haydn. Il manque toutefois quelque chose, une certaine sauvagerie ramassée dans les steppes de la Puszta qui fait tout le charme et la puissance des oeuvres de Haydn.