Les menuets sont assurément interprétés sur pianoforte, le son est trop boisé (le clavicorde a quand même un côté un peu brute et métallique, c'est toute la différence entre un marteau et un clou pour taper la corde dirons-nous) et régulier (pas de trémolo entre autre chose) pour être un clavicorde à mon avis. De surcroît l'usage de la sourdine ne laisse a priori aucun doute.
Il s'agit soit d'un piano carré ou alors, bien plus probablement, d'un pianoforte selon un autre facteur que Walter dont les pianos ont un son particulièrement cristallin. Ca ressemble déjà plus à ce qu'on peut entendre sur les pianofortes selon Stein par exemple. Suivant l'état du pianoforte (si c'est un instrument neuf ou un vieux piano restauré par exemple, suivant le facteur, le travail du bois etc...) on obtient tout de même des sons plus ou moins proches de la harpe / clavecin ou d'un piano plus moderne d'un instrument à l'autre (il n'y a pas forcément une très grande homogénéité parmi les pianofortes).
Il pourrait être intéressant de créer un sujet dédié aux différents pianofortes de l'époque.
Haydn a possédé des pianofortes Érard, Walter et Broadwood si je ne dis pas de bêtise (il faudrait vérifier). Il me semble avoie entendu dans un reportage que le piano Walter de Haydn et celui de Mozart ont été fabriqués à partir du même arbre ce qui est, il faut le dire, particulièrement improbable, mais là encore ça nécessiterait que je retrouve cette information.
Dans l'absolu ces menuets, sous des airs innocents, permettent de nous faire une idée de ce que Haydn pourrait spontanément improviser tous les jours au matin. Ces petites pièces de caractère tout à fait charmantes permettent aussi de voir l'amplitude de la créativité mélodique de Haydn (même si le menuet cloître un petit peu la diversité).
N'oublions pas non plus la fibre populaire de Haydn qui s'exprime très bien ici. A bien des égards la base de toute la musique de Haydn est dans cette fibre populaire qu'on a tendance à peu explorer alors qu'il a écrit d'innombrables petites chansonnettes, danses et autre, et que nombre de ses grandes oeuvres sont inspirées de thèmes populaires.
Le succès de sa musique, à l'époque, n'est certainement pas étranger à la pleine compréhension qu'avait Haydn de la musique populaire.
Avez-vous déjà entendu parler du jeu de dés musical en vogue au XVIIIème siècle où le compositeur écrivait une grille de mesures qui permettait, avec un lancer de dés aléatoire, de composer / reconstituer un menuet ?
Il y avait quelque chose comme une dizaine ou douzaine de possibilités pour chaque mesure (le menuet final devait faire quelque chose comme 16 mesures), ce qui dans l'absolu implique que des milliards de menuets pouvaient être créés par ce petit jeu !
Si je ne dis pas de bêtise Mozart et Haydn ont chacun écrit au moins un exemple d'un tel jeu.