Sujet: Claude Balbastre (1724 - 1799) Sam 10 Fév - 1:39
Je continue la présentation de quelques compositeurs français. Ici on entre dans une période ambiguë, un des derniers représentants de l'école du clavecin français, qui a grandi avec la fin du baroque et le développement du classicisme pour mourir à l'apogée du genre. Originellement dans la tradition baroque française et jusqu'à la fin influencée par elle il se tourna tout de même vers le style galant. Proche de la famille royal et musicien très réputé en son temps il est fort probable que Balbastre ait pu entendre les symphonies d'Haydn jouées à Paris. Il ne serait même pas étonnant, vu l'engouement pour la musique d'Haydn à l'époque en France qu'il produise des arrangements pour le plaisir de la reine à qui il enseignait le clavecin.
Wikipédia :
Claude Balbastre (parfois cité comme Claude Bénigne Balbastre), né le 8 décembre 1724 à Dijon et mort le 9 mai 1799 à Paris, est un organiste, claveciniste et compositeur français.
Il est baptisé en l'église Saint-Michel de Dijon le 9 décembre 1724, fils de Bénigne Balbastre, organiste, son premier professeur, et de Marie Millot. Son parrain est maître Claude Fyot, correcteur à la chambre des comptes, et sa marraine demoiselle Pierrette Tortochaut, épouse de Pierre Phosson conseiller et notaire royal.
Il étudie avec Claude Rameau, frère de l'illustre Jean-Philippe Rameau qui est natif de la même ville. Il bénéficie de l'aide bienveillante de ce dernier lorsqu'il s'installe à Paris en 17502 et peut ainsi se faire connaître de la haute société : il joue au Concert Spirituel, devient organiste de l'église Saint-Roch avant d'accéder progressivement aux postes les plus prestigieux : organiste à Notre-Dame de Paris2, claveciniste à la Cour de France où il enseigne à Marie-Antoinette, et devient l'organiste du comte de Provence (futur Louis XVIII) et de la Chapelle royale.
Le 2 janvier 1763, en l'église Saint-Roch à Paris, il épouse Marie-Geneviève Hotteterre, fille de Jacques-Martin Hotteterre et descendante de cette célèbre famille de musiciens normands. Le compositeur et biographe anglais Charles Burney visita Balbastre en 1770, dans ses appartements rue d'Argenteuil et mentionna dans une lettre le magnifique clavecin Ruckers en possession du musicien :
« [J'ai pu] voir et entendre un remarquable clavecin Rucker qui est en tout point un bijou … Il est peint et vernis comme une tabatière. Sur l'extérieur se trouve la naissance de Vénus ; l'intérieur du couvercle, l'histoire de l'opéra le plus fameux de Rameau, « Castor et Pollux » ; la Terre, l'Enfer et l'Élysée y sont représentés ; en Élysée, assis sur une berge, ce célèbre compositeur lui-même tient une lyre à la main … Le son de cet instrument est plus délicat que puissant ; l'un des registres est en buffle3, mais très doux et agréable ; le toucher est très léger en raison des becs qui en France sont toujours faibles »
— Charles Burney
Veuf, il épouse en secondes noces en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, le 17 novembre 1767, Marie-Antoinette Boileau, nièce du grand écrivain, qui lui donnera deux enfants : Anne-Louise, née en 1773, et Antoine-Claude en 1774.
À partir de 1776, Claude Balbastre est organiste de Monsieur frère du roi, professeur du duc de Chartres, de la reine Marie-Antoinette, et tient l'orgue à l'abbaye de Notre-Dame aux Bois. Enfin, il reçoit un quartier à l'orgue de la Chapelle royale à Versailles.
En 1777, il est signalé comme organiste à l'église Saint-Roch de Paris.
Malgré ses états de service, il parvient, en se ralliant – au moins en apparence – aux idées nouvelles, à traverser la Révolution et à conserver son poste à Notre-Dame (qui a été transformée en Temple de la Raison), où il exécute à l'orgue ses adaptations des hymnes révolutionnaires. Il est vrai que son jeu a toujours été prisé du public : sa fantaisie est telle, même à l'église, qu'en 1762 l'archevêque de Paris lui fait interdiction de jouer pendant la messe de minuit à cause du tumulte qu'elle entraîne.
Il meurt à Paris, 181 rue d'Argenteuil (dans la paroisse Saint-Roch) le 20 floréal de l'an 7 (le jeudi 9 mai 1799), oublié de tous.
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Balbastre est aujourd'hui surtout retenu pour sa musique d'orgue et surtout pour clavecin. On trouve au clavecin des oeuvres tout à fait remarquables, dans la digne et meilleure tradition du clavier français.
Balbastre - La D'Héricourt, Livre de pièces pour clavecin 1759:
Balbastre - La Boullogne, Livre de pièces pour clavecin 1759:
Cette pièce est un mélange magnifique entre la tradition baroque et le classicisme naissant. C'est une pièce d'une grande modernité et d'une grande variété, un petit bijou !
Balbastre - La Lugeac, Livre de pièces pour clavecin 1759:
Dans un registre plus comique une pièce de caractère :
Balbastre - La cannonade, au clavecin et à l'orgue:
D'aucun pourrait y voir toute l'insouciance de la cour de France à la veille de la révolution, mimant les coups de canon avec un clavecin. Comble de l'irone par la suite Balbastre arrangea des airs révolutionnaires (dont Ah Ca ira, ça ira, tout de même) pour l'orgue ou le clavecin, par conviction ou pour sauver sa peau cela reste à voir !
Dans l'absolu il est intéressant de comparer ce qui pouvait être publié en France dans les années 1750 et 60 comparativement aux sonates qu'Haydn ou les fils Bach pouvaient écrire au même. En-dehors de Rameau il y a un riche corpus de pièces pour clavecin ou orgue vers la fin du baroque et début du classicisme, avec par exemple les Royer, Duphly ou Balbastre développé ce-dessus.
Joachim
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Sujet: Re: Claude Balbastre (1724 - 1799) Jeu 15 Fév - 13:22
La canonnade est je pense plus pour le clavecin que pour l'orgue, où l'on distingue peu les thèmes (ou alors c'est une question d'interprétation), et il est à noter que la durée de la version orgue est la moitié de celle de clavecin.
Claude Balbastre est un des rares français de l'époque à ne pas avoir écrit pour la voix (sauf deux courtes chansons). Son catalogue comporte quatre sonates en quatuor, le reste étant exclusivement consacré au clavier (clavecin ou pianoforte, y compris sa série des 24 Noëls en variations, ceux-ci pouvant être interprétés à l'orgue).
Sujet: Re: Claude Balbastre (1724 - 1799) Jeu 15 Fév - 23:57
Je ne saurais trop dire pour la canonnade. On entend en général peut être plutôt ça au clavecin, et force est de constater que ça sonne beaucoup mieux, mais je crois que c'est normalement écrit pour orgue. J'ajouterais ceci dit que les interprétations peuvent ne pas être heureuses, la version orgue que j'ai partagé est assez fade (mais l'enregistrement est de qualité), je pense qu'il est possible de faire beaucoup mieux, beaucoup plus contrasté et bien plus percutant en exploitant davantage les différents jeux. Avec un puissant bourdon, bien sourd, il doit être possible de rendre l'effet d'un coup de canon ! Nul doute que l'orgue en a en réserve, largement de quoi égaler une interprétation au clavecin, il faut simplement oser l'extravagance ou l'exagération.
De toute façon Balbastre comme tu l'évoques n'avait en général pas une écriture très spécifique dans le sens où l'usage du pédalier est réduit au minimum (voire inexistant), ainsi c'est indifféremment joué à l'orgue ou clavecin selon convenance ou ce qu'on a sous la main. Ca se prêterait aussi sûrement très bien au piano moderne, il suffit d'exagérer les nuances.
Il est vrai que je n'ai pas partagé Joseph est bien marié mais c'est plus ou moins le "tube" de Balbastre étrangement. A titre personnel j'aurais tendance à considérer que La Boullongne ou La D'Héricourt gagneraient à être plus connues. Sans être l'extase à tous les niveaux Balbastre reste un compositeur inventif et amusant, en un sens assez proche de Corrette. Une lignée de compositeurs plus décontractés qui sont finalement très représentatifs de la frivolité et de la quête d'effets spectacles de l'époque (du moins jusqu'à la révolution).