J'ai croisé aujourd'hui deux œuvres très intéressants et quelque peu bizarres de ce compositeur: la Messe tchèque de Noël (1796) et le Quatour à cordes en ré mineur (1801):
Quoiqu'il ne fasse pas crier au chef-d'œuvre, il s'agit d'une composition de bonne qualité, tout à fait différente du type de Messe de cette époque que nous sommes habitués à écouter; pour commencer, pas de contrepoint, mais un chant homophone qui s'applique bien au caractère initimiste et affectueux de son début et de sa fin (ce n'est pas pour rien que cette œuvre sent si bon Noël).
Au milieu il y a des traits qui tendent à la grandiosité, mais les mélodies sont toujours claires, presque arcadiennes, et en certains points l'atmosphère rappelle celle de la Flûte enchantée, composée à peine cinq ans auparavant; un peu comme si Papageno abandonnait ses plumes et allait à l'église en frac avec ses collègues pour chanter en chœur (et en tchèque).
Et maintenant, un très beau quatuor miniature:
Cette œuvre, composée en 1801, n'est pas un divertimento ni un simple copier-coller des quatuors des maîtres récents et contemporains qui avaient élevé le genre à la hauteur d'un art adulte et pour les connaisseurs; bien que très brève, elle est riche de qualité.
Toutes proportions gardées, l'Adagio initial me fait penser - pour sa densité et sa rigueur - au prémier mouvement du Quatuor en ut dièse mineur de Beethoven; il pourrait rappeler le début d'une sonate dans le style d'église (il m'est venu à l'esprit l'Adagio aussi de la Symphonie "La Passione" de Haydn), mais comment peut-on concilier ledit style avec les inventions excentriques du Menuet, qui démarre comme un Landler et ensuite fait étalage de pizzicati?
Le Finale (Scherzo) rappelle à vrai dire un fugato conclusif, avec des imitations très serrées et un sujet agité jusqu'au paroxysme; Ryba n'a que deux minutes pour l'exploiter comme il se doit, mais la vitesse et l'inspiration lui permettent de mener à bien cette tâche. La fin se perd dans le vide comme son homologue mozartien KV 173 (lui aussi en ré mineur).
Dernière édition par kraus le Dim 6 Oct - 9:40, édité 1 fois
Sujet: Re: Jakub Jan Ryba (1765-1815) Dim 6 Oct - 8:51
Merci Kraus pour ce quatuor à cordes de Jakub Jan Ryba.
Oeuvre étonnante en effet et disproportionnée. Elle s'ouvre par un adagio ambitieux et original car je ne connais ni chez Mozart ni chez Joseph Haydn un tel début dans un quatuor à cordes. On s'attend ensuite à un vigoureux allegro de forme sonate (comme souvent chez Haydn dans ses sinfonia da chiesa) mais, surprise, deux mouvements parodiques, un scherzo baptisé menuetto et un scherzando comme si l'auteur voulait nous dire: Basta avec la tristesse, place à la rigolade! Visiblement Ryba refuse de se prendre au sérieux et conclut à la manière d'un Francis Poulenc par une pirouette.
Incidemment la toute fin me fait bien plus penser à la coda du finale du quatuor n° 15 en ré mineur K 421 de Mozart qui se termine aussi par une tierce picarde.
Jakub Jan Ryba (1765-1815)
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