Avant-dernière de la première série de symphonies Londoniennes, la
symphonie n° 97 en ut majeur fut composée par Joseph Haydn en 1792. Elle contraste avec la monumentale et sévère 98ème par une allure d'ensemble plus aimable et plus
viennoise.
L'
Adagio qui ouvre l'oeuvre donne le ton; dépourvue de cuivres et de timbales, cette introduction frappe par son caractère lyrique et intimiste. Après une mesure comportant six do successifs, voici un accord de septième diminuée et un
thème merveilleusement chantant qui me rappelle quelque chose. Un jour je réalisai que que le fameux quintette en ut majeur avec deux violoncelles de
Schubert débutait de façon presque identique. Glorieuse anticipation de la part de Haydn!
Le
Vivace qui suit est à 3/4 et débute avec un thème qui n'est autre que l'accord parfait d'ut majeur. L'exposition se déroule de manière classique et le second thème est une
charmante petite valse décorée par les échos des vents. Le développement est relativement court mais concentré. Il est entièrement construit sur le premier thème qui est d'abord repris forte en mi bémol majeur; immédiatement après, un merveilleux canon entre la flûte et les deux hautbois, ponctué par des échos du premier thème pianissimo aux cordes, nous ravit par ses sonorités diaphanes. Ce moment est bref mais très émouvant.
L'
Adagio ma non troppo est un thème suivi de trois variations. Le thème est une sorte de
marche lente d'une grande noblesse. La seconde variation en fa mineur est dramatique à souhait. La troisième variation est une broderie sur le thème en doubles croches qui est jouée "
sul ponticello" (sur le chevalet) dans l'interprétation d'
Antal Dorati. La sonorité est extrêmement nasillarde et presque grinçante, conception très défendable car elle donne un caractère agressivement populaire à ce passage en accord avec le style du compositeur. Consultant la partition éditée par Ernst Praetorius et HC Robbins Landon, je n'ai pas trouvé de mention "
sul ponticello". La coda est extrêmement poétique: les vents murmurent des échos du thème au dessus des trémolos des cordes avec des modulations prodigieusement schubertiennes.
Pour une fois le
menuetto Allegretto est, à mon humble avis, le sommet de l'oeuvre. D'emblée on est conquis par la sonorité somptueuse de ce morceau qui donne aux bois et aux cuivres la première place dans un style quasiment
choral. Il n'y a pas de barres de reprises, chose exceptionnelle dans un menuet, d'où une variété infinie de couleurs et de sentiments. La fin du menuet toutes forces déployées est particulièrement captivante. Le trio est un
laendler ravissant qui, à la fin du trio, est jouée par le premier violon dans son registre suraigu, dans un style très séduisant qui évoque un musicien de village.
Le Finale,
Presto assai, est un Rondo sonate bâti sur un thème d'un dynamisme étonnant. Le premier
couplet est un
fugato sur un thème nouveau qui est en fait un véritable développement. Retour du
refrain très écourté qui, avec brusquerie, débouche sur l'intermède central dans lequel le refrain transposé en ut mineur est attrapé au vol; ce nouveau développement très véhément s'articule curieusement sur une nouvelle mouture du premier couplet. Retour du refrain et le mouvement se termine par une longue coda que l'on peut considérer comme un troisième développement bâti sur des bribes du thème du refrain. Cette coda met un point final à une symphonie particulièrement
ensoleillée et optimiste.