La symphonie n° 56 en ut majeur est la plus grandiose des cinq symphonies en ut majeur (n° 38, 41, 48, 50 et 56) composées par Joseph Haydn entre 1768 et 1774. Par la densité et la tension de ses mouvements extrêmes elle se rattache encore au mouvement "Sturm und Drang" mais la beauté mélodique de son adagio et la majesté du menuetto, la projettent résolument vers l'avenir et préfigurent la grande période classique de Haydn.
Le début du premier mouvement allegro di molto est en quelque sorte la transposition en ut majeur du thème principal en fa# mineur du mouvement correspondant de la symphonie n° 45 Les Adieux. A cet accord parfait d'ut majeur violemment affirmé par tout l'orchestre répond la deuxième partie du thème très mélodique énoncée piano par les cordes. Tout le mouvement est régi par cette opposition entre éléments les uns, dominateurs et guerriers, les autres, doux et paisibles. A partir du second énoncé du thème des trémolos de doubles croches des violons interviennent et vont se poursuivre durant tous les tutti du mouvement. Ces trémolos se situent dans le registre très aigu des violons et leur agressivité est encore accrue par les cors et les trompettes qui percent les nues par leurs appels stridents. En outre, ce mouvement comporte un court second thème très doux et le développement est principalement basé sur les deux motifs qui composent le premier thème et qui s'opposent plus que jamais. A la fin du mouvement trompettes cors et timbales sont à découvert et se manifestent une dernière fois avec la plus grande frénésie. Ainsi se termine ce formidable premier mouvement.
Encore un merveilleux adagio sorti de la plume inspirée de Haydn. Point d'austérité et de monothématisme ici, on assiste plutôt à une profusion de thèmes tous plus beaux les uns que les autres. Le thème principal est suivi d'un magnifique solo de basson, une des premières apparitions de cet instrument dans une symphonie de Haydn, le hautbois prend le relai avec une ligne mélodique tendue et intense. Plus loin les violoncelles et contrebasses introduisent un thème nouveau en ut mineur sous une tenue des hautbois. Marc Vignal cite à ce propos le début du concerto n° 24 KV 491 pour piano de Mozart (1) mais ce sombre motif ne dure pas et est suivi par une conclusion céleste. Le développement introduit d'abord un émouvant thème nouveau, il est ensuite basé sur le premier thème devenu très dramatique par les modulations mineures et s'achève avec le thème "mozartien" de l'exposition. La rentrée est voisine de l'exposition mis à part quelques modifications, en particulier le solo de basson qui est notablement varié..
Le menuetto est un des plus longs et symphoniques dans l'oeuvre de Haydn à ce jour. Il contraste avec le trio, un laëndler confié au quatuor à cordes.
Avec le finale, Prestissimo, on retrouve la hargne et l'agressivité du premier mouvement. C'est une sorte de tarentelle endiablée inscrite cependant dans une structure sonate rigoureuse. Le développement est particulièrement enthousiasmant, les cordes répètent les premières mesures du thème initial et les cuivres leur répondent par un motif rythmique obstiné. La brutalité avec laquelle s'effectue la rentrée et l'énergie du discours musical de tout ce mouvement m'évoquent le finale de la 7ème symphonie de Beethoven.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp.1010-1.