La
symphonie n° 50 en ut majeur fut composée par
Joseph Haydn en 1773, année féconde qui vit naître outre le remarquable opéra bouffe L'
Infedelta delusa, les symphonies n° 51 en si bémol, la symphonie n° 64 en la majeur et la symphonie n° 65 en la majeur. Si les symphonies n° 51 et 64 sont de typiques représentantes du mouvement "
Sturm und Drang" (3), par contre les symphonies n° 65 et 50 s'en écartent notablement. C'est compréhensible dans la cas de la symphonie n° 50 dont deux mouvements au moins dérivent d'un spectacle pour marionettes malheureusement perdu "
Der Götterath". Selon EC Robbins Landon cette symphonie, et non pas la n° 48 (Marie-Thérèse), bien antérieure, aurait été composée à l'occasion de la visite de l'impératrice à Eszterhazà en 1773. L'instrumentation est typique des symphonies de jeunesse car elle comporte le quintette à cordes, deux hautbois, un basson doublant la basse, deux cors altos, deux timbales et peut-être deux trompettes doublant les cors. La présence des trompettes fait débat et Anthony Hogson recommande de s'en passer si on dispose de cors altos (1).
Après une introduction
Maestoso remarquable par ses rythmes pointés, l'
allegro ¾ nous emmène dans une ambiance festive. Le
thème principal est asymétrique, il se compose d'un motif des violons
piano suivi d'une réponse
forte en croches du
tutti.
Clarté et transparence sont les maîtres mots qui définissent le mieux ce mouvement (et d'ailleurs la symphonie toute entière). Cette exposition très concise se termine par un second thème très doux. Le développement est basé principalement sur les deux motifs constituant le thème. Le motif des violons s'opposant au vigoureux motif en croches de tout l'orchestre à travers des modulations expressives. Le motif en croches devient prépondérant à la fin du développement et finit par occuper tout l'espace sonore. La réexposition est peu différente de l'exposition. Ce mouvement très court, à l'énergie contenue, ressemble bien plus à une
ouverture d'opéra qu'à un premier mouvement de symphonie.
Avec le second mouvement
Andante moderato 2/4, on se croirait revenu au temps des symphonies antérieures à 1761. En effet cet
andante est écrit pour les cordes seules dans sa première partie. De plus
un violoncelle solo joue constamment la même mélodie que le premier violon mais à l'octave inférieur comme on l'a vu dans l'
andante ma non troppo de la symphonie n° 16 en si bémol majeur qui elle est antérieure à 1761 (2). Comme la mélodie principale est jouée à l'unisson par les premiers violons et les seconds violons d'une part et par le violoncelle solo à l''octave inférieur et que l'accompagnement des basses et des altos est très discret, ce mouvement a une sonorité très particulière, assez étrange, unique dans les symphonies de Haydn. L'entrée des hautbois et des cors dans la seconde partie apporte un complément d'harmonie et une sonorité plus classique. Aucun nuage ne voile ce mouvement axé sur la beauté mélodique et la clarté.
Le menuetto (appelé Menuet par Haydn) est certainement le
mouvement le plus original de la symphonie. Il contraste par son "modernisme" (on le croirait composé à une date bien plus tardive) avec l'archaïsme du mouvement précédent. Ce menuet est construit comme un morceau de sonate en miniature, après les barres de reprises la seconde partie débute par un petit développement très élaboré sur les premières mesures du thème du menuet qui font l'objet d'imitations serrées entre les premiers et les seconds violons. Le trio débute par les premières mesures du menuet et amènent avec beaucoup de subtilité le thème du trio en fa majeur,
un chant du hautbois de caractère presque tyrolien. Il n'y a pas de barres de mesures et c'est avec beaucoup d'élégance et de poésie que le chant du hautbois
pianissimo s'enchaine au da capo du menuet. Une recherche constante d'unité donne à la fois charme et rigueur à ce mouvement.
Le climat du finale
Presto 2/2 est assez proche de celui du premier mouvement. Il débute
pianissimo par un
thème à la fois furtif et spirituel (oui c'est possible), thème répété une fois et suivi par une marche harmonique de caractère baroque qui nous renvoie à des symphonies en ut majeur antérieures (n° 41, 38, 32). Le dévelopement est construit sur les deux premières mesures du thème qui font l'objet de modulations variées et de variations rythmiques intéressantes. La rentrée d'abord inchangée est par la suite notablement modifiée: la marche harmonique "baroque" gagne en éclat et puissance et à la fin un
fortissimo dissonant de tout l'orchestre avec timbales déchainées annonce la symphonie n° 56 en ut majeur de l'année suivante. Fin lapidaire de ce mouvement très spirituel et d'une des plus brèves symphonies de
Haydn.
(1) Anthony Hodgson, The Music of Joseph Haydn. The Symphonies. The Tantivy Press, 1976.
(2)
https://haydn.aforumfree.com/les-symphonies-f1/symphonies-n-15-et-n-16-originalite-imagination-t337.htm(3)
https://haydn.aforumfree.com/generalites-f14/sturm-und-drang-orage-et-passions-t425.htm