Le Trio n° 35 en ut majeur pour piano, violon et violoncelle (HobXV.21) fait partie d'un groupe de trois composés à Londres par Joseph Haydn vraisemblablement fin 1794 et publiés en mai 1795. Les deux autres trios sont le trio en mi bémol majeur (HobXV.22) et en ré mineur (HobXV.23). Comme les trois précédents (n° 18 en la majeur, n°19 en sol mineur et n° 20 en si bémol majeur), ces trios sont aussi différents les uns des autres qu'on peut l'être. Si le trio en ut est charmant et pratiquement dépourvu d'aspérités, le trio en mi bémol est une oeuvre grandiose, le trio en ré mineur, lui, évolue dans une ambiance sombre et austère.
Le premier mouvement débute avec un Adagio pastorale de six mesures qui annonce la couleur du trio entier: gaie et lumineuse. Il est suivi par un Vivace Assai à 6/8 au caractère agreste affirmé. Le thème unique de ce morceau est très mélodieux avec son balancement caractéristique. Il reviendra plusieurs fois au cours du morceau. Particulièrement spectaculaire est sa troisième apparition en sol majeur au dessus d'une basse de musette puissante composée par la pédale de sol du violoncelle et les accords massifs à la main gauche du pianiste. Le développement, assez court (trente mesures) est un divertissement bâti sur le thème principal, la fin du développement est particulièrement impressionnante du fait des octaves brisés fortissimo à la basse du piano. La rentrée est profondément modifiée car le thème principal est transposé en mineur ce qui en change complètement le sens, il donne lieu à une suite en mi bémol majeur particulièrement modulante et expressive. Ce long passage fait figure en somme de deuxième développement. Au cours de la coda un dernier retour du thème accompagné fortissimo par la basse de musette cette fois dans le ton principal termine brillamment ce magnifique mouvement.
Le Molto andante en sol majeur qui suit est un des mouvements lents les plus fascinants de Haydn. Bâti aussi sur un thème unique d'une grande séduction mélodique chanté d'abord par le violon au dessus d'une basse d'Alberti du piano, il est ensuite délicatement varié par le piano. Ce dernier reprend le thème en mineur avec des accents très émouvants. Un retour du thème au violon puis au piano termine cette première partie. La partie centrale est en somme une variation sur le thème principal. La troisième partie reproduit presqu'à l'identique la première. On ne peut qu'être émerveillé du parti que tire Haydn de ce thème et de l'art avec lequel il le fait passer par d'incessantes modulations qui le renouvellent sans cesse.
Un finale (Presto) très gai conclue le trio. C'est une structure sonate pratiquement monothématique. Alors qu'on s'attend à une second thème, le premier thème est repris par le violon sur un trille persistant du piano qui frotte délicieusement avec le violon. L'exposition se termine avec une court thème nouveau. C'est ce dernier qui inaugure le développement assez court, intervention quelque peu hésitante car ponctuée de points d'orgue mais c'est bientôt le premier thème qui reprend la vedette. La rentrée est semblable à l'exposition. Il n'y a pas de coda.
Une fois n'est pas coutume: pas de fugatos et de développements contrapuntiques savants dans ce trio, les thèmes sont chantants et rien ne doit entraver l'effusion mélodique.