Le Trio n° 19 en fa majeur (HobXV.6) pour piano, violon et violoncelle fut composé par Joseph Haydn vers la fin de l'année 1784 en même temps que le trio précédent en sol majeur (HobXV.5). Il ne comporte plus que deux mouvements. Il inaugure avec le trio en sol majeur une nouvelle page dans l'évolution du trio pour piano, violon et violoncelle au cours de la fin du 18ème siècle.
Il s'ouvre par un brillant Vivace. Au dessus d'une batterie de croches jouées par la basse du clavier et le violoncelle, s'élance un thème incisif et bondissant. Après un pont assez virtuose du piano, on arrive à la dominante et comme souvent chez Haydn, le premier thème réapparait pour laisser la place à un second thème, tout en croches piquées échangées entre piano et violon. Un rappel fugitif du premier thème marque la fin de l'exposition. La fixité tonale de cette exposition est digne d'être remarquée car très rare chez Haydn. Dans le développement assez long (50 mesures), c'est le premier thème qui règne d'abord, il passe par plusieurs modulations vers des tons mineurs et est terminé par des points d'orgue qui le rendent presque théatral. Le second thème intervient ensuite et sera élaboré avec beaucoup d'art, d'abord entier, puis décomposé en courts motifs. Ces derniers seront habilement échangés entre le clavier et le violon, passage terminé également par un point d'orgue. Une réexposition très condensée amènera une conclusion brillante à ce morceau serein et fort qu'aucun nuage ne traverse.
Par son caractère réfléchi, sérieux, et son tempo plutôt modéré, le tempo di minuetto fait presqu'office de mouvement lent. La première partie du menuet est très richement harmonisée par le violon qui joue un contrechant très beau sur sa corde sol, donc dans son registre le plus grave. L'ensemble est d'une grande plénitude. Dans la deuxième partie du menuet, le violon accompagne le chant du piano avec des harmonies chromatiques très expressives. Après les barres de reprises commence un vaste trio (ou un couplet de rondo?) en fa mineur. Le violon se taille la part du lion avec un thème magnifique subtilement apparenté au thème du menuet. Le thème du menuet reparait ensuite mais il n'y a plus de barres de reprises. Les premières et secondes parties sont très joliment variées ce qui évite les redites. Quelques mesures de coda très poétiques et quatre accords sabrés par les trois instruments mettent un point final à ce mouvement.