Le
Trio n° 30 en fa majeur (HobXV.17) est le dernier des trios pour l'éditeur John Bland. Comme dans les deux trios récédents, Joseph Haydn s'intéresse plus à la
beauté mélodique et à la richesse thématique qu'aux expérimentations formelles ou harmoniques. Il ne comporte que deux mouvements.
Le premier mouvement,
Allegro, est une structure sonate épanouie comportant une multitude de thèmes parmi lesquels nous retiendrons le premier ample et chaleureux, un second très chantant survenant juste après un deuxième énoncé du premier thème et un troisième thème à la dominante, survenant juste avant la fin de l'exposition, au caractère populaire presque schubertien. Ce dernier thème fera les frais de tout le remarquable développement. Ce dernier consiste d'abord en imitations aux dissonances assez rudes entre la main droite du pianiste doublée par la flûte et les basses du piano. La fin du développement frappe par son caractère
prodigieusement beethovénien lorsque la flûte et la main droite du pianiste exposent les trois premières notes du troisième thème au dessus d'un accompagnement en arpèges, grondant dans l'extrême grave du piano et du violoncelle. Comme dans les deux trios précédents la réexposition est notablement écourtée.
Le second mouvement est un
Tempo di minuetto qui se présente comme un menuet classique dont les deux parties sont terminées par des barres de reprises. Toutefois la répétition du thème du menuet dans le milieu de la deuxième partie (le thème est répété quatre fois en tout) donne à l'audition l'illusion d'un refrain de
rondo. Le thème initial me semble très proche de celui du finale, Presto, de la sonate n°54 en sol majeur (HobXVI.40) (1) mais ici l'atmosphère est plus sérieuse et réfléchie que dans la sonate qui nous avait frappé par son caractère franchement humoristique. En tout état de cause ce mouvement gracieux et un brin mélancolique termine en beauté cette magnifique série de trios auxquels la flûte donne une personalité très attachante et qui présentent une unité frappante dans la conception et l'esprit..
Excellente interprétation du trio Van Swieten qui, à mon humble avis, dépasse celle du Beaux Arts Trio, dans la mesure où, indiscutablement, la flûte apporte ici un coloris irremplaçable. C'est comme si on s'avisait à jouer le trio pour piano, alto et clarinette KV 498 de Mozart avec un violon à la place de la clarinette!
https://haydn.aforumfree.com/sonates-pour-piano-trios-pour-piano-violon-et-violoncelle-f3/sonate-n-54-en-sol-majeur-hobxvi40-t146.htm