Les circonstances de la composition par Joseph Haydn de la symphonie n° 48 en ut majeur et le débat concernant sa date de conception, sa dédicace à l'Impératrice Marie Thérèse et son orchestration (authenticité des parties de trompettes en particulier) sont détaillées par Marc Vignal (1). Cette symphonie date probablement de 1769 (et non de 1773 comme on l'a cru longtemps) et de ce fait forme avec les symphonies n° 38 (Echo) et n° 41, toutes deux en ut majeur et datant de la même année, une véritable trilogie. Composée peut-être en dernier, la symphonie n° 48 est plus ambitieuse et plus développée que ses devancières.
L'Allegro initial frappe par la magnificence de son début. Après un accord fortissimo sabré par tout l'orchestre, le thème principal est clamé par les cors et les trompettes. Quelle grandeur, quel éclat! Le deuxième exposé du thème est suivi par un motif déjà présent dans la symphonie n° 38 mais bien plus richement développé ici. On assiste ensuite à une alternance de moments de grande tension et de détente. On peut noter parmi ces derniers un second thème énoncé piano par les violons délicatement accompagnés par les autres cordes. Ce thème est suivi par un farouche unisson qui jouera un rôle important lors du développement. La fin de l'exposition est caractérisée par de spectaculaires gammes ascendantes et roulades entonnées par tout l'orchestre. Lors du développement l'unisson que nous avons signalé reparait et devient encore plus menaçant du fait des modulations auquel il est soumis, il est ensuite suivi par un travail thématique poussé sur le motif qui suivait le thème initial lors de l'exposition..
L'Adagio 6/8 inaugure une série de mouvements lents solennels et profonds que l'on rencontrera fréquemment dans les symphonies des années suivantes. Le thème initial très doux fait collaborer étroitement cordes avec sourdines et vents avec pour résultat une sonorité splendide. L'exposé du thème est suivi par un passage confié aux violons qui jouent piano un thème syncopé et aux basses qui donnent la mesure. Ce long passage à deux voix, d'une impressionnante nudité se termine par un motif sublime cette fois richement harmonisé. A la fin du développement les cors interviennent de façon quasi wagnérienne! Cet adagio introspectif contraste vivement avec la luminosité des trois autres mouvements.
A mon humble avis, le troisième mouvement, Allegretto est le menuetto le plus puissant et le plus symphonique écrit à ce jour par Haydn. La deuxième partie est remarquable: après le retour du thème, on entend une spectaculaire sonnerie de cuivres qui anticipe sur certains menuets des symphonies londonniennes. . Lors du dramatique trio en ut mineur pour cordes seules, le chef Adam Fischer fait alterner les tutti avec des passages réservés à un petit ensemble de solistes, qui évoquent les sonorités des quatuors à cordes de l'opus 20 (1772).
Le finale allegro 2/2 est un morceau plein de feu et d'énergie. Ici encore le chef Adam Fischer fait alterner tutti et soli. C'est un motif formé de gammes chromatiques ascendantes et descendantes, que l'on avait déjà entendu lors de l'exposition, qui ouvre le développement court mais concentré. Ce pasage, réservé aux solistes, montre clairement le degré de virtuosité impressionnant exigé des instrumentistes. Une fausse rentrée débouche sur un épisode dramatique issu d'une ritournelle orchestrale de l'exposition. La véritable rentrée n'apporte que peu de changements. Décrire avec des mots la vie et le dynamisme qui se dégagent de ce morceau est chose impossible.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.