La symphonie n° 69 en ut majeur Laudon fut composée probablement en 1775, année féconde qui vit naître un superbe oratorio Il Ritorno di Tobia, un grand opéra mi-bouffe, mi-seria, L'Incontro improviso et quatre ou cinq symphonies dont les n° 66, 67, 68 en plus de la symphonie n° 69 Laudon. Le mouvement Sturm und Drang est maintenant dernière Joseph Haydn, un esprit nouveau souffle, le style galant règne et on peut dire que les quatre symphonies de 1775 en sont de magnifiques représentantes. A la même époque Wolfgang Mozart et Michael Haydn cessent de composer des symphonies et le premier nommé multiplie les divertissements et les sérénades (1). La symphonie n° 69 fut dédiée au maréchal Laudon par Artaria et prit le nom de ce héros national avec l'accord de Haydn (2).
La tonalité d'ut majeur est synonyme de fête dans les symphonies n° 38, 40, 48 et 56. La symphonie n° 69 ne déroge pas à cette règle et le thème initial de l'allegro au rythme de marche scandé par les trompettes et les timbales a beaucoup d'éclat. Par contre le second thème contraste par son caractère essentiellement mélodieux. Le développement basé sur les deux thèmes de l'exposition ne possède pas le caractère dramatique associé généralement chez Haydn à cette phase de la structure sonate. La réexposition est peu modifiée et le mouvement se termine comme il avait commençé par des fanfares des cuivres.
Le Poco adagio piu tosto andante en fa majeur ¾ commence avec un thème sinueux d'une remarquable longueur et très doux chanté par les corde seules (excepté quelques notes de soutien des cors au tout début) en doubles croches principalement. Un passage forte dans lequel interviennent les vents apporte une note plus sombre et termine l'exposition. Après un intermède central très dramatique, la réexposition est légèrement variée, en particulier le thème du début est en son début doublé par les cors ce qui le rehausse singulièrement.
Le remarquable menuet plein de feu et d'éclat offre un beau contraste avec l'adagio. Les trompettes et timbales très actives donnent vraiment un caractère festif à ce mouvement. Le trio est un laëndler très séduisant consistant en un solo du hautbois avec d'amusantes notes répétées.
C'est un rondo sonate Presto 2/4 qui termine l'oeuvre. Le thème du finale piano est encadré de doubles barres de reprises. Le premier couplet forte est écrit dans un magnifique style symphonique très puissant évoquant les symphonies tardives de Haydn. Le retour du refrain est suivi par un couplet central très véhément et dramatique. Après cet épisode violent, les violons, piano, s'emparent de lambeaux du thème du refrain et grâce à de troublantes modulations amènent la réexposition ou plutôt un retour éclatant du refrain cette fois forte. Une courte coda aboutit à la fin de ce somptueux finale qui une fois de plus dépasse le premier mouvement en taille et en magnificence sonore.
(1) Certaines sérénades pour orchestre de Mozart, la sérénade Hafner KV 250 par exemple de 1776, ont toutefois un caractère symphonique marqué.
(2) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.