La
symphonie n° 30 en ut majeur "Alleluia" date de l'année 1765. Au cours de cette année,
Joseph Haydn composa trois autres symphonies: les n° 31 en ré majeur Appel du cor, 28 en mi majeur et 29 en la majeur dans l'ordre chronologique probable. La symphonie
Alleluia est la dernière symphonie en trois mouvements avec la coupe vif, lent, vif de la sinfonia italienne (1). A partir de cette oeuvre, Haydn abandonne définitivement la coupe à l'italienne pour ne composer exclusivement que des symphonies en quatre mouvements avec généralement un menuetto en troisième position. Son surnom provient du fait que dans le premier mouvement Haydn utilise l'alleluia grégorien pour la nuit de Pâques (2). L'effectif instrumental utilisé est important, il comprend une flûte, deux hautbois, un basson doublant la basse, deux cors et deux trompettes (3).
Dans le premier mouvement,
Allegro 4/4, le thème clamé par les trompettes est quelque peu différent de l'allelluia grégorien, ce début éclatant est tout à fait typique des symphonies festives en ut majeur qui jalonnent la production symphonique de Haydn. Le second thème piano est très proche du premier. On peut donc considérér ce mouvement comme monothématique. Le développement, basé sur le thème initial, consiste en vigoureuses imitations sur les quatres premières notes du thème de l'
allelluia tandis que les violons parcourent l'espace sonore de brillantes gammes ascendantes et descendantes en doubles croches. Lors de la réexposition, les trompettes cèdent leur place aux hautbois et aux cors pour exposer le thème principal. Mais les trompettes reviennent en force pour conclure brillamment ce mouvement.
Avec l'
Andante en sol majeur 2/4 nous retrouvons l'esprit de l'
adagio de la symphonie n° 24 avec un
superbe solo de flûte. Toutefois la flûte ne monopolise pas toute la scène et laisse au hautbois quelques passages mélodieux. Le développement, une simple transition en fait, consiste en une marche harmonique d'esprit baroque à la flûte solo.
Le troisième mouvement
Tempo du menuetto,
piu tosto allegretto 3/4, est plus proche d'un
rondo que d'un menuet. On ne saurait trop admirer dans ce morceau l'
extraordinaire charme mélodique du thème du menuetto joué par les cors et les violons. Le premier intermède, un solo de la flûte et du violon solo à l'unisson, est une merveille de grâce et d'élégance. Retour du refrain suivi par un nouvel intermède mineur assez étrange: le thème est énoncé d'abord par les violons alors que les cors et les hautbois à l'unisson tiennent un mi un peu inquiétant pendant toute la durée de cette première partie. Dans une seconde partie le thème passe aux basses avec de brusques
sforzandos et devient quelque peu menaçant mais tout se calme vite avec le retour du refrain. Une coda dans laquelle le thème du début est repris par les cors et un violon solo de manière très poétique termine cette symphonie particulièrement joyeuse.
Plusieurs musicologues ont considéré à juste titre que ces symphonies de l'année 1765, généralement sereines correspondaient à la fin d'une époque et à un
adieu de Haydn à sa jeunesse (2). A partir de cette date, l'inspiration de Haydn devient plus sombre comme en témoigne la symphonie n°34 en ré mineur, composée vers 1766, premier témoignage peut-être du "
Sturm und Drang".
(1) La symphonie n° 34 en ré mineur datant vraisemblablement de 1766 est également en trois mouvements mais c'est une symphonie d'église débutant avec un mouvement lent.
(2) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1788.
(3)
http://en.wikipedia.org/wiki/Symphony_No._30_(Haydn)