Les qualités d'élégance et de charme mélodique que nous avons remarquées dans la symphonie n° 71 en si bémol, nous les retrouvons dans la symphonie n° 74 en mi bémol probablement contemporaine, composée par Joseph Haydn entre 1778 et 1781 et publiée par Forster en 1782 (1). La symphonie n° 74 comporte les instruments suivants: le quintette à cordes, une flûte, deux hautbois, un bassons, deux cors.
A l'instar de la symphonie n° 71, le premier mouvement Vivace assai ne débute pas par une introduction lente mais par trois accords sabrés par tout l'orchestre suivie par une réponse piano très chantante qui jouera un rôle important dans le développement. Un motif tournoyant, sorte de pont, s'échangeant entre premiers et seconds violons amène le second groupe de thèmes qui débute aux violons. Le magnifique développement est presque entièrement construit sur la réponse aux trois accords du début qui passe par d'admirables modulations mystérieuses d'une audace harmonique comparable au second thème du premier mouvement de la symphonie n° 71. La réexposition est régulière mais le second thème est rallongé par de spirituels échos aux bois.
L'adagio cantabile en si bémol a une forme originale intermédiaire entre le rondo et la variation. Le thème principal (refrain) aux violons, très recueilli, est simplement accompagné par les basses. Un intermède de nature rêveuse (premier couplet) est suivi par le refrain cette fois plus richement instrumenté grâce aux concours efficace ds bois et des cors. Le retour de "l'intermède rêveur" (second couplet) écourté amène un nouvel exposé du refrain notablement varié et rallongé par un magnifique épisode confié aux bois et aux cors. Un dernier retour du refrain amène la conclusion aux vents. Dans tout le mouvement l'harmonieuse collaboration des cordes et des vents produit une sonorité d'une grande plénitude.
L'élégant menuetto aux pittoresques rythmes lombards (2) est suivi d'un charmant et poétique trio dans lequel le basson a la partie principale avec un accompagnement très doux des cors.
Le finale allegro assai 6/8 s'ouvre par un thème gracieux aux violons, ce thème est ensuite repris par les basses au dessus desquelles jaillit un énergique contrechant en doubles croches des violons. Le second thème a un caractère pastoral, voire cynégétique. Le développement très court met en jeu les deux thèmes. Lors de la réexposition le second thème est suivi par de savoureux échos des instruments à vents.
(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988.
(2) rythme lombard http://www.musicologie.org/sites/l.html