Joseph Haydn
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Joseph Haydn

(1732-1809)
 
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 ARMIDA HobXXVIII.12

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Piero1809
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MessageSujet: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeDim 20 Avr - 11:34

Armida, composée en 1783-4, est le douzième opéra italien de Joseph Haydn et le dernier à avoir été composé pour Eszterhaza; c'est le deuxième opéra seria après Acide (1763). Le livret, inspiré de la Gerusalemme liberata de Torquato Tasse est en fait une compilation effectuée probablement par Nunziato Porta à partir de sources diverses. Notons que les personnages de l'Armida de Haydn sont les mêmes que ceux de l'opéra du même nom d'Antonio Sacchini datant de 1772.

Les opéras composées sur le même sujet jusqu'alors sont très nombreux et il serait fastidieux de les citer tous. En plus de l'Armida de Sacchini, Haydn aurait pu connaitre l'Armida abbandonata de Niccolo Jommelli (1770) et celle de Tommaso Traetta (1761). Ce dernier compositeur avait effectué dans les années 1758, une réforme de l'opéra italien sur le modèle de la tragédie lyrique française (Cf l'Armide de Jean Baptiste Lully, 1686) en incorporant choeurs et ensembles à la suite souvent monotone d'arias qui caractérisait l'opéra seria italien, réforme qui verra son accomplissement avec Antigona de Traetta (1772) et Idoménéo de Mozart (1780).
J. Haydn semble ignorer cette réforme et prend pour modèle un opéra seria qu'il avait mis en scène et dirigé à Eszterhaza en 1783, Giulio Sabino de Giuseppe Sarti (1). En effet Haydn reprend scrupuleusement le plan adopté par Sarti, comprenant trois actes, le 1er acte se terminant par un duo d'amour, le 2ème acte par un terzetto et le 3ème acte s'achevant avec un bref ensemble. Comme chez Sarti, les ensembles sont donc réduits à leur plus simple expression et les airs et les récitatifs secco et accompagnés constituent le moteur de l'action.

Armida fut le plus joué de tous les opéras (73 titres, tous styles confondus) montés par Haydn à Eszterhaza avec 54 représentations; sa réputation s'étendit au delà des frontières autrichiennes et une exécution triomphale eut lieu à Turin en 1804 (2).

Synopsis. Armida, une princesse magicienne, alliée aux Sarrasins, a, par amour, séduction et peut-être avec l'aide de la magie dompté Rinaldo. "Ce fatal ennemi, ce superbe vainqueur est enfin en ma puissance"; il est prêt à combattre dans les rangs des Sarrasins. La suite consiste dans le conflit qui se joue en Rinaldo entre son honneur de soldat Franc et son amour pour Armida. Cette dernière voyant que Rinaldo épouse progressivement la cause des croisés et lui échappe, le presse de façon de plus en plus intense et frénétique à choisir son camp. C'est celui des croisés que Rinaldo enfin décide de gagner tout en promettant à Armide de la retrouver après la victoire des Francs. Pas dupe, Armide laisse éclater son dépit et sa frustration (3).

Notons que le livret contient une idylle entre Zelmira, la suivante d'Armida et Clotarco, un guerrier franc. Cette idylle se noue dans l'acte I mais est oubliée dans les actes suivants. Malgré cette invraisemblance, le livret a le mérite de centrer l'action autour du combat intérieur de Rinaldo et de la passion de plus en plus désespérée d'Armida. La magie intervient finalement peu ou bien semble bien inefficace pour détourner Rinaldo de son devoir.

Style. Sur cette trame, Haydn a réalisé son opéra le plus parfait. Le découpage en trois actes qui, dans ses "drammi giocosi" précédents nuisait à la progression dramatique, est au contraire tout à fait appropriée ici. On assiste ici à un crescendo de passion et d'émotion au fil des trois actes, le 3ème étant AMHA une des plus merveilleuses créations de J. Haydn.

Sommets:
Acte I:
-la sinfonia, probablement la plus belle de tous les opéras de Haydn. On y trouve tous les thèmes utilisés dans les trois actes.
-L'air de Rinaldo "Vado à pugnar contento...". Aria di guerra avec da capo, belles vocalises et un magnifique accompagnement de trompettes. Ces dernières joue d'ailleurs un grand rôle tout au long de l'oeuvre.
-le fameux duetto entre Armida et Rinaldo qui clôt l'acte I: "Cara, saro fedele...". Ce duetto qui dure plus de dix minutes, est certainement le plus beau de Haydn avec ses magnifiques vocalises napolitaines.

Acte II,
-l'intensité expressive croit en intensité et culmine avec le formidable air d'Armida "Odio, furor, dispetto...". L'accompagnement orchestral de cet air est passionnant. La ligne mélodique des basses évoque très nettement le début du concerto pour piano en ré mineur KV 466 de Mozart (1785).
-un très beau terzetto "Partiro, ma pensa, ingrato..." clôt l'acte II. Ici le contrepoint règne en maître, et on admire la rigueur et la richesse de cette musique.

L'acte III est le sommet de la partition. D'une seule pièce, "durchcomponiert" (mis à part un bref récitatif secco d'une minute), c'est une merveille et on retient son souffle jusqu'à la fin.
-L'air d'Armida "Ah! Non ferir, t'arresta..." est le plus émouvant et le plus intense des arie de l'opéra; il ne déparerait pas un mouvement lent de quatuor à cordes (ceux de l'opus 64, 1790 par exemple). Les ornements qui délicatement varient la reprise da capo de l'air sont un enchantement et évoquent fugitivement le début de "Casta diva...!".
-Quand Rinaldo se trouve dans le jardin magique d'Armida, l'orchestre a des accents qui évoquent La Création. Mais quand Rinaldo s'approche du Myrte enchanté pour l'abattre, des furies s'en échappent et le tiennent à distance; un magnifique interlude orchestral se déchaine pour décrire les combats de Rinaldo.
A la fin, sur fond de troupes Franques défilant en armes, Armida vaincue, laisse échapper sa douleur et sa fureur en invectivant Rinaldo "Mostro di crudelta...! (monstre de cruauté) et l'opéra s'achève sur de martiales sonneries de trompettes.

Une comparaison très étoffée des deux versions (toutes deux excellentes) disponibles de cet opéra a été publiée (4). Ne connaissant que la version Antal Dorati, disposant d'une distribution prestigieuse, je ne peux que manifester mon admiration pour Jessye Norman, une sublime Armida.

(1) http://www.odb-opera.com/modules.php?name=Content&pa=showpage&pid=139
(2) Marc Vignal, J.Haydn, Fayard 1988.
(3) Wilhelm Pfannkuch, Armida, un dernier opéra pour Eszterhaza, 1978.
(4) Roland Graeme http://muse.jhu.edu/demo/opera_quarterly/v018/18.1graeme01.pdf


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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeMer 4 Juin - 22:02

Qu'ajouter à-propos de cette Armida que vous n'ayez déjà dit, Piero?

Je l'ai écoutée plusieurs fois cette semaine, et j'avoue que je suis séduit.

Le livret tient globalement la route, malgré quelques invraisemblances: l'idylle entre Zelimira et Clotarco, comme vous l'avez dit (Zelimira y fait juste une petite allusion dans l'acte II) et autre chose: comment les Chrétiens arrivent-ils à se rendre chez les Sarrasins, et vice versa, sans aucun problème, sans rencontrer aucun garde ou autre enquiquineur, alors qu'ils sont tout de même ennemis ?

Par contre, aucune faiblesse dans la musique. Les recitativi sont surtout accompagnati (les récitatifs secs, seulement avec clavecin et violoncelle ne sont qu'une petite dizaine et plutôt court; c'est très bien car, même s'ils font avancer l'action, j'ai tendance à m'y ennuyer) et l'orchestre n'est pas décoratif: il sous-entend et décrit beaucoup.
Exemple dès le second numéro, dans l'air d'Idreno "Se dal suo braccio oppresso". Qu'un païen promette son royaume à un chrétien, même rendu bête par l'amour et contre une victoire incertaine, cela paraît tout de même un peu gros. Idreno est-il franc ? Le livret ne nous l'apprendra pas. Pour répondre à cette question il faut être attentif, bien écouter l'orchestre. Les cordes paraissent accuser le personnage de mensonge (je manque de vocabulaire, d'une bonne oreille et de la partition, malheureusement, peut-être sont-ce des triolets ? quoi qu'il en soit c'est joué vivement).

L'alternance air/récitatifs est donc rendue moins lassante par les récitatifs accompagnés et les ensemble - le duo, le trio, le finale - à chaque fois en fin d'acte, en cerise sur le gâteau, pour finir en beauté (peut-être est-ce une tradition.

Le troisième acte est peut-être musicalement le plus intéressant de tous (dramatiquement parlant, c'est au second qu'irait ma préférence): la musique est en effet quasi continue et j'aime aussi beaucoup le moment où Rinaldo est dans le jardin d'Armida encore paisible, avec les oiseaux figurés par les bois - Messiaen nous dira lesquelles.

Enfin l'œuvre a une fin comme je les aime: le pauvre Roland part combattre avec les Chrétiens, même s'il ne sait pas vraiment dans quel camp il doit se placer. Il marmonne quelques promesses à Armide, qui le traite de "Mostro di crudeltà", une phrase violente, lancée comme une gifle, qui n'empêchera pas l'amant, un peu sonné, de partir quand même.

En fait, seule une chose me déplaît, si j'ose dire, dans la musique de Haydn: les clarinettes ne semblent être utilisées que dans les marches (celle de l'ouverture, qu'on entend deux fois au cours de l'opéra) ma foi fort bonnes, mais mon instrument préféré n'est utilisé nulle part de manière plus...subtile. Dommage !

Je suis d'accord avec Roland Graeme, la version d'Harnoncourt, sur instruments d'époque (ce n'est pour moins qu'un petit "plus") est globalement excellente, notamment grâce à Cecilia Bartoli, une italienne au sang chaud, et aux musiciens du Concentus Musicus Wien. Une petite réserve par contre pour Patricia Petibon qui ne semble pas bien à sa place ici: sait-elle qu'elle peut ornementer autrement que par des (sur)aigus – et j'exagère à peine ?

Conclusion: Haydn ne révolutionne pas le genre de l'opéra, et c'est tant mieux parce qu'on ne lui a pas demandé. Je pense donc que cette Armida, parfaite du début à la fin, m'a ouvert bien grand les portes des œuvres lyriques de Franz Josef, et j'ai hâte de les découvrir toutes (je ne sais pas en combien de temps ; qu'importe, j'ai la vie devant moi !).


Dernière édition par Piero1809 le Lun 24 Déc - 0:18, édité 2 fois (Raison : Ortographe et autres fautes de frappe.)
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeJeu 5 Juin - 8:53

Merci Bastien pour cette passionnante et pénétrante analyse tout à fait complémentaire de mon compte rendu.

deux observations:

-vous avez tout à fait raison de signaler la distortion amenée par l'orchestre dans les propos d'Idreno, je ne l'avais pas remarquée. Un autre exemple se trouve dans l'air de Clotarco (19) Ah, si piachi il fiero Nume, l'orchestre introduit une dissonance sur les paroles "se c'inganni" (s'ils nous trompent).

-concernant le rôle des clarinettes, il faut mentionner que l'effectif fixe d'Eszterhaza ne comportait pas de clarinettes et pour l'occasion d'Armida Haydn a fait appel à la musique militaire de Nicolas le Magnifique. L'absence de clarinettes a des conséquences:
* chaque fois que les opéras montés par Haydn comportent un air avec clarinettes, Haydn le supprime et généralement en compose un nouveau.
* aucun opéra de Mozart ne sera monté à Eszterhaza.

Amicalement
Piero


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MessageSujet: Un air d'Armida (Acte I)   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeDim 11 Jan - 21:08

Pour ouvrir une manifestation salzbourgeoise en 2007, Annette Dasch interprète un air d'Armide, extrait du premier acte. Je ne suis pas emballé, trop de bel canto... Qu'en pensent les spécialistes ?

https://www.youtube.com/watch?v=Ub-WJJQOZac
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeLun 12 Jan - 0:40

Merci Luc79 pour ce document de bonne qualité.

L'Armida d'Annette Dasch me plaît bien, même après avoir entendu Jessye Norman. L'orchestre est très vivant et les bois et les cors sont bien mis en valeur. Les vocalises ne sont pas envahissantes et correspondent tout à fait au style de cet opéra seria qui ne suit pas du tout les nouvelles modes lancées par les réformateurs Gluck et Traetta. Il ne comporte en effet pas de choeurs et très peu d'ensembles mais n'a pourtant rien d'archaïque et de dépassé.

A propos de l'Armida de Joseph Haydn on peut lire un intéressant article:

http://www.forumopera.com/v1/critiques/armida.htm


Dernière édition par Giuseppe1732 le Lun 12 Jan - 10:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeLun 12 Jan - 1:26

Oui, moi aussi, cet air me plaît bien ! Smile
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeMer 18 Aoû - 19:51

Ecoutant en boucle l'Armida abbandonata de Niccolo Jomelli datant de 1770 et exécutée divinement par Les Talens Lyriques (Direction Christophe Rousset), je m'aperçois que cette musique excellente a pu inspirer Joseph Haydn dans la composition en 1783 de son Armida. Il y a d'étonnantes analogies entre les deux opéra-seria.

Pourtant il me semble qu'Armida abbandonata ne faisait pas partie du répertoire d'Eszterhazà. Il me faut creuser la question.
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeMer 23 Mar - 15:02

En mai 1784, Giuseppe Sarti est de passage à Eszterhazà. Il y restera une dizaine de jours et pourra assister à la représentation de l'Armida de Giuseppe Haydn. Il est possible qu'il entendit son propre opéra bouffe Fra i due litiganti, il terzo gode dirigé par le maestro Haydn (1).
Peu de temps après, Sarti arrive en Russie à Saint Petersbourg et en 1786 y créera un opéra seria Armida e Rinaldo.

(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp. 264-5.
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeVen 6 Jan - 14:55

On ignore sans doute que Mozart recopia et réécrivit en partie (pour une utilisation qu'on ignore encore) un duo de cette Armida.
On en est encore au stade des suppositions, et sur l'utilisation possible, et sur le cheminement de la partition entre Esterhaza et Vienne...

http://www.mozartforum.com/VB_forum/showthread.php?p=6611
http://www.mozartforum.com/VB_forum/showthread.php?t=1185&highlight=Armida
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeDim 23 Déc - 23:07

Emmanuelle a écrit:
On ignore sans doute que Mozart recopia et réécrivit en partie (pour une utilisation qu'on ignore encore) un duo de cette Armida.
On en est encore au stade des suppositions, et sur l'utilisation possible, et sur le cheminement de la partition entre Esterhaza et Vienne...

http://www.mozartforum.com/VB_forum/showthread.php?p=6611
http://www.mozartforum.com/VB_forum/showthread.php?t=1185&highlight=Armida
Merci beaucoup Emmanuelle pour cette information très excitante à laquelle je réponds extrêmement tard.
Il apparait que Mozart a cherché à copier ce magnifique duetto de dix minutes qui clôt le premier acte d'Armida de Giuseppe Haydn. Il semble que l'intention de Mozart était de simplifier certaines vocalises de ce duetto afin de rendre les parties vocales plus simples à chanter. Un passage en colorature de 19 mesures est raccourci à seulement cinq mesures. Vu la nature du papier utilisé par Mozart il semble qu'il ait entreprit cette tâche à partir de 1786 donc deux ans après la création d'Armida à l'opéra d'Eszterhàza. Mais Mozart n'acheva jamais ce travail.
De nombreuses questions restent en suspens:
-pourquoi Mozart a cherché à copier ce duetto? Haydn avait à sa disposition d'excellents chanteurs: Matilda Bologna et Prospero Brahetti et il est possible que les destinataires de l'arrangement de Mozart n'étaient pas aussi talentueux c'est pourquoi son intention était de modifier les traits les plus périlleux.
-comment Mozart s'est-il procuré le duetto de Haydn? Au temps de sa création Armida n'était pas publiée. On pense à l'entremise de Giuseppe Sarti. Ce dernier a rendu visite à Haydn à Eszterhaza en mai 1784 et y a applaudi son propre opéra Fra i due litiganti, il terzo gode , monté et dirigé par Haydn et probablement aussi Armida (1). Framery, biographe de Haydn, témoigne de l'admiration très vive de Sarti pour Armida. Sarti eut ensuite des contacts avec Mozart en mai et juin 1784 et donc il est possible qu'il lui ait confié le fameux duetto. Selon HC Robbins Landon, Mozart et Haydn auraient pu tout simplement échanger des partitions.

Le 13 mars 1786, le comte Auersperg décide de monter Idomenée et deux autres opéras dont Alceste. Selon l'auteur de l'article cité par Emmanuelle, Auersperg aurait songé également à Armida et dans cette hypothèse il aurait peut-être demandé à Mozart de remanier le duetto beaucoup trop périlleux pour le ténor dont il disposait.

(1) Marc Vignal, Joseph Haydn, Fayard, 1988, pp. 264-5.
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeJeu 3 Jan - 0:11

La célèbre chanteuse américaine Joyce DiDonato, spécialisée dans le répertoire baroque, chante aussi le personnage d'Armida dans l'opéra de Joseph Haydn.
On peut l'écouter chanter l'air génial Odio, Furor, Dispetto (Acte II) dans une émission passionnante d'ARTE:

http://videos.arte.tv/fr/videos/joyce-didonato--7151614.html
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeDim 26 Fév - 18:20

A lire de toute urgence le passionnant dossier sur l'Armida de Joseph Haydn rédigé par Jérôme Pesqué:

http://www.odb-opera.com/viewtopic.php?p=307323#p307323

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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeLun 25 Juin - 21:35

En 2015, une remarquable production d'Armida, drame héroïque de Joseph Haydn
Le cercle de l'harmonie, direction Julien Chauvin
Mise en scène de Mariame Clément

Lire la chronique: http://www.classiquenews.com/armida-de-joseph-haydn-en-tournee/
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeLun 25 Juin - 21:36

Un des plus beaux airs d'Armida chanté par Joyce di Donato

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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeSam 27 Avr - 22:32

Un dossier concernant Armida de Joseph Haydn a été publié sur le Blog Rundinella par votre serviteur:

https://piero1809.blogspot.com/2019/04/armida-de-joseph-haydn.html

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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeSam 27 Fév - 21:30

L'enregistrement de l'Armida d'Antonio Salieri par Christophe Rousset à la tête des Talens lyriques vient de paraître.
C'est une oeuvre qui en surprendra plus d'un(e). Très moderne avec des passages presque romantiques, composée en 1771 bien avant celle de Haydn, elle suit en gros le même plan. L'action débute quand Rinaldo est en la puissance de la magicienne. L'intérêt du scénario réside dans le combat qui se livre dans le coeur du chevalier entre son amour et son devoir.

Voici une chronique que j'ai écrite sur ce disque:

http://www.baroquiades.com/articles/recording/1/armida-salieri-rousset-aparte
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MessageSujet: Re: ARMIDA HobXXVIII.12   ARMIDA HobXXVIII.12 Icon_minitimeDim 28 Fév - 17:44

Armida d'Antonio Salieri

Heureux spectateurs du Burgtheater de Vienne qui purent assister le 2 juin 1771 à Armida, dramma per musica d'Antonio Salieri (1750-1825) sur un livret de Marco Coltellini (1724-1777) écrit à partir du poème épique, La Gerusalemme liberata de Torquato Tasso (1544-1595). Ils eurent le bonheur de voir un opéra à grand spectacle comportant des choeurs, des ensembles, des ballets, des machines complexes comme il se doit pour un opéra issu des réformes de Christoph Willibald Gluck (1714-1787) et Ranieri de' Calzabigi (1714-1795) d'une part et Tommaso Traetta (1727-1779) d'autre part. Cette deuxième réforme, entreprise au début des années 1760, bien après la première de 1700, fut inspirée par la tragédie lyrique française. Ces opéras réformés demandaient de très gros moyens dont peu de maisons d'opéra étaient capables.

L'Armida de Salieri débute quand le chevalier Rinaldo est déjà en la puissance de la magicienne. En fait le scénario est centré en partie sur le combat qui se livre chez Rinaldo entre son amour et son honneur de soldat, dilemme cornélien qui trouvera son accomplissement dans l'Armida (1784) de Giuseppe Haydn (1732-1809).

Salieri est déjà tout entier dans cette œuvre composée à 21 ans. Les tournures musicales qu'on aime tant dans La grotta di Trofonio, dans Tarare, dans Axur re d'Ormus, dans Falstaf nous enchantent également ici. La musique de Salieri ne doit rien à personne et certainement pas au jeune Mozart que le natif de Legnago ne connaissait peut-être pas à cette époque d'autant plus que le salzbourgeois était en Italie en 1770. Comme cela sera également le cas plus tard, les airs sont courts, de forme tripartite, ou à deux vitesses, parfois durchcomponiert et diffèrent des airs avec da capo très longs, des opéras serias contemporains de Mozart ou du Bach de Londres. Si les formes closes (airs et duetto) servent à exprimer les affects des protagonistes, les choeurs et les ensembles, toujours expressifs et très dramatiques, représentent la partie magique, surnaturelle de l'oeuvre. Le soin apporté à la partie orchestrale est proprement sidérant dans Armida. L'orchestre est ici plus qu'un protagoniste à part entière. Qu'il s'agisse de la sinfonia, des généreux préludes orchestraux, des récitatifs accompagnés, l'orchestre impose partout sa loi et il suffit de quelques accords pour que le climat d'une scène soit porté à l'incandescence.

Armida triompha en 1771 et ce succès ouvrit à Salieri toutes les portes jusqu'à ce qu'il devînt finalement Kapellmeister de la cour impériale en 1788. Il occupa ensuite les plus hautes fonctions qu'un musicien pût obtenir. Il est temps de reconnaître en lui après deux siècles et demi de purgatoire, un des plus importants compositeurs de son époque. Il ne pouvait trouver meilleur défenseur que Christophe Rousset et les Talens lyriques qui, avec cette Armida, signent une de leurs plus belles réussites.
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