Joseph Haydn: Sinfonie Nr. 6 in G-Dur „Le matin“ Joseph Haydn: Sinfonie Nr. 7 in C-Dur „Le midi“ Joseph Haydn: Sinfonie Nr. 8 in G-Dur „Le soir“ Wolfgang Amadé Mozart Serenade in D-Dur KV 239 „Serenata notturna“
Si c'est confirmé, on aura pour la première fois un programme très homogène. Il est vrai que les géniales symphonies 6, 7 et 8 forment un cycle.
Mais à mon avis, les symphonies 45, 46 et 47 forment aussi un cycle (je m'en expliquerai une autre fois) et elles ont été séparées.
Le couplage avec la serenata notturna K 239 datant de 1775 ne me semble pas heureux. Cette oeuvre charmante est quand même une oeuvre mineure qui ne forme aucun contrepoids aux trois exceptionnelles symphonies de 1761. De plus le décalage stylistique est trop important.
Un extrait des Boréades (1760) de JP Rameau absolument contemporaines m'aurait paru idéal.
Je remonte un peu le temps avec ce volume 7 dont l'audition m'a enchanté avec un programme alléchant: Symphonie n° 67 en fa majeur (1775) Thamos in Egypten K 345 Symphonie n° 65 en fa majeur (1774) Symphonie n° 9 en do majeur (ante 1761)
Un choix merveilleux avec trois ravissantes symphonies et Thamos, une oeuvre peu connue de Mozart
Dès les premières mesures du presto de la symphonie n° 67, j'étais sous le charme. Rythme alerte et énergique avec toute l'élasticité requise. Du fait du petit nombre de cordes, les cors naturels ressortent et on se délecte de leur sonorité puissante, savoureuse teintée d'un peu de rusticité ce qui ne gâche rien. Le magnifique développement montre que dans cette oeuvre aimable Haydn reste toujours un merveilleux architecte des sons. Après un joli adagio bâti sur un thème unique mais où les surprises grandes et petites abondent, notamment une conclusion très discrète et poétique. Le menuet est pris un peu vite ce qui nuit un peu à son charme, le trio est une jolie mélodie confiée au violon solo dans l'extrême aigu sur une basse de musette. Le finale est centré sur la beauté mélodique surtout dans l'intermède central confié à un quatuor à cordes, originalité de cette interprétation. Marc Vignal rapproche cet épisode enchanteur de certaines pages de Cosi fan tutte.
Très peu jouée la symphonie n° 65 et c'est bien dommage car c'est une oeuvre très originale. Ici le petit orchestre d'Antonini fait merveille. Par le nombre d'exécutants il se rapproche de celui que Haydn avait à sa disposition. Ici encore les vents ressortent très clairement notamment les cors naturels. Le chef prend le premier mouvement avec toute la grâce requise notamment avec un premier thème au phrasé très harmonieux. L'andante est le point culminant de l'oeuvre avec ses surprises, ses silences qui le font ressembler à une musique de scène ou même un récitatif d'opéra, ambiance que cet orchestre restitue admirablement. Dans ce mouvement, la fantaisie de Haydn s'exprime sans limites et sans complexes. Le menuetto alla zoppa (menuet boiteux) surprend toujours par ses rythmes syncopés inspirés de musiques balkaniques. Là encore les cors naturels font merveille. Le trio est confié à des cordes soyeuses. Un appel des cors ouvre le final, espèce de chasse d'une énergie absolument déchainée. Les chasseurs ne s'accordent aucun repos et Haydn fait preuve de son humour ravageur dans la description de cette scène évidemment parodique, admirablement rendue par l'orchestre (Kammerorchester de Bâle) de Giovanni Antonini.
La symphonie n° 9 clôt ce programme. Une symphonie en trois mouvements, antérieure à l'entrée de Haydn au service du prince Esterhàzy, oeuvre sans histoires basée sur l'agrément mélodique que le Kammerorchester de Bâle mène tambour battant. Le délicieux andante semble tiré d'un concerto pour flûte et orchestre et c'est un régal pour l'esprit et l'oreille. L'oeuvre se termine avec un menuetto très gracieux mais toujours original grâce à des audaces rythmiques. Le trio où les vents ont la part belle est un vrai laendler.
Merci Kraus. Superbe programme. Belle idée de coupler les deux parisiennes n° 82 et 87, aussi différentes l'une de l'autre qu'on peut l'être. La charmante petite symphonie n° 2, si archaïque est un plus car elle permet de toucher du doigt les racines baroques de Joseph Haydn.
Le volume 7 Gli Impresari est paru le 22 février 2019.
Depuis plus rien. A ce rythme là il est probable que le projet n'aboutira pas en 2032. Pour le réaliser, une parution par trimestre est le minimum.
Je crains même que le projet ne soit arrêté ce qui serait très dommage car il était brillant et très dommageable car cela découragera toute tentative ultérieure. L'écueil majeur est pour moi une vente insuffisante. Les fanatiques de Haydn ne sont pas assez nombreux. C'est un fait. Le CD n'est plus l'unique vecteur musical, d'autres media se développent...
Le volume 7 Gli Impresari est paru le 22 février 2019.
L'écueil majeur est pour moi une vente insuffisante. Les fanatiques de Haydn ne sont pas assez nombreux. C'est un fait. Le CD n'est plus l'unique vecteur musical, d'autres media se développent...
Et pourtant, en mars 2018, tout semblait aller bien (à leur avis)...
"20.03.2018 - Haydn sells! A long journey began in June 2014. The first Haydn2032-CD was recorded at the Teldex Studios in Berlin and released by the label Alpha. Since then, 4 more releases have followed and a sixth is in the making. In total, over 18'000 CDs and LPs were sold between 2014 and 2017. The most sold CD is currently No. 2 «Il Filosofo»."
"20.03.2018 - Haydn sells! A long journey began in June 2014. The first Haydn2032-CD was recorded at the Teldex Studios in Berlin and released by the label Alpha. Since then, 4 more releases have followed and a sixth is in the making. In total, over 18'000 CDs and LPs were sold between 2014 and 2017. The most sold CD is currently No. 2 «Il Filosofo»."
Je ne connais rien aux chiffres de vente des disques de musique classique mais intuitivement, 18 000 me semble être un chiffre plutôt faible pour sept parutions.
Je viens de contacter le site Haydn2032 par email et on m'a répondu que le symphonies du vol. 12 (dont il semble qu'on ne sache pas encore le titre) devraient être les n° 61, 66 et 69 et que les concerts correspondants sont prévus pour avril 2020.
Je viens de contacter le site Haydn2032 par email et on m'a répondu que le symphonies du vol. 12 (dont il semble qu'on ne sache pas encore le titre) devraient être les n° 61, 66 et 69 et que les concerts correspondants sont prévus pour avril 2020.
Superbe programme en effet avec deux symphonies que j'affectionne particulièrement, la n° 61 et la n° 66. Programme très homogène car ces trois symphonies ont été composées entre 1775 et 1779.
Le projet Haydn 2032 a débuté en 2014, il visait à enregistrer toutes les symphonies dans un laps de temps relativement long, limité par la date 2032 (trois centième anniversaire de la naissance de Joseph Haydn). En 2020, après six ans de fonctionnement, huit volumes, soit 24 symphonies, ont été publiés. Ce projet se distingue des intégrales actuellement disponibles (Adam Fischer, Antal Dorati, Dennis Russell Davies). Les symphonies ne paraissent pas dans l'ordre du catalogue Hoboken (Fischer, Dorati) ou dans l'ordre chronologique (Davies). On constate en effet que les trois symphonies présentes dans chaque volume appartiennent à des époques différentes de la vie du compositeur et qu'elles possèdent une parenté thématique. En outre les symphonies de Haydn sont juxtaposées à une œuvre d'un autre compositeur. L'invité est généralement un contemporain: Wolfgang Mozart (1756-1791), Christoph Willibald Gluck (1714-1787), Domenico Cimarosa (1748-1801), Johann Martin Kraus (1756-1792), Wilhelm Friedmann Bach (1710-1784) mais pas toujours. Le projet artistique se veut historiquement informé (orchestre de petite taille, instruments d'époque ou copies d'époque, cors et trompettes naturels). Si cette entreprise va à son terme, elle donnera naissance à la deuxième réalisation complète dans cette optique. Dennis Russell Davies à la tête du Stuttgarter Kammerorchester a publié les 107 symphonies dans un ordre très proche de l'ordre chronologique. Christopher Hogwood avait réussi à enregistrer avec l'Academy of Ancient Music plus des trois quarts des symphonies mais son magnifique projet fut interrompu par la mort. On souhaite ardemment à Giovanni Antonini et Il Giardino Armonico de mener à bien ce projet ambitieux et passionnant.
Dans ce volume 8 figurent trois symphonies de Haydn, la n° 28 en la majeur (1765), la n° 43 en mi bémol majeur dite Mercure (1771) et la n° 63 en do majeur dite La Roxolana (1779). Ici la parenté thématique est évidente car ces trois symphonies sont, soit inspirées de musiques de scène, soit reprennent carrément des mouvements entiers de comédies musicales données à Eisenstadt ou bien Eszterhàza par des troupes théâtrales itinérantes. A ces œuvres symphoniques sont associées les Danses Roumaines SZ 68 de Bela Bartok (1881-1945) et la Sonata Jucunda, œuvre d'un anonyme du 17ème siècle inspirée par la musique populaire de Moravie. Ce couplage est pertinent car les trois symphonies de Haydn possèdent des passages inspirés par le folklore d'Europe Centrale ou la musique populaire en général.
Ce disque est un des plus homogènes parmi ceux déjà publiés. L'esprit de Haydn, son humour parfois ravageur et son humanité planent au dessus des œuvres enregistrées. Au delà de la perfection technique, des attaques impeccables des cordes, des bois et des cors d'Il Giardino Armonico, on a le sentiment que Giovanni Antonini endosse le costume de Haydn, s'approprie sa musique et trouve tout naturellement le tempo giusto et les accents les plus sincères et expressifs. A l'écoute de cette musique, nous sommes transportés chez Nicolas le Magnifique dans le cadre prestigieux du château d'Eszterhàza.
Dernière édition par Piero1809 le Ven 8 Mai - 16:34, édité 1 fois
Benoît
Messages : 267 Points : 230 Date d'inscription : 21/08/2007 Age : 60 Localisation : Basse-Normandie
Sujet: Re: Haydn 2032 Mer 6 Mai - 14:17
Juste un petit rectificatif sur les derniers posts 63=la Roxelane et non pas 69 ( Laudon) 43= Mercure et non pas 42
Benoît
Messages : 267 Points : 230 Date d'inscription : 21/08/2007 Age : 60 Localisation : Basse-Normandie
Sujet: Re: Haydn 2032 Mer 6 Mai - 14:20
Cette nouvelle version renouvelle l' approche de cette symphonie, dont j' appréciais surtout jusqu' à présent la version Marriner.
Pour l'instant on ne sait que le titre du volume, mais on peut supposer lesquelles seront les symphonies en question (31, peut-être 72 et... qui sait?).
Pour l'instant on ne sait que le titre du volume, mais on peut supposer lesquelles seront les symphonies en question (31, peut-être 72 et... qui sait?).
Excellente analyse. Symphonies 31 et 72 en effet et peut-être n° 51 avec son fantastique solo de cor dans l'adagio.
Pour l'instant on ne sait que le titre du volume, mais on peut supposer lesquelles seront les symphonies en question (31, peut-être 72 et... qui sait?).
Excellente analyse. Symphonies 31 et 72 en effet et peut-être n° 51 avec son fantastique solo de cor dans l'adagio.
Pour l'instant on ne sait que le titre du volume, mais on peut supposer lesquelles seront les symphonies en question (31, peut-être 72 et... qui sait?).
Excellente analyse. Symphonies 31 et 72 en effet et peut-être n° 51 avec son fantastique solo de cor dans l'adagio.
Le Feu, symphonie n° 59 en la majeur, est un choix judicieux pour compléter ce programme car son finale contient des sonneries de cors dignes, selon Marc Vignal, de la Water Music de Haendel.